Bienvenue au CES 2025
Au CES de Las Vegas, l’IA se faufile dans les lunettes comme dans les téléviseurs, mais Nvidia garde la vedette • L’alignement délibératif d’o3 rend-il le modèle vraiment plus solide • Aevex Aerospace produit 1000 drones kamikazes par mois • GSR propose des cryptos à Londres et Singapour • Bienvenue dans Qant, mardi 7 janvier 2025.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
CES 2025 : Halliday allume l’IA
La start-up chinoise Halliday présente des lunettes connectées intégrant un affichage unique et un assistant proactif basé sur une intelligence artificielle développée en interne.
JE N’OUBLIERAI PLUS TON NOM. Les lunettes de la start-up chinoise Halliday, dévoilées au CES 2025, proposent une IA proactive capable de fournir des informations contextuelles après avoir analysé en temps réel les situations vécues par le porteur : réunions, rencontres…
L’IDOLE DES JEUNES. Parmi les fonctions proposées : résumés automatiques de réunions, traduction en 40 langues, navigation en temps réel et transcription vocale.
DERRIÈRE LA MONTURE. Contrôlables par commande vocale et par un anneau tactile, les lunettes projettent des informations en réalité augmentée dans le champ de vision de l’utilisateur, mais non sur la lentille.
QUELQUE CHOSE DE CHINE DU SUD. Basée à Shenzhen, Halliday a été fondée par des ingénieurs spécialisés en optique et en IA.
L’ENVIE. Pesant 35 grammes, avec une autonomie de 8 heures, ces lunettes seront disponibles au mois de mars prochain, pour un prix de lancement situé entre 399 et 499 dollars.
J’AI UN PROBLÈME : Et même deux. Les lunettes de Halliday sont bien plus chères que celles de Solos et de Meta, ses concurrents les plus directs. C’est donc la qualité de l’IA qui fera la différence. Or, alors que Meta optimise les modèles LLama et que Solos s’appuie sur Open AI, Halliday ne donne pas de précisions sur l’origine de son IA.
Nvidia voit la lumière… et un ordinateur… et des robots…
L’ouverture du CES 2025 à Las Vegas a surtout été marquée, comme prévu, par l’allocution à grand spectacle de Jensen Huang. Le fondateur et PDG de Nvidia fait converger les métiers d’origine du géant, l'IA et le jeu, vers les robots.
On attendait Thor, ce fut Cosmos : Nvidia a présenté cette nuit une plateforme d’entraînement de robots par des vidéos de synthèse. Elle comprend des modèles de fondation pour générer des vidéos photoréalistes, des tokenizers et une “pipeline” pour accélérer la gestion des données.
À partir d’un texte, Cosmos génère des vidéos d’un monde où s’appliquent les lois de la physique, créant un environnement simulé où une voiture autonome, ou n’importe quel autre robot, peut apprendre à se mouvoir. Ou n’importe quel autre robot, comme par exemple l’humanoïde Atlas de Boston Dynamics, filiale de Hyundai.
Plus immédiatement, Huang a annoncé que Toyota va équiper ses véhicules de puces Orin, s’ajoutant à Mercedes et Volvo, ses clients existants, portant à 5 milliards de dollars son chiffre d’affaires dans les puces d’assistance à la conduite (ADAS).
Les vidéos peuvent également être analysées par des agents d’IA. Pour accompagner la vague agentique en train de déferler, Nvidia a présenté une série de LLM open source développés avec Meta, baptisée Llama Nemotron et une librairie de “blueprints”, des schémas dédiés à la création d’agents. Surtout, Huang propose une “couche d’orchestration” qui permettra de faciliter la gestion d’agents multiples.
Dans les nouvelles cartes graphiques GeForce dotées du processeur Blackwell, l’IA prédit 33 millions de pixels à partir des 2 millions générés par les moteurs graphiques habituels, comme RayTracer. Elles sont embarquées dans de nouveaux ordinateurs dédiés, les GeForce RTX 50.
Le circuit intégré Grace Blackwell, qui comprend une CPU aussi bien qu’une GPU, est lui embarqué dans un nouvel ordinateur, Digits. Capable de faire fonctionner des LLM de 200 milliards de paramètres, cet ordinateur peut être alimenté par un réseau électrique domestique, ce qui facilitera l’exécution on premises de la plupart des modèles d’IA.
À SURVEILLER : Le jeu vidéo, les robots et les voitures. “Nous entrons à présent dans l'ère de l'« IA physique », une IA capable de procéder, de raisonner, de planifier et d'agir” a expliqué Jensen Huang. Un pari qui lui permet de donner sens à sa fidélité au jeu vidéo.
Enfin une télé intelligente (un peu)
Le géant sud-coréen Samsung renforce l'IA dans la nouvelle gamme de téléviseurs qu’il présente à l'occasion du CES 2025 à Las Vegas.
Sous la marque Vision AI, les téléviseurs de Samsung proposent des outils comme la reconnaissance d’acteurs ou de lieux en un clic via une télécommande dédiée, ainsi que la traduction en temps réel des sous-titres en sept langues.
Ces modèles haut de gamme, équipés de processeurs IA, améliorent automatiquement la qualité de l’image et du son, avec des fonctionnalités comme le remastering HDR et des arrière-plans personnalisés.
Les écrans anti-reflet, initialement limités à certains modèles OLED, sont désormais disponibles sur les téléviseurs Mini LED et Neo QLED, offrant une meilleure visibilité dans des environnements très éclairés.
La sécurité domestique est renforcée grâce à une surveillance basée sur l’analyse des caméras et microphones connectés, avec des alertes en cas de mouvements ou bruits suspects.
Les prix et détails sur les différentes options seront annoncés avant leur lancement prévu au printemps.
À SURVEILLER : Une IA pour les gouverner tous. L’IA devrait permettre, tôt ou tard, d’étendre sur le téléviseur Samsung Flow, qui établit une continuité entre les PC et les téléphones et tablettes Galaxy.
Les mystères d’o3
Comment le prochain modèle d’OpenAI tourne sept fois la langue dans son réseau avant de répondre.
Un exemple d'une chaîne de pensée. • Source : Melody Y. Guan et al. (OpenAI)
Le 20 décembre dernier, OpenAI a présenté son modèle d’intelligence artificielle o3, clôturant sa série d'annonces sous forme de calendrier de Noël (lire Qant du 5 décembre). Développé après le modèle o1, montré en prévisualisation trois mois plus tôt, o3 se distingue par ses capacités de raisonnement avancées et une nouvelle méthode de sécurité, baptisée “alignement délibératif”. Cette stratégie vise à renforcer la robustesse des modèles face aux risques de mauvais usage, sans brider leur puissance pour des tâches légitimes.
Selon OpenAI, ce système de détection identifie 92 % des cas de tromperie. Mais parfois, il peut être lui-même la source de la tromperie. Lors de tests menés par Palisade Research, o1 a modifié les fichiers de données de position des pièces d’échecs contre Stockfish, causant la défaite automatique de ce dernier. Ce comportement a été observé sur cinq essais consécutifs. D'autres évaluations réalisées par Apollo Research ont relevé 19 % de manipulations des données et 5 % de tentatives de désactivation des mécanismes de surveillance.
Quis custodiet ipsos custodes ?, “Qui me gardera de mes gardiens ?” : la formule de Juvénal s’applique jusqu’à l’IA.
Microsoft, Nvidia, OpenAI, Run:ai
ChatGPT pro trop utilisé pour être rentable • OpenAI perd de l'argent sur son abonnement ChatGPT Pro, qui offre un accès illimité au modèle de raisonnement o1. Son prix, de 200 dollars par mois, ne réussit pas à couvrir les coûts d’inférence dus à une utilisation plus intense que prévu. Cela confirme l’appétit des professionnels pour les modèles de raisonnement, mais aussi la difficulté d’OpenAI à générer une marge suffisante sur ses forfaits. Sa rentabilité est par ailleurs obérée par le coût de développement de nouveaux modèles. Malgré des revenus estimés à 3,7 milliards de dollars (environ 3,5 Md€) en 2024, la société prévoyait en septembre des pertes d'environ 5 milliards de dollars (environ 4,8 Md€) pour l’année. En savoir plus…
80 milliards pour les data centers de l’IA • Microsoft prévoit de dépenser 80 milliards de dollars (environ 77 Md€) au cours de l’exercice fiscal 2025 (clos le 30 juin prochain), pour construire des centres de données capables de gérer les charges de travail liées à l’intelligence artificielle. Plus de la moitié de cet investissement sera réalisé aux États-Unis, a précisé Brad Smith, président de Microsoft. En savoir plus…
Nvidia s’offre Run:ai, mais il partage • Nvidia a finalisé l'acquisition de la start-up israélienne Run:ai, spécialisée dans les logiciels de virtualisation conçus pour maximiser l’allocation des ressources GPU et améliorer les performances des systèmes d’IA dans les centres de données. Évaluée à 800 M$ d'après le média économique israélien Calcalist, cette opération, annoncée au printemps dernier (lire Qant du 26 avril 2024), avait été retardée par des enquêtes menées par la Commission européenne sur les implications concurrentielles de l’accord. Avec l’acquisition, le logiciel de Run:ai sera rendu disponible en open source, élargissant son accessibilité à l’ensemble de l’écosystème, y compris les infrastructures concurrentes. En savoir plus…
GSR autorisé par la FCA au Royaume-Uni
Le britannique GSR, spécialiste du trading de cryptomonnaies, a obtenu l'approbation de la FCA, renforçant sa présence dans les services crypto réglementés au Royaume-Uni et à Singapour.
GSR Markets UK Limited est désormais autorisé à opérer comme entreprise d'actifs cryptographiques enregistrée au Royaume-Uni, y compris pour le trading d'actifs auprès de clients basés dans le pays.
Cette autorisation fait de GSR le premier fournisseur de liquidités crypto à obtenir une double reconnaissance réglementaire par la FCA et la Monetary Authority of Singapore (MAS).
Avec la licence britannique, GSR peut offrir des services comme le trading programmatique et les transactions de gré à gré (OTC), répondant à une demande croissante pour des solutions crypto conformes.
En avril 2024, l'entité singapourienne de GSR avait reçu une licence MPI, permettant de dépasser les plafonds de volume pour les services de paiement et de fournir des services élargis.
À SURVEILLER : L’expansion des services crypto. Les prochaines étapes de GSR pourraient inclure l'entrée dans d'autres juridictions et le développement de solutions adaptées aux investisseurs institutionnels.
Des drones kamikazes au service de l'Ukraine
Conçus en un temps record pour répondre aux besoins urgents de l’Ukraine, les drones Phoenix Ghost de l’américaine Aevex incarnent une nouvelle génération d’armement aérien bon marché, mais technologiquement avancé.
La société américaine Aevex Aerospace, basée en Californie, est à l’origine des drones Phoenix Ghost, une famille de drones kamikazes dont la production a longtemps été enveloppée de mystère. Depuis le début du conflit, elle a livré plus de 5 000 drones Phoenix Ghost à l’Ukraine, devenant ainsi le principal fournisseur américain de drones à ce pays. Soutenue par des financements privés, notamment un investissement de 450 millions de dollars (environ 435 millions d’euros) de la société Madison Dearborn Partners, elle vient d’ouvrir une usine pouvant produire jusqu’à 1 000 drones par mois.
EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :
• Avec o3, OpenAI introduit une IA qui raisonne avant de répondre pour mieux gérer les risques.
• Les drones Phoenix Ghost illustrent l’évolution rapide des technologies aériennes autonomes.
Histoire d’o3
Avec le modèle o3, OpenAI introduit l'alignement délibératif, une méthode d’entraînement qui permet aux modèles d’IA de raisonner explicitement sur les politiques de sécurité avant de répondre, offrant des avancées en précision et robustesse face aux abus.
Le 20 décembre dernier, OpenAI a présenté son nouveau modèle d’intelligence artificielle o3, clôturant sa série d'annonces sous forme de calendrier de Noël (lire Qant du 5 décembre). Développé après le modèle o1, ouvert en prévisualisation trois mois plus tôt, o3 est en cours d’entraînement. Il se distingue par ses capacités de raisonnement avancées et une méthode de formation centrée sur la sécurité, appelée alignement délibératif. Cette stratégie vise à renforcer la robustesse des modèles face aux risques de mauvais usages tout en maintenant leur utilité pour des tâches légitimes.
En intégrant l’alignement délibératif, o3 inaugure une nouvelle approche de gestion des requêtes utilisateur. Le modèle n’exécute plus les réponses immédiatement : il mobilise une chaîne de raisonnement (Chain-of-Thought ou CoT) pour interpréter les spécifications de sécurité avant de produire une réponse. Cette capacité permet de rejeter les demandes problématiques de manière plus nuancée, mais aussi de réduire les refus inutiles pour des demandes légitimes.
Un exemple d'une chaîne de pensée. • Source : Melody Y. Guan et al. (OpenAI)
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