Parler à l'IA dans ses lunettes pour combattre le dragon dans le salon

Pendant que l'IA permet à Meta de balayer le métavers sous le tapis, ChatGPT se connecte enfin à Internet et CB Insights estime les investissements dans l'IA n'en sont qu'au décollage: après les infrastructures, viendront les applications. Bienvenue dans Qant, jeudi 28 septembre.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Du métavers au mixavers, avec l’IA et Microsoft

Alors que le métavers se trouve pour l’essentiel confiné aux jeux, Meta tente de mêler réalité mixte et intelligence artificielle, pour créer “de nouvelles manières de s’exprimer”.

"Le futur de la réalité augmentée" (Midjourney, Maurice de Rambuteau)"Le futur de la réalité augmentée" (Midjourney, Maurice de Rambuteau)

Meta AI, un nouveau modèle fondé sur Llama 2, mais propriétaire et non open source, aiguillera ses 3 milliards d’utilisateurs à travers la galaxie de produits du groupe : WhatsApp, Messenger, Instagram, Threads et même Horizon Worlds, quoique le métavers soit resté bien en arrière de la main lors de l'évènement Meta Connect, hier soir.

Côté intelligence artificielle, Meta introduit une gamme de nouvelles fonctionnalités pour ses applications et appareils. Un nouveau modèle de génération d’images, baptisé Emu, permettra la création instantanée de stickers personnalisés, de plus en plus utilisés dans les échanges sur les plates-formes de Meta. Des outils d'édition d'images baptisés "Restyle" et "Backdrop" arriveront bientôt sur Instagram, pour éditer des images via l'IA.

En outre, des IA thématiques seront déployées, où l’avatar d’une icône de la culture populaire américaine joue un rôle spécialisé : entraîneur sportif, conseiller culinaire, animateur d’un jeu de rôles… Le rappeur Snoop Dogg et la joueuse de tennis Naomi Osaka, parmi bien d’autres, ont cédé leurs droits à Meta pour ces chatbots avancés. Un studio d’IA permettra aux utilisateurs de construire leurs propres services d’IA, promet-on.

Les avatars vidéos couplés à un chatbot avaient défrayé la chronique en promettant de pouvoir parler aux morts (lire Qant du 10 janvier). Ils trouvent ici une application bien plus pratique, que devra émuler par exemple Whoop, qui crée un coach sportif basé sur ChatGPT (lire ci-dessous). Et ils jettent un premier pont entre l’IA et le métavers.

Parler à ses lunettes

Meta AI sera également accessible sur la deuxième génération des lunettes intelligentes Ray-Ban Meta. Ses futures capacités multimodales lui permettront de commenter l’image que l’utilisateur voit dans ses verres, transformant les lunettes en guide multilingue, avec un accès à Internet en temps réel. Déjà, les lunettes permettent de passer des appels vocaux et, comme les anciennes Google Glass, de filmer ce que voit l’utilisateur. 30 gigaoctets permettent de stocker dans les lunettes jusqu’à 100 vidéos et de les transmettre directement en livestream, au moins sur les réseaux sociaux de Meta : TikTok n’a pas été mentionné. Malgré ces performances, les lunettes se plient aux contraintes de style de Ray-Ban et Meta annonce qu’elles bénéficient de 36h d’autonomie.

Pour les recherches sur Internet, Meta AI s’appuiera sur Bing de Microsoft. Au mois de juillet, en présentant Llama 2, l’élargissement d’un “partenariat de longue date” avait été annoncé, étendu également au métavers, “afin d'offrir des expériences immersives pour l'avenir du travail et du jeu”. Ainsi, la suite Microsoft 365 et les jeux cloud de Microsoft Xbox seront tous disponibles sur le nouveau casque Meta Quest 3, doté d’une bien meilleure résolution que son prédécesseur et de commandes sans capteurs manuels, comme le Hololens de Microsoft.

Le dragon dans le salon

La réalité mixte avait été introduite dans le Quest 2 l’an dernier ; elle devient le cheval de bataille du Quest 3. Ses caméras permettent au contenu d'exister dans le même monde que l’utilisateur, grâce à deux capteurs de couleur dédiés et un capteur de profondeur. Le casque représente ainsi les meubles dans la pièce et y intègre le contenu virtuel. Pour les jeux du Xbox Cloud Streaming et la suite bureautique, le casque projette un grand écran virtuel dans l’environnement de l’utilisateur.

Des jeux optimisés pourront en revanche introduire leurs personnages dans la pièce. Les capacités de calcul autonome du Meta Quest 3 (alimentées par une puce Snapdragon XR2 Gen 2 de Qulacomm) permettront à davantage de jeux de fonctionner dans le casque, sans connexion à un PC. Personne ne s’étonnera d’apprendre qu’Assassin’s Creed d’Ubi Soft suscite plus d’attentes en la matière que Horizon Worlds de Meta.

Néanmoins, Apple aura fort à faire pour justifier le prix de son casque Vision Pro, sept fois plus cher que le Quest 3 (lire Qant du 6 juin). Et la réalité mixte augmentée par l’IA permet à Mark Zuckerberg de faire passer la ruée vers le métavers pour une vision prémonitoire, en avance sur son temps.

Pour en savoir plus :

L’ESSENTIEL : Creal, CIA, FedEx, Google, Mistral, OpenAI, SAP, Whoop

ROBOTS

Robot comme un camion

FedEx s’associe avec la startup Dexterity AI dans le but d’utiliser des robots autonomes pour charger des colis dans ses camions.

Dexterity AI vient d'annoncer un partenariat avec FedEx pour utiliser une technologie robotique alimentée par l'IA pour charger des boîtes dans les camions et remorques. Le robot mobile propriétaire de Dexterity, nommé DexR, navigue de manière autonome jusqu'à l'arrière des remorques et utilise ses deux bras robotiques pour charger des boîtes depuis un système de convoyeur motorisé dans le camion. Le chargement des camions est une tâche complexe et laborieuse, d'autant plus que les colis de FedEx varient en taille, forme, poids et matériel d'emballage.La technologie de Dexterity utilise une intelligence avancée, y compris la représentation des murs, le toucher, l'apprentissage automatique et la planification du mouvement.

Voir plus : The Robot Report

IA

  • ChatGPT enfin connecté à Internet : OpenAI vient d’annoncer que ChatGPT peut désormais rechercher des informations en temps réel sur le web, fournissant des réponses issues de sources qu'il cite dans ses réponses. Cette fonctionnalité, nommée "Browse with Bing", est actuellement disponible uniquement pour les abonnés Plus et Enterprise, mais sera bientôt accessible à tous les utilisateurs. Elle était déjà accessible via BingChat, mais seulement sur le navigateur Edge de Microsoft.
    Pour en savoir plus: Reuters

  • Un premier modèle pour Mistral : La start-up française Mistral AI a lancé son premier modèle de langage, disponible gratuitement et sans restrictions. Bien que le modèle Mistral 7B soit disponible en téléchargement libre et sous une licence très permissive, l'entreprise semble avoir un modèle économique basé sur des offres payantes, avec des solutions destinées aux entreprises qui souhaitent approfondir l'utilisation du modèle.
    Pour en savoir plus: Tech Crunch

  • La CIA veut son propre LLM : Selon les informations de Bloomberg, la division Open-Source Enterprise de la CIA développe son propre modèle de langage. Cet outil permettrait aux agences de renseignement américaines, dont la CIA, le FBI et la NSA, de voir la source originale des informations et d'interagir avec le système pour obtenir des réponses sourcées. Sans oublier de prendre le dessus sur la Chine…
    Pour en savoir plus: The Register

  • Nouvelle fausse note de Bard : Bard, le chatbot de Google, a été surpris en train d'indexer dans ses résultats de recherche les liens de conversations partagées par les utilisateurs, exposant potentiellement des informations que ceux-ci souhaitaient garder privées. DeepMind a précisé que seules les conversations dont le lien avait été partagé étaient indexées, mais la plupart des utilisateurs ne savent probablement pas que leur conversation partagée pourrait être publiquement indexée.
    Pour en savoir plus: Venture Beat

  • Joule, l’IA pour donner de l’énergie aux ERP : SAP, le géant allemand des logiciels, vient d'annoncer le lancement d'un nouvel assistant AI pour ses clients d'entreprise appelé "Joule". Intégré à l'ensemble de la suite cloud d'entreprise de SAP, Joule offre des fonctionnalités allant de la réponse à des questions dans plusieurs langues à la suggestion de solutions basées sur les données des différents services de SAP et des sources tierces.
    Pour en savoir plus: Venture Beat

  • ChatGPT pour accompagner votre jogging : La start-up américaine Whoop, qui propose des accessoires fitness connectés, vient d'introduire une fonctionnalité basée sur l'IA générative appelée Whoop Coach. Ce dernière, alimentée par ChatGPT, fournit des recommandations et des informations sur les données plus personnalisées à ses utilisateurs. Whoop Coach fonctionne comme un chatbot axé sur la santé et le fitness, utilisant les données de l'utilisateur pour créer des plans d'entraînement personnalisés, répondre à des questions générales sur la santé et même gérer les demandes de support client.
    Pour en savoir plus: The Verge

BLOCKCHAINS

  • Les stablecoins à l’aune des fonds monétaires : Les banques fédérales de réserve de Boston et de New York viennent de publier une étude comparant les stablecoins aux fonds monétaires. Leurs fonctions sont similaires – fournir aux investisseurs des actifs stables proches de l'argent liquide – et ils sont tous deux aux mêmes ruées que les banques en cas de doute sur leur stabilité. Les chercheurs examinent en particulier l’effondrement de Terra en 2022 et les difficultés de Circle après la faillite de la Silicon Valley Bank (lire Qant du 14 mars). Le rapport conclut que les stablecoins pourraient introduire de l'instabilité dans le système financier global, s'ils continuent de croître et de s'interconnecter avec les marchés financiers. Il ne pousse pas jusqu’à suggérer qu’ils devraient être soumis à la même réglementation que les fonds monétaires. D’autres s’en chargeront.
    Pour en savoir plus: Coin Telegraph

  • Les tribulations du bitcoin en Chine : Le tribunal intermédiaire du peuple de Shanghai vient de publier un rapport déclarant que le Bitcoin se distingue comme un actif virtuel unique et non reproductible, notamment en raison de sa rareté. Ce jugement contraste avec l'interdiction générale des cryptomonnaies imposée par le gouvernement chinois en 2021, bien que d'autres tribunaux en Chine aient déjà soutenu la valeur d’actif du bitcoin.
    Pour en savoir plus: Forbes

AR-VR-XR

  • La réalité augmentée dans la lumière : La start-up suisse Creal a annoncé la disponibilité commerciale de sa technologie de réalité augmentée basée sur le champ lumineux pour début 2024. Contrairement aux affichages 3D actuels, cette technologie recrée les rayons lumineux comme dans le monde réel, offrant une image plus réaliste et réduisant les problèmes visuels couramment associés aux casques de réalité augmentée et virtuelle.
    Pour en savoir plus: Venture Beat

QUANTUM

  • Deux nouvelles annonces pour IonQ : La société de calcul quantique IonQ a présenté deux systèmes montés en rack, Forte Enterprise et Tempo, destinés à être intégrés dans les infrastructures des centres de données existants, rendant la technologie quantique plus accessible. IonQ a également mentionné la supériorité du système Tempo en termes de puissance de calcul par rapport aux ordinateurs classiques et a indiqué avoir signé des contrats avec QuantumBasel pour la mise en place d'un centre de données quantiques en Europe.
    Pour en savoir plus: Inside HPC

EXPERT : CB Insights

Investissements dans l’IA : le meilleur est encore à venir

Le cabinet CB Insights vient de partager son rapport mi- annuel sur les investissements dans l’intelligence artificielle, en se concentrant sur l’IA générative.

La croissance des principales start-ups développant des LLM (Crédit : CB Insights)La croissance des principales start-ups développant des LLM (Crédit : CB Insights)

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés