L'uchronie, c'est maintenant
Pendant que l'Europe adopte de nouvelles normes sur les cryptos, qu'une première start-up d'IA open source lève des fonds et que des solutions de sécurisation se dessinent, voici que les deepfakes s'attaquent à l'histoire. Bienvenue dans Qant, mercredi 17 mai.
Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique
4 min ⋅ 17/05/2023
SOMMAIRE
IA GÉNÉRATIVE : L‘IA produit son premier livre d’histoire et des vidéos de désinformation
Together lève 20 millions de dollars pour développer des modèles de GenAI en open source.
Cloudfare veut sécuriser l’IA générative, notamment sur la propriété intellectuelle.
BLOCKCHAINS : Le Conseil européen adopte le règlement Mica et de nouvelles normes contre la fraude fiscale.
PONT ALGORITHMIQUE : Pas de lettre jeudi 18, ni vendredi 19 mai. Qant et Qant Expert reviendront dès lundi 22, avec une nouvelle formule tenant compte des nouvelles avancées de l’IA générative.
IA GÉNÉRATIVE
Réécrire l’histoire grâce à l’IA
Début mai, est paru aux Editions Passés Composés un livre selon le cœur de Qant : Si Rome n’avait pas chuté, de Raphaël Doan. Historien, énarque et normalien, cet agrégé de lettres classiques s’est servi de GPT 3.5 (text-davinci-003 plutôt que ChatGPT) pour créer des scénarios uchroniques : de l’invention de la machine à vapeur sous Néron au remplacement des esclaves par des robots, le lecteur voit naître sous ses yeux une autre société, engendrée par une autre histoire. Si Rome n’avait pas chuté pourrait rejoindre les grands classiques du genre : signe du talent de prompt engineer, la prose robotique se lit presque aussi bien que Le Maître du haut château de Philip K. Dick. Mais l’auteur, qui fait suivre chaque scénario du “commentaire de l’historien”, semble surtout cultiver des visées scientifiques.
Sans peut-être le savoir ni sans doute l’avoir voulu, Si Rome n’avait pas chuté fait pourtant écho à une tendance croissante sur TikTok. Une vidéo posant la question "Et si l'Inde avait dirigé la Grande-Bretagne ?" a été visionnée plus de 1,7 million de fois. Elle hypothise que la révolution industrielle en Inde renforce le pays et entraîne la chute de Londres face à l'armée indienne. La Grande-Bretagne devient alors un centre industriel textile et une destination touristique à bon marché. Dans la même veine, "Et si le Mexique avait envahi les États-Unis ?" ou "Et si la Somalie avait conquis l'Europe ?" tentent plutôt de faire oublier l’histoire que de faire réfléchir à ses dynamiques.
Leur auteur, @what.if_ai, utilise l'IA pour réécrire l'histoire, imaginant des univers alternatifs où les nations impériales occidentales n'auraient jamais pris l’ascendant. Une vision politique plutôt que scientifique, mais une démarche semblable : les créateurs utilisent des outils d'IA pour générer des images qui dépeignent des scénarios historiques fictifs.
On pourra observer le combat inégal entre la rigueur intellectuelle et les réseaux sociaux avec la nostalgie de Tacite pour la République.
(J.R.)
Source : R. Doan, Si Rome n’avait pas chuté, Passés Composés 2023 ; What If AI
Pour en savoir plus : Rest of World, France Culture
Together, tous ensemble pour l’IA open source
Fondée en juin 2022 en Californie par des anciens d’Apple, Stanford et l’ETH de Zürich, Together développe des modèles et des services d'IA générative en open source afin d'aider les organisations à intégrer l'IA dans leurs applications de production. Elle vient de lever 20 millions de dollars lors d'un tour de table de série A mené par Lux Capital, accueillant notamment Scott Banister, un cofondateur de PayPal.
Le premier projet de Together, RedPajama, a présenté des modèles de 3 milliards à 7 milliards de paramètres, y compris un modèle de conversation et un autre nourri par le feedback des utilisateurs, similaires donc dans l’esprit à ChatGPT et InstructGPT, respectivement. Together a aussi présenté un jeu de données de 5 téraoctets permettant d’entraîner d’autres modèles, issus par exemple de Llama et Alpaca. Enfin, l’équipe travaille sur GPT-JT, un dérivé du modèle génératif de texte en open source GPT-J-6B, et sur OpenChatKit, une tentative de créer un équivalent de ChatGPT.
Source : Together
Pour en savoir plus : Tech Crunch
Cloudflare, tout feu tout flamme contre ChatGPT
La californienne Cloudflare vient de lancer une suite d'outils pour permettre aux entreprises d'utiliser en toute sécurité les derniers outils d'IA générative, notamment en protégeant la propriété intellectuelle et les données des clients. Cloudflare One for AI offre aux entreprises des fonctionnalités telles que la visibilité et la mesure de l'utilisation des outils d'IA, la prévention de la perte de données et la gestion de l'intégration.
Parmi les différents outils, Cloudflare Gateway permet aux organisations de suivre le nombre d'employés qui expérimentent avec les services d'IA, ce qui fournit un contexte pour la budgétisation et les plans de licence. Cloudflare One facilite de son côté la création de voies sécurisées pour le partage de données avec des services externes, ce qui peut enregistrer et filtrer la façon dont ces données sont accessibles, atténuant ainsi le risque de violations de données.
Source : Cloudfare
Pour en savoir plus : Venture Beat
BLOCKCHAINS
Mica, gravé dans la roche
Le Conseil européen, composé des ministres des Finances des 27 États membres, a approuvé à l'unanimité hier le règlement européen sur les cryptomonnaies, Mica. Comme le Parlement l’a adopté le 20 avril, le texte sera donc publié dans les jours qui viennent au Journal officiel de l'Union européenne et entrera en vigueur dans les 27 pays de l’Union un an plus tard. Mica stipule notamment que les entreprises spécialisées, telles que les fournisseurs de portefeuilles et les plateformes d'échange, devront obtenir des licences pour opérer à travers l'Union européenne. Les émetteurs de stablecoins devront également détenir des réserves adéquates, tandis que les entreprises de garde de cryptomonnaies devront mettre en œuvre des mesures de sécurité robustes pour atténuer les risques cybernétiques et opérationnels potentiels. Le règlement introduit également un cadre visant à prévenir les abus de marché, le délit d'initié et les manipulations de marché dans le domaine des cryptomonnaies.
Les ministres des Finances de l'UE ont également consenti à de nouvelles mesures permettant aux autorités fiscales de recueillir des données sur les détentions de cryptomonnaies par les particuliers. Les services de cryptoactifs basés en Europe devront déclarer les transactions de leurs clients y résidant. Sont également détaillées les obligations de déclaration des établissements financiers en ce qui concerne la monnaie électronique et les monnaies numériques de banque centrale, ainsi que l’échange automatique d’informations sur les décisions fiscales anticipées. Ce projet de la Commission devrait voir le jour n 2026.
Source : Conseil de l’Union Européenne
Pour en savoir plus : Le Soir
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