Courir après un lapin blanc et en trouver un rouge orangé

L'engouement pour le Rabbit R1 montre le potentiel des assistants d'IA personnels • Donald Trump dit non aux monnaies numériques • DeepMind excelle en géométrie • Un robot origami explore les fonds marins • Bienvenue dans Qant, vendredi 19 janvier 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Le petit lapin qu’on voit déjà plus gros que l’iPhone

Le gadget le plus en vogue depuis le CES n’y avait même pas de stand. Mais il a profité du salon et de la date anniversaire du lancement de l’iPhone pour créer une vague qui ne cesse de gonfler.

L’assistant Rabbit R1. Source : Rabbit AIL’assistant Rabbit R1. Source : Rabbit AI

Porté aux nues par Satya Nadella à Davos, soutenu par Perplexity AI depuis hier soir, le Rabbit R1 s’impose dans l’opinion comme le premier assistant IA efficace et bon marché. 40 000 exemplaires s’en sont prévendus en une semaine, ce qui évoque le niveau des premières ventes de l’iPod en 2001 et de l’Iphone en 2007.

Alors que les lunettes de Meta-RayBan et la broche de Humane n’ont pas décollé, nombreux sont ceux qui s’enthousiasment : voici enfin un appareil où l’IA peut remplacer la plupart des fonctions d’un smartphone. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et l’épreuve de vérité arrivera vite : le lapin sera livré à Pâques. 

Comme il se doit.

“Le robot lapin veut dépasser l’iPhone” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Le robot lapin veut dépasser l’iPhone” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : DeepMind, Derma Sensor, Origin Wukong, Trail of Bits

ROBOTS

Un origami hante les fonds marins

Afin de cataloguer la biodiversité marine, un dodécaèdre robotique peut désormais interagir avec des espèces extrêmement fragiles à 1 200 mètres de profondeur.

Une équipe de recherche pluridisciplinaire issue de Harvard et plusieurs autres instituts universitaires américains s’est inspirée de l'origami pour RAD-2, un dodécaèdre à actionnement rotatif qui enferme en se repliant les animaux qu’il rencontre sur les fonds océaniques. Cela permet de prélever et de préserver instantanément des échantillons de tissus, sans modifier la température ni la pression des profondeurs. Cette technique, qui d’après les chercheurs permet d'interagir avec les spécimens de manière extrêmement délicate, a permis de recueillir au large des côtes de Hawaï et de Californie, jusqu'à 14 échantillons de tissus par jour, ainsi que des téraoctets d'imagerie digitale pour créer des images 3D haute résolution de ces animaux.

Cette méthode produit un "cybertype" numérique d'un animal, en opposition au "holotype" physique traditionnellement utilisé dans les collections de musées. L'équipe a capturé des mesures détaillées de la morphologie et des mouvements d'animaux marins profonds. Elle a également obtenu leur génome complet et généré une liste exhaustive des gènes exprimés, révélant ainsi leur état physiologique dans l'océan profond. 

Ce groupe multidisciplinaire, composé de roboticiens, d’océanographes, de bioingénieurs ainsi que de biologistes marins et moléculaires de six institutions différentes, espère ainsi contribuer à la mesure de la biodiversité marine, dont on estime que les deux tiers des espèces ont jusqu'à présent échappé à l’homme. Et aux robots.

Pour en savoir plus : 

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Géométrie: l’IA au niveau humain • Des chercheurs de DeepMind viennent de présenter AlphaGeometry, un outil d'IA capable de résoudre des problèmes de géométrie au plus haut niveau humain, celui des médailles d'or de l'Olympiade Internationale de Mathématiques (IMO). Testé sur 30 problèmes de l'IMO, AlphaGeometry en a résolu 25, une performance comparable à celle des meilleurs compétiteurs. Cet outil combine des modèles de langage et du raisonnement symbolique pour générer des preuves géométriques vérifiables par machine, tout en restant compréhensibles pour les humains.
    Pour en savoir plus: Financial Times

  • Quand les GPUs fuitent Une faille de sécurité, nommée LeftoverLocals, a été identifiée par Trail of Bits, une société de cybersécurité new-yorkaise, dans les GPU d'Apple, AMD et Qualcomm. LeftoverLocals menace la confidentialité des données d'IA. La faille permettrait à un attaquant d'accéder à jusqu'à 180 mégaoctets de données de la mémoire GPU, y compris des informations sensibles issues de modèles de langage. Bien qu'Apple ait corrigé la faille dans ses derniers processeurs M3 et A17, des millions d'appareils plus anciens restent exposés. Qualcomm et AMD ont également confirmé l'impact de cette faille et travaillent sur des correctifs.
    Pour en savoir plus: Wired

