L'Europe fignole l'AI Act

Pendant que l'Union européenne progresse dans la réglementation de l'IA, CB Insights fait le point sur les LLMOps et les États-Unis empêchent Nvidia de vendre ses puces en Chine. Bienvenue dans Qant, jeudi 26 octobre 2023.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

AI Act : des progrès et un rendez-vous en décembre

Les législateurs européens, réunis en “trilogue”, ont veillé jusque tard mardi soir pour parvenir à un accord sur la majeure partie du projet de loi européen sur l’IA. Certains aspects font encore l’objet de désaccords. Ils seront discutés début décembre.

"L'Europe s'accorde sur les robots" (Qant, M. de R. avec Midjourney)"L'Europe s'accorde sur les robots" (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Dans la nuit de mardi à mercredi, selon la tradition insomniaque des négociations européennes, les trois piliers de l'Union ont fait un pas important dans l'élaboration du futur règlement européen sur l'intelligence artificielle, faisant une nouvelle fois mentir les commentateurs anglo-saxons pessimistes (comme The Verge, ci-dessous) qui prévoyaient l’échec de la réunion avant qu’elle ne se tienne.

Un compromis encore confidentiel entre le Parlement et les États membres a été pour l’essentiel trouvé, d’après l’agence Reuters, sur l’article 6 du règlement, qui définit les normes applicables aux systèmes d'IA à haut risque et donc soumis à une réglementation plus stricte. La France et l’Allemagne poussent le Conseil à obtenir une exemption pour leurs champions nationaux, Mistral et Aleph Alpha (lire Qant du 19 septembre). Seraient exemptés les modèles qui effectuent des tâches "purement accessoires", secondaires à toute prise de décision humaine, par exemple l'organisation de documents ou la traduction de texte.

Après deux ans de négociations, le projet de loi sur l'IA a été approuvé par le Parlement européen en mai (lire Qant du 12 mai). Après cette étape, le projet doit maintenant être finalisé à travers des rencontres entre le Parlement et les États membres de l'UE, dans un processus connu sous le nom de “trilogue”. Le député européen Brando Benifei, co-rapporteur de l'AI Act, s’est montré optimiste quant à la possibilité d'atteindre un accord avec le Conseil avant la fin de l’année. Le cinquième et peut-être dernier trilogue sur le sujet est prévu le 6 décembre.

Pour en savoir plus :

L’ESSENTIEL : Atom Computing, Cruise, Euroclear, Nvidia, Perplexity AI, XReal

ROBOTS

Un chien-robot pour la chasse aux chars

Les marines américains testent un robot à quatre pattes capable de porter un lance-roquettes. D’origine chinoise, le même engin semble avoir été également testé en Russie.

Le corps des marines des États-Unis a récemment testé un chien robot équipé d'un lance-roquettes antichar M72. Le test a été effectué par le groupe de formation tactique et de contrôle des exercices du Marine Air Ground Task Force Training Command (MAGTFC), basé à Twentynine Palms en Californie, avec la participation de l'Office of Naval Research (ONR) de la Marine américaine.

Le robot semble être, d’après les images, un quadrupède chinois assez répandu, Unitree Go1. En 2022, un entrepreneur russe avait partagé une vidéo d’un Unitree équipé d’un fusil-mitrailleur.

Mais même les chiens de guerre peuvent avoir un usage ludique et faire des cabrioles :

Pour en savoir plus : The Drive

  • Cruise sur la touche à San Francisco : La Commission des services publics de Californie (CPUC) vient de suspendre l'autorisation de l'entreprise de robotaxis autonomes Cruise de transporter et de facturer des passagers à San Francisco, qu’elle avait accordée il y a seulement trois mois. Cette décision fait suite à une action similaire du Département des véhicules à moteur de Californie (DMV), qui a également suspendu les permis de déploiement et de tests sans conducteur de la start-up appuyée par General Motors. Cruise avait déjà été obligée de couper de moitié sa flotte de robotaxis, une semaine après l’ouverture (lire Qant du 25 août). Apparemment moins accidentogène, Waymo, filiale de Google, n’est pas concernée et trouve donc un champ libre devant elle.
    Pour en savoir plus: Washington Post

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Les images d’IA de maltraitance infantile inquiètent le Royaume-Uni : L'organisation britannique Internet Watch Foundation a annoncé avoir découvert près de 3 000 images de maltraitance d'enfants générées par l'IA qui enfreignent la loi britannique. La fondation avertit que cette montée des contenus sexuels abusifs d'enfants générés par l'IA, y compris ceux vendus en ligne, pourrait distraire les forces de l'ordre de la détection des abus réels et de l'aide aux victimes.
    Pour en savoir plus: The Guardian

  • Les États-Unis coupent l’herbe sous le pied de Nvidia : Nvidia a annoncé dans un document envoyé à la SEC que les nouvelles restrictions américaines sur l'exportation de ses puces GPU d'IA haut de gamme vers la Chine sont entrées en vigueur plus tôt que prévu. En réponse à une interdiction initiale des puces avancées d’IA, Nvidia a conçu de nouvelles GPU conformes, mais les nouvelles restrictions interdisent spécifiquement l'exportation de ces puces AI modifiées par Nvidia.
    Pour en savoir plus: Reuters

  • Nightshade, une arme pour empoisonner l’IA : Une équipe de chercheurs de l’université de Chicago a présenté un nouvel outil nommé Nightshade qui permet aux artistes d'ajouter des modifications invisibles aux pixels de leurs œuvres avant de les mettre en ligne, afin de perturber et endommager potentiellement les modèles d'IA générant des images si ces œuvres sont utilisées sans permission. Cette technique, visant à lutter contre l'utilisation non consentie des œuvres d'art par les entreprises d'IA, pourrait entraîner des dysfonctionnements majeurs dans les modèles, comme transformer des chiens en chats ou des voitures en vaches. Elle est difficile à contrer car elle nécessite l'identification et la suppression de chaque échantillon corrompu.
    Pour en savoir plus: MIT Technology Review

  • Perplexity AI, demi-licorne : La startup californienne Perplexity AI, spécialisée dans la recherche sur Internet par intelligence artificielle générative, est sur le point de boucler un important tour de financement mené par Institutional Venture Partners, qui pourrait valoriser l'entreprise à environ 500 millions de dollars, selon The Information. Perplexity AI développe un moteur de recherche alimenté par l'IA générative, offrant une approche différente de celle de Google, en permettant aux utilisateurs de poser des questions de manière conversationnelle et de recevoir des réponses précises, soutenues par une liste de sources.
    Pour en savoir plus: Silicon Angle

BLOCKCHAINS

  • Quatrième semaine de hausse pour l’investissement dans les actifs numériques : Les produits d'investissement dans les actifs numériques ont enregistré des entrées de fonds pour la quatrième semaine consécutive, totalisant 66 millions de dollars et portant l'afflux cumulé des quatre dernières semaines à 179 millions de dollars, selon CoinShares. Cette hausse, qui a conduit à une augmentation de 15% des actifs sous gestion depuis leur point bas en septembre, atteignant presque 33 milliards de dollars, est principalement due à l'anticipation du lancement d'ETF Bitcoin au comptant aux États-Unis.
    Pour en savoir plus: Coin Telegraph

  • La Banque mondiale émet une nouvelle obligation numérique : Euroclear vient d'annoncer la première émission d'obligations utilisant sa plateforme d'émission DLT, avec une note numérique native (DNN) de 100 millions d’euros émise par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Cette obligation numérique est cotée à la Bourse de Luxembourg et utilise la technologie blockchain Corda ; c'est la deuxième fois en cinq ans que la Banque mondiale émet une obligation numérique, après la bond-i en 2018.
    Pour en savoir plus: Ledger Insights

AR-VR-XR

  • Xreal présente sa nouvelle génération de lunettes AR : Xreal (anciennement Nreal, lire Qant du 26 mai) vient d'annoncer l'ouverture des précommandes pour sa dernière génération de lunettes de réalité augmentée, les Xreal Air 2 et Air 2 Pro, qui seront disponibles en novembre aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Italie. Ces lunettes, qui sont une mise à jour itérative du modèle Air original, se connectent à divers appareils pour projeter un écran de 1920 x 1080 pixels devant les yeux de l'utilisateur.
    Pour en savoir plus: The Verge

QUANTUM

  • Atom Computing passe la barrière des 1000 qubits : La start-up américaine Atom Computing vient d'annoncer avoir testé en interne un ordinateur quantique de 1 180 qubits, marquant une progression significative par rapport à leur précédent système de 100 qubits. La société utilise des atomes neutres comme qubits, qui sont manipulés par des lasers pour créer des emplacements favorables et stocker des informations quantiques, permettant une densité et une échelle de qubits potentiellement élevées. L’ordinateur à 1 kiloqubit est prévu pour être disponible pour les clients l'année prochaine.
    Pour en savoir plus: Forbes

EXPERT : Marché

Les LLMOps dessinent le futur des grands modèles de langage

Avec la multiplication des cas d'usages des grands modèles de langage dans les entreprises, viennent les opérations de modèles de langage à grande échelle (LLMOps), c'est à dire le flux de travail que les entreprises utilisent pour construire, entraîner et déployer des LLM dans leur organisation. Alors que la course des modèles de fondation est encore ouverte, le marché des frameworks pour développer des applications qui font appel aux LLM commence à se structurer.

Carte du marché des opérations de grands modèles de langage (Source : CB Insights)Carte du marché des opérations de grands modèles de langage (Source : CB Insights)

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés