Qui cherche des puces à Nvidia?

Pendant que Microsoft finance un potentiel concurrent pour Nvidia, Apptronik présente un robot humanoïde ouvrier et Qant suit la trace des 8 chercheurs qui ont inventé l'IA générative et qui ont, presque tous, créé leur entreprise. Bienvenue dans Qant, jeudi 7 septembre.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Nvidia, le monopole qui dérange

La start-up D-Matrix vient de lever 110 millions de dollars pour tenter de bousculer le quasi-monopole du géant américain dans le domaine des microprocesseurs destinés à l’intelligence artificielle.

"Les puces Nvidia ont toujours la cote" (Midjourney)"Les puces Nvidia ont toujours la cote" (Midjourney)

Un nouveau David s’attaque au Goliath des microprocesseurs. Selon les informations de Reuters, la start-up D-Matrix, basée dans la Silicon Valley et spécialisée dans les microprocesseurs destinés à l’intelligence artificielle générative, a levé 110 millions de dollars, notamment auprès du fonds souverain singapourien Temasek et de Microsoft. Un événement, tant le marché des microprocesseurs utilisés par l’IA est dominé par Nvidia. Début août, Nvidia a rendu public un chiffre d'affaires trimestriel à hauteur de 13,5 milliards de dollars, un montant supérieur de 2 milliards aux prévisions de l'entreprise. Portée par le boom que connaît l’IA générative, en rupture de stock, elle vend à prix d’or ses microprocesseurs GPU : le H100, son modèle phare, a vu son prix exploser pour dépasser les 40 000 dollars pièce et les délais de livraison s’allonger outre-mesure.

La demande, elle, suit, et pour cause : les levées de fonds des start-ups de l’IA n’en finissent pas de crever le plafond (voir, par exemple, Expert ci-dessous). Mustafa Suleyman, créateur de la licorne Inflection AI, a laissé entendre qu’une grande part de sa récente levée de 1,3 milliard de dollars (lire Qant du 30 juin) était consacrée à l'investissement en microprocesseurs. Il faut dire que Nvidia compte parmi les investisseurs du tour de table, dont l’un des objets est de construire un supercalculateur équipé de 22 000 GPU H100.

Plus récemment, Mustafa Suleyman a déclaré au Financial Times que les États-Unis devraient réserver la vente des puces d'intelligence artificielle de Nvidia uniquement aux acheteurs s'engageant à utiliser éthiquement la technologie (comme Inflection, sans doute). Il propose que les États-Unis imposent des normes mondiales minimales pour l'utilisation de l'IA, en s'alignant sur les engagements pris au sein du Frontier Model Forum (lire Qant du 28 juillet).

Goliath ne craint pas les chaînes

Outre la Chine, les États-Unis ont restreint pendant l’été l'exportation des puces A100 et H100 de Nvidia à certains pays du Moyen-Orient. Nvidia a indiqué que ces restrictions n’auraient pas d’impact sur ses résultats. La concurrence n’en aura pas non plus : Qualcomm vient de jeter partiellement l’éponge, se concentrant sur les véhicules autonomes ; Intel et ARM semblent définitivement confinés, l’un aux PC et aux serveurs, l’autre aux téléphones mobiles (même si Grace Hopper, la puce combinée de Nvidia, s’appuie sur une architecture ARM pour la partie CPU).

Le principal danger pour Nvidia pourrait venir de Google, qui construit ses propres puces optimisées, les TPU (pour Tensor Processing Unit). Mais cela ne peut satisfaire les concurrents de Google, Microsoft et AWS en tête. De là le besoin d’innovation et de start-up comme D-Matrix. Elle ne vend pour l’heure que des puces d’évaluation, qui de plus ne s’attaquent pas au cœur du marché, l’entraînement des grands modèles de fondation, mais à l’inférence, les calculs effectués après l’entraînement (pour répondre à une question sur Chat-GPT, par exemple). Mais elle estime pouvoir passer en production d’ici à deux ans, générant aussitôt un chiffre d’affaires de plus de 70 millions de dollars. Ce qui suffirait pour qu’elle devienne rentable, mais pas encore pour desserrer l’étreinte de Nvidia

Pour en savoir plus :

L’ESSENTIEL : Apptronik, Microsoft, OpenAI, Sorare, Visa

ROBOTS

Apollo, un robot comme collègue

L’entreprise texane Apptronik a présenté Apollo, un robot conçu pour pouvoir interagir avec des humains dans un environnement industriel.

Source: Apptronik

Apollo, un robot humanoïde conçu pour travailler aux côtés des humains, a été présenté comme le "robot humanoïde le plus capable au monde" par Apptronik, une entreprise basée au Texas. Issu de plus d'une décennie de développement, Apollo vise à transformer le monde industriel. Contrairement aux robots industriels traditionnels, Apollo, mesurant environ 1,73 mètre et pouvant soulever jusqu'à 25 kg, est conçu pour une interaction sécurisée avec les humains. Apptronik travaille également avec la Nasa pour intégrer ses solutions robotiques dans l'espace.

Pour en savoir plus : The Debrief

IA GÉNÉRATIVE

  • Aux Etats-Unis, les liens entre IA et pornographie infantile inquiètent : Les procureurs des 50 États américains viennent d'envoyer une lettre au Congrès pour l'inciter à étudier comment l'intelligence artificielle peut être utilisée pour exploiter les enfants à travers la pornographie et à élaborer une législation pour renforcer la protection. Ils demandent notamment la création d'une commission d'experts pour étudier les méthodes d'exploitation par l'IA, notamment les images générées par cette technologie, et soulignent l'urgence d'agir face aux dangers que l'IA pose en matière d'exploitation des enfants.
    Pour en savoir plus: Associated Press

  • Microsoft prépare un sac à dos connecté: Microsoft a déposé un brevet pour un sac à dos doté d'intelligence artificielle capable de scanner un environnement, de comprendre les commandes vocales et d'exécuter des tâches contextuelles. Pour lui permettre d'effectuer ces tâches, le sac à dos serait équipé de plusieurs capteurs et dispositifs.

    Pour en savoir plus: ZDNet

  • Tapis rouge et ticket d’or pour Altman en Indonésie : Sam Altman, CEO d'OpenAI, a reçu le premier "Golden Visa" d'Indonésie, un programme lancé pour attirer les investissements étrangers dans l'économie la plus importante de l'Asie du Sud-Est. Ce visa, valable 10 ans, vise à ce qu'Altman contribue au développement et à l'utilisation de l'IA en Indonésie, lui offrant également des avantages tels que des contrôles prioritaires dans les aéroports et une facilité d'entrée et de sortie du pays.
    Pour en savoir plus: CNBC

AR-VR-XR-MÉTAVERS

  • Sorare s’ouvre à la réalité augmentée : Sorare vient d'annoncer des cartes de joueurs de football numériques en 3D dotées de fonctionnalités de réalité augmentée, permettant aux fans d'interagir de manière immersive avec leurs joueurs préférés. Ces cartes seront mises aux enchères à partir du 13 septembre, avec des stars de la Premier League comme Erling Haaland, Marcus Rashford et Bukayo Saka.
    Pour en savoir plus: Decrypt

BLOCKCHAINS

  • Visa va plus loin dans l’adoption des stablecoins : Visa a annoncé l'extension de l'utilisation des stablecoins pour les règlements, permettant désormais aux échanges Web3 d'opter pour des règlements par carte en USDC via les acquéreurs marchands Worldpay ou Nuvei. Auparavant, Visa avait mené un pilote avec Crypto.com, qui utilisait le stablecoin USDC pour régler ses obligations envers Visa pour les cartes émises en Australie.
    Pour en savoir plus: Ledger Insights

QUANTUM

  • Face au quantique, les ordinateurs classiques ne tiennent pas le rythme : Ramis Movassagh, chercheur chez Google Quantum AI, a mené une étude théorique visant à démontrer mathématiquement les avantages notables des ordinateurs quantiques sur les ordinateurs classiques. Son étude, publiée dans Nature Physics, montre que la simulation de circuits quantiques aléatoires est extrêmement difficile pour les ordinateurs classiques. Tout comme l’estimation des résultats.
    Pour en savoir plus: Phys.org

EXPERT

Les Transformers et les start-up

2017 : huit chercheurs de Google posent les bases de l’architecture GPT et de toute l’IA générative. 2023 : tous ont quitté Google et sept d’entre eux ont créé des start-up. Leurs six entreprises ont levé, à ce jour, 1,4 Md$. Leur diversité illustre l’impact de leur découverte. Revue d’effectif.

"Pluie d'or sur l'IA" (Midjourney)"Pluie d'or sur l'IA" (Midjourney)

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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