  • IA : Pékin réglemente à tout va • Le ministère chinois de l'Industrie vient de publier des directives provisoires pour standardiser l'intelligence artificielle. Ces directives visent à établir plus de 50 normes nationales et industrielles pour l'IA d'ici à 2026, ainsi qu’à participer à la création de plus de 20 normes internationales. L'année dernière, Pékin a activement élaboré des réglementations pour l'IA, y compris un régime de licence pour les produits similaires à ChatGPT et accordé la protection du droit d'auteur aux œuvres générées par IA (lire Qant du 12 juillet 2023 et du 20 décembre 2023). Les nouvelles normes visent à favoriser le développement précoce de l'industrie de l'IA, avec l'objectif que plus de 1 000 entreprises adoptent et promeuvent ces standards.
    Pour en savoir plus: Reuters, MIT

  • L’IA détecte le cancer La FDA, l'administration de santé américaine, vient d'approuver un dispositif portable de DermaSensor, une medtech basée à Miami, qui utilise l'intelligence artificielle pour détecter de manière non invasive le cancer de la peau. Ce dispositif permet aux médecins de réaliser des enregistrements spectraux d'une lésion cutanée suspecte et d'obtenir un résultat immédiat grâce à un algorithme IA. Capable de détecter les trois types courants de cancer de la peau, y compris le mélanome, le dispositif indique si une lésion nécessite une investigation approfondie. Bien que la FDA ait autorisé sa commercialisation, elle exige de DermaSensor des tests de validation clinique supplémentaires.
    Pour en savoir plus: Forbes

  • La manque de concurrence de l’IA inquiète la SEC Selon le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Gary Gensler, la concentration de l'intelligence artificielle dans le secteur financier pourrait mener à une fragilisation du système. Il prédit l'émergence de quelques modèles IA dominants et d'agrégateurs de données, créant une "monoculture" où de nombreux acteurs financiers dépendraient d'un modèle ou d'une source de données centrale, à l’instar de la concentration observée chez les fournisseurs de cloud et les moteurs de recherche. En fin d'année dernière déjà, la SEC avait lancé une enquête sur l'utilisation de l'IA par les conseillers en investissement (lire Qant du 12 décembre 2023).
    Pour en savoir plus: The Hill

MONNAIES NUMÉRIQUES

  • Donald Trump contre la monnaie numérique Donald Trump, probable candidat des républicains américains aux élections de novembre, promet qu'il n'autorisera en aucun cas la création d'une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) s'il est élu. Lors d'un discours de campagne dans l'État du New Hampshire, Donald Trump a exprimé ses inquiétudes sur le fait qu'une CBDC pourrait donner au gouvernement fédéral des moyens de contrôle excessif, notamment en matière fiscale. Cette crainte n’est pas la prérogative de l’ancien Président, en butte à de nombreux démêlés avec la justice. Plusieurs projets de loi ont été déposés au sénat américain ces derniers jours demandant que les monnaies numériques de banques centrales ne soient pas considérées comme des "monnaies", les empêchant de fait d'avoir cours légal.
    Pour en savoir plus: The Block

  • L’Europe se renforce contre le blanchiment L'Union Européenne a conclu un accord provisoire pour renforcer les règles de lutte contre le blanchiment d'argent, y compris dans le secteur des crypto-actifs. Cet accord, visant à unifier les approches nationales différentes, élargit les règles existantes de l'UE en obligeant les fournisseurs de services de crypto-actifs à vérifier les clients effectuant des transactions de 1 000 euros ou plus et à signaler toute activité suspecte.
    Pour en savoir plus: Bloomberg

QUANTUM

  • Le quantique chinois séduit l’Amérique L'ordinateur quantique chinois Origin Wukong, ouvert aux utilisateurs internationaux depuis le 6 janvier, aurait enregistré une utilisation accrue, en provenance notamment des États-Unis. Origin Wukong, un ordinateur de troisième génération, a attiré plus de 350 000 accès à distance de 61 pays, avec une prédominance d'utilisateurs américains. Bien que l'ordinateur ait effectué 33 871 tâches de calcul quantique pour ses utilisateurs mondiaux, les détails spécifiques sur l'utilisation restent non divulgués.
    Pour en savoir plus: The Quantum Insider

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • Ce que l’engouement pour le Rabbit R1 peut signifier pour l’avenir de l’IA et des smartphones.
    Par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés