« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Elon partout
Alors que Bloomberg corrobore les discussions sur le possible rachat de Tik Tok par Elon Musk, la Commission européenne entend élargir son enquête sur les pratiques de X en matière de désinformation, son manque de transparence et son “design déceptif”.
L’agence Bloomberg a confirmé, cette nuit, les rumeurs qui donnent Elon Musk acquéreur de TikTok si, comme prévu, la Cour suprême entérine (peut-être dès demain) la légalité de la loi exigeant que la singapourienne ByteDance se sépare du réseau social à partir du 19 janvier.
L’éventuelle cession fait partie, d’après l’agence, de discussions à haut niveau à Pékin sur la bonne manière d’apaiser, ou tout au moins contenir, le futur président Trump. Musk, qui a de forts intérêts en Chine continentale via son constructeur automobile Tesla, pourrait en être la cheville ouvrière.
L’acquisition de TikTok consacrerait la main-mise trumpienne sur les réseaux sociaux et l’espace public américain, après que Mark Zuckerberg soit publiquement allé à Canossa (et chez Joe Rogan).
Pour sa part, l’AFP a confirmé, hier, l’activité convergente des réseaux de désinformation russes sur Bluesky, en identifiant la reprise d’actions de la campagne Matriochka.
La commissaire européenne Henna Virkkunen envisage d’élargir l’enquête contre Musk
Face à cette déferlante, l’Europe tente de secouer sa sidération. La commissaire Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive de la Commission, a évoqué hier devant Bloomberg la possibilité d’élargir l’enquête contre X, que l’on soupçonne de manipulation électorale en faveur de candidats d’extrême droite.
La plateforme d’Elon Musk est sous enquête depuis décembre 2023 pour manquements aux règles du Digital Services Act (DSA), notamment en matière de modération, de désinformation et de transparence.
Après avoir lourdement favorisé la victoire de Donald Trump, X et Elon Musk sont notamment entrés en campagne en faveur de l’AFD allemande et du Reform Party en Grande-Bretagne, mais le biais de l’algorithme en faveur de l’extrême-droite française est également sensible.
EN FILIGRANE : Depuis les élections en Slovaquie puis en Roumanie (Qant du 9 décembre 2024), les indices de manipulations électorales prorusses se multiplient en Europe, en faveur de l’extrême-droite.
À SURVEILLER : X risque une amende allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires mondial. Mais il n’est pas certain que l’Union Européenne ait la force de l’imposer, ni que la règle soit à la hauteur de l’enjeu. Les échanges entre Musk et le commissaire Thierry Breton, cet été, semblent surtout avoir accéléré le départ de ce dernier.
Londres se dote d’un plan d’action souverain pour l’IA
Un mois avant l’AI Action Summit, la Grande-Bretagne fait un pied de nez à la France et lance un AI Opportunities Action Plan, avec pour but de consolider sa position de troisième puissance mondiale de l’IA.
Le gouvernement britannique vient de lancer un plan d’action pour l’IA, présenté hier par le Premier ministre Keir Starmer.
Londres entend notamment de soutenir des champions nationaux pour les frontier models, rivalisant avec les quatre leaders américains (OpenAI, Google, Anthropic et dans une moindre mesure xAI)
Elle prévoit aussi d’augmenter de 20 fois la capacité de calcul souveraine dans le pays d’ici 2030, créant un supercalculateur ad hoc.
En outre, des zones de croissance pour l’IA seront créées avec des règles d’urbanisme assouplies pour accélérer la construction de centres de données, le premier étant prévu à Culham, dans l’Oxfordshire.
Un AI Energy Council, composé de leaders du secteur énergétique et de l’intelligence artificielle, sera formé pour explorer l’utilisation de sources d’énergie renouvelables et à faible émission de carbone, comme le nucléaire, pour alimenter les infrastructures.
Des mesures éducatives visent à augmenter le nombre de diplômés en technologies, afin de soutenir le développement de compétences nécessaires à l’intelligence artificielle, et à favoriser l’adoption de l’IA dans le pays.
Matt Clifford au Tony Blair Institute l’an dernier • Source : TBI
L’AI Opportunities Action Plan, qui a été entièrement adopté, comprend au total 50 recommandations pour maximiser le potentiel de l’intelligence artificielle au Royaume-Uni.
Le rapport a été rédigé par l’ancien entrepreneur Matt Clifford, qui a pris la tête de l’Aria, une agence nationale de la recherche inspirée de la Darpa américaine, après avoir participé au lancement de l’AI Safety Institute lors du premier sommet de l’IA en novembre 2023 (lire Qant du 6 novembre 2023).
EN FILIGRANE : Alors qu’en Europe continentale on débat encore de l’opportunité de construire de nouveaux centres de données, à cause de leur empreinte environnementale, le gouvernement travailliste de Sa Majesté a choisi la voie de la souveraineté de l’IA. Le fort soutien d’Elon Musk à l’extrême-droite britannique y est peut-être pour quelque chose.
À SURVEILLER : Le sommet de l’IA. Soumis aux mêmes pressions que la Grande-Bretagne, les gouvernements de l’Union Européenne ont une chance en or de s’inspirer du plan britannique et lancer une IA européenne souveraine : le sommet pour l’action sur l’IA, les 10 et 11 février prochains.
Le cybersabotage à l’ère de l’AGI
Les agents d’IA et les progrès des modèles aggravent les risques de cyberattaques et posent une menace géopolitique.
La cybersécurité fait face à l’AGI • Qant, M. de R. avec Midjourney
Dans son rapport sur les principaux risques de 2025, l’Eurasia Group, un think tank axé sur les risques géopolitiques, cite l’IA au même titre que l’Iran, la Russie et Donald Trump. Il note en effet que les modèles d'IA les plus récents se rapprochent des performances humaines dans plusieurs domaines, ce qui augmente l'urgence de prendre en compte les risques associés.
Ces dangers comprennent notamment la possibilité d'accidents catastrophiques ou d'une perte de contrôle des systèmes d'IA, ainsi que des problèmes de biais et de discrimination dans les décisions algorithmiques. La complexité grandissante des modèles d'IA crée également un défi de transparence, tandis que leur contrôle et leur alignement avec les objectifs humains deviennent de plus en plus difficiles à garantir. Ces préoccupations sont amplifiées par les risques d'utilisation malveillante de l'IA, comme la création de deepfakes ou les cyberattaques.
Pour ces dernières, Goldilock, une entreprise britannique spécialisée dans la cybersécurité des infrastructures critiques et soutenue par l’Otan, prévoit que les malwares "agentiques" deviendront une réalité d’ici deux ans. Ces logiciels malveillants, capables d’apprendre et de s’adapter de manière autonome, pourront non seulement éviter la détection, mais également cibler automatiquement de nouveaux systèmes en exploitant leurs vulnérabilités.
Les rapports de Goldilock et de l’Eurasia Group convergent sur un point : le monde dispose d’environ deux ans pour développer des solutions efficaces contre les malwares alimentés par l’IA. Les infrastructures critiques doivent adopter des mesures de cybersécurité avancées, comme la segmentation des réseaux et l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour la détection des menaces. Cependant, ces efforts nécessitent une coopération internationale et des investissements significatifs pour être pleinement efficaces.
Or, Donald Trump.
Berkeley, Google, Wayfair
Berkeley présente un modèle open source qui raisonne comme o1 • L’équipe NovaSky, rattachée au Sky Computing Lab de l’université de Californie à Berkeley, vient de publier Sky-T1-32B-Preview, un modèle d’IA de raisonnement entièrement open source. Il s’agit d’un fine-tuning de Qwen2.5-32B-Instruct et il s’avère meilleur que o1 Preview d’OpenAI sur certains tests comme Math500 et LiveCodeBench-Hard. Les chercheurs annoncent que le fine-tuning leur a coûté moins de 450 dollars. En savoir plus…
L’IA de Google au service du retail • Toujours à la recherche de cas d’usage probants, Google Cloud Services vient de présenter celui du site spécialisé dans l’ameublement et la décoration intérieure Wayfair, doté d’un catalogue de 30 millions de produits. Gemini a permis de réduire de 67 % le temps de gestion des fiches produits, d’automatiser le marquage des attributs comme la couleur et le style, de détecter les erreurs dans les dimensions et les matériaux et d’améliorer les taux de conversion de 2%. En savoir plus…
Tether sous le soleil du Salvador
Tether a annoncé son intention de transférer son siège social et ses filiales au Salvador. Cette décision intervient après l’obtention d’une licence de prestataire de services d’actifs numériques (DASP).
Après avoir obtenu une licence de prestataire de services d’actifs numériques (DASP) au Salvador, Tether a décidé d’y transférer son siège social depuis les Îles Vierges britanniques.
Sa société-sœur basée à Hong Kong, Bitfinex, y a déjà implanté son activité de produits dérivés, gérés précédemment depuis les Seychelles.
Le Salvador a adopté le bitcoin comme monnaie légale en 2021 et détient actuellement 5 750 bitcoins, d’une valeur estimée à environ 530 millions de dollars.
À SURVEILLER : D’un paradis fiscal à un paradis crypto. La relocalisation de Tether au Salvador renforcera la confiance des cryptos “grises” dans la pérennité des politiques pro-crypto de Nayib Bukele, le président populiste de 42 ans réélu l’an dernier avec 83% des voix.
Le robot qui fait des galipettes
La vague des robots humanoïdes chinois continue. LimX Dynamics vient de présenter un robot humanoïde complet, capable d’exécuter des mouvements complexes et dynamiques.
La société LimX Dynamics, basée à Shenzhen, vient de publier une vidéo démontrant les capacités de son dernier robot humanoïde, encore dépourvu de nom. Celui-ci peut effectuer des squats parallèles, des rotations à 360° de ses jambes, et passer de la position allongée à debout en utilisant des mouvements inhabituels qui tirent parti de ses articulations mécaniques. Ces démonstrations mettent en avant l’équilibre et la fluidité des mouvements permis par des avancées techniques, notamment un design d’actionneurs creux et des actionneurs à haute densité de couple.
Après Unitree Robotics, qui s’est installé dans la cour des grands aux côtés de Figure AI, Boston Dynamics et Agility Robotics, le robot de LimX fait figure de future relève chinoise. Si besoin en était.
EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :
• La proximité de l’intelligence artificielle générale (AGI), ou du moins les progrès des LLM, aggravent les menaces issues de l’IA.
• LimX Dynamics illustre les capacités avancées de son robot humanoïde.
Les noirs vols de l’AGI épars dans le futur
...