JP Morgan change sa politique sur les cryptoactifs • Amazon accélère sur l’IA embarquée dans ses entrepôts • OpenAI et Anthropic s’empêtrent dans de nouveaux procès • Samsung propose l’essayage par selfie • Quelles complémentarités entre IA générative et capacités humaines dans les décisions de santé? • Bienvenue dans Qant, vendredi 6 juin 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
27 milliards en vaisselle cassée • La dispute devenue très publique entre Elon Musk et Donald Trump a déjà réduit le patrimoine de l’entrepreneur de 27 milliards de dollars. Latente depuis mars, elle a explosé cette nuit sur les réseaux sociaux : en cause, la nomination bloquée du poulain de Musk à la tête de la Nasa, Jared Isaacman, et la suppression des avantages fiscaux pour les véhicules électriques, comme Tesla. Les “tech bros”, comme JD Vance, font pour l’instant bloc derrière Trump. Mais deux raisons plus profondes semblent destinées à éloigner les entrepreneurs du mouvement Maga : le protectionnisme et la loi de finances, en discussion sous le nom trumpien de “Big Beautiful Bill”, qui s’opposent toutes deux aux intérêts de la tech et de l’économie américaine. En savoir plus…
Vol au-dessus d’une loi de finances • La massive loi-cadre budgétaire (“Big Beautiful Bill” ou BBB) en discussion au sénat américain cache, dans ses mille pages, des dispositions encore plus menaçantes que l’aggravation des déficits. Une taxe de 3,5 % devrait ainsi être prélevée sur les remises à l’étranger des non-citoyens américains. Elle introduirait, de facto, une première forme de contrôle des capitaux face à l’affaiblissement du dollar provoqué par les politiques de Trump. Cela pèserait lourdement sur les entreprises étrangères implantées aux États-Unis et inviterait certainement des représailles. On connaît déjà, par ailleurs, l’interdiction faite aux États américains de réglementer l’IA (lire Qant du 23 mai) et la “taxe impériale”, qui prévoit de donner au secrétaire du Trésor le pouvoir d’imposer les investisseurs étrangers aux États-Unis, de 5 % à 20 %, selon “l’équité” de leur système fiscal. En savoir plus…
JPMorgan va permettre à ses clients d’utiliser des parts d’ETF crypto comme collatéral pour des financements, à commencer par l’iShares Bitcoin Trust de BlackRock, selon Bloomberg. D’autres ETF crypto devraient être ajoutés progressivement.
La banque intégrera également les cryptoactifs dans l’évaluation du patrimoine net de ses clients, en les traitant de manière équivalente aux actions, véhicules ou œuvres d’art.
Ce changement s’appliquera à tous les clients de la banque dans le monde. Jusqu’à présent, ces pratiques étaient limitées à des cas exceptionnels.
ILS ONT DIT : “Les cryptos sont comme le tabac. Je ne vous conseille pas de fumer, mais je ne suis pas là pour vous en empêcher” : la phrase par laquelle le CEO de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a signifié le mois dernier qu’il jetait l’éponge pourra marquer la fin d’une certaine idée de la banque.
À SURVEILLER : La déréglementation crypto américaine. Les politiques pro-crypto de l’administration Trump favorisent désormais l’adoption des cryptos par la finance traditionnelle, et notamment les grandes banques.
L’IA embarquée chez Amazon. • Qant, M. de R. avec GPT-4o
Amazon a formé un nouveau groupe de recherche spécialisé dans l’intelligence artificielle agentique appliquée aux robots d’entrepôt. Celle-ci devrait les rendre plus autonomes dans l'exécution des commandes vocales en langage naturel, interprétées par l’IA générative.
Les robots ainsi améliorés devront pouvoir décharger des remorques et repérer des pièces défectueuses, et ainsi fluidifier les opérations, notamment durant les pics d’activité comme les périodes de fêtes.
L’équipe de recherche est logée au sein du Lab126, à l’origine du Kindle et de l’enceinte Echo.
EN FILIGRANE : Cartographier le monde. En parallèle, Amazon développe des cartes numériques avancées pour aider ses livreurs à se repérer dans des environnements complexes, qui pourront être couplées à des lunettes XR encore en développement.
À SURVEILLER : La matière dont on fait les rêves. L’IA générative est encore en train de déployer ses effets dans la robotique autonome. Le lancement de robots dotés de capacité agentiques autonomes demandera sans doute encore plusieurs années. Mais le rêve de science-fiction se rapproche.
OpenAI conteste une ordonnance judiciaire, prise dans le cadre d’un litige sur le droit d’auteur avec plusieurs médias, dont le New York Times, qui l’oblige à conserver l’ensemble des historiques de conversations ChatGPT, y compris les chats supprimés ou effectués via API.
L’entreprise juge cette injonction « prématurée et sans fondement », estimant qu’elle contrevient aux choix de confidentialité de centaines de millions d’utilisateurs et aux engagements contractuels pris avec eux.
Des inquiétudes se sont multipliées sur les réseaux sociaux après la publication de l’ordonnance : consultants, développeurs et professionnels de la cybersécurité ont dénoncé un risque de sécurité et conseillé de restreindre les échanges sensibles avec ChatGPT ou l’API d’OpenAI.
En parallèle, Reddit a attaqué en justice Anthropic, l’accusant d’avoir entraîné ses modèles sur des données issues de la plateforme sans autorisation, contrairement à OpenAI et Google, qui disposent d’accords de licence.
Reddit affirme qu’Anthropic a ignoré son fichier robots.txt et effectué plus de 100 000 extractions de données en 2024, malgré une interdiction explicite ; Anthropic a rejeté ces accusations.
EN FILIGRANE : Une simple question de prix. Fin mai, le New York Times a signé un accord avec Amazon pour l'utilisation de ses contenus dans les produits d'IA de l'entreprise, alors que la procédure l'opposant à OpenAI et Microsoft (lire Qant du 8 janvier 2024) est toujours en cours.
À SURVEILLER : La protection des données utilisateurs et le copyright sur les données d’entraînement. Les deux affaires pourraient bien redéfinir, aux États-Unis, les équilibres entre respect de la vie privée, obligations légales de conservation de données et accès aux contenus d’entraînement pour les modèles d’intelligence artificielle.
Un selfie pour faire ses courses • Samsung commence à déployer, sur ses smartphones Galaxy S22 à S25, une fonctionnalité qui utilise des selfies pour générer des publicités de mode personnalisées directement sur l’écran de verrouillage. Développé avec la société Glance et alimenté par les modèles d’IA de Google (Gemini et Imagen), ce service propose des images de l’utilisateur habillé virtuellement selon des tendances locales ou issues des réseaux sociaux, avec possibilité d’achat immédiat. Glance conserve les données biométriques pendant un an et affirme ne pas partager les images sans consentement. En savoir plus…
Source : Glance.ai
AMD veut contourner Nvidia et Cuda avec Brium • AMD a annoncé le rachat de la start-up Brium, spécialisée dans l’optimisation logicielle pour l’inférence de modèles d’IA sur différents types de matériel. Brium développe des outils permettant aux logiciels conçus pour les GPU Nvidia d’être adaptés à d’autres architectures, notamment les GPU Instinct d’AMD. Ce rachat s’inscrit dans la stratégie d’AMD visant à bâtir un écosystème IA ouvert, après les acquisitions de Silo AI (lire Qant du 12 juillet 2024), Nod.AI et Mipsology depuis 2023. Les modalités financières de l’opération n’ont pas été divulguées. En savoir plus…
L’IA inquiète plutôt les anglophones • Un sondage mené par Ipsos Mori dans 30 pays révèle que les populations anglophones, notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en Australie, se montrent nettement plus inquiètes face à l’essor de l’intelligence artificielle que celles des grandes économies européennes, où la méfiance est moindre. Cette fracture semble liée au niveau de confiance dans la capacité des gouvernements à réguler la technologie, confiance particulièrement faible dans les pays anglo-saxons. Le sondage montre également que la perception des effets de l’IA sur l’emploi varie fortement selon les régions, tout comme l’acceptation de l’IA dans la création de contenus, majoritairement rejetée mais perçue comme inévitable. En savoir plus…
L'homme et l'IA face à la santé. • Qant, M. de R. avec GPT-4o
Les décisions en matière de politique et de régulation sanitaires mobilisent des compétences variées, allant du raisonnement analytique à la délibération éthique. Face à l’irruption rapide de l’IA générative dans ces domaines, deux chercheuses de l’université Southern Cross (Australie) ont entrepris de comparer, sur une base documentaire, les attributs décisionnels propres à l’humain et à l’IA. Leurs résultats, issus de deux revues systématiques croisées, révèlent une répartition claire entre compétences spécifiques, points de convergence et risques potentiels.
L’objectif était de déterminer si les humains disposent encore d’un avantage dans la prise de décision, et sous quelles conditions une coopération ou une convergence entre humain et IA est envisageable. L’analyse suggère que les attributs humains et ceux de l’IA sont globalement complémentaires.
Mais le cadre de la collaboration avec l’IA reste à construire.
Meta a entamé des discussions avec Disney et A24 pour obtenir des contenus immersifs exclusifs destinés à ses futurs casques de réalité virtuelle, selon le Wall Street Journal.
Le contenu demandé inclut des vidéos immersives épisodiques et autonomes, basées sur des marques connues, diffusées en exclusivité temporaire sur la plateforme Horizon OS.
Meta proposerait plusieurs millions de dollars aux studios partenaires pour ce contenu, qui resterait exclusif pendant une période définie avant de pouvoir être revendu ailleurs.
Le casque concerné, nommé en interne « Loma », ressemblerait à une paire de lunettes et serait accompagné d’un module externe à glisser dans une poche.
Prévu pour 2026, le casque coûtera moins de 1000 dollars, se positionnant entre le Meta Quest (dès 300 dollars) et l’Apple Vision Pro (3500 dollars).
À SURVEILLER : La guerre des casques. En 2026, ou 2027 selon certains, Apple devrait lancer une paire de lunettes pour concurrencer les Meta RayBan, et un casque de la série Vision, moins cher que le Pro. En parallèle, Google construit sa gamme, avec un casque Samsung et des lunettes Xreal. De quoi faire monter le prix des vidéos à 360 degrés.
Les attributs qui influencent la prise de décision humaine dans les services de santé complexes, tels qu'ils sont décrits dans la littérature. • Nandini Doreswamy et al.
Les décisions en matière de politique et de régulation sanitaires mobilisent des compétences variées, allant du raisonnement analytique à la délibération éthique. Face à l’irruption rapide de l’IA générative dans ces domaines, deux chercheuses de l’université Southern Cross (Australie) ont entrepris de comparer, sur une base documentaire, les attributs décisionnels propres à l’humain et à l’IA. Leurs résultats, issus de deux revues systématiques croisées, révèlent une répartition claire entre compétences spécifiques, points de convergence et risques potentiels.
Le corpus d’analyse repose sur 45 attributs humains et 20 attributs liés à l’IA générative, identifiés respectivement dans une revue de portée et une revue rapide de la littérature scientifique récente. Ces attributs sont classés selon leur unicité, leur influence (favorable, défavorable ou contextuelle) et leur articulation conceptuelle. L’objectif était de déterminer si les humains disposent encore d’un avantage dans la prise de décision, et sous quelles conditions une coopération ou une convergence entre humain et IA est envisageable.
...