Hong Kong mise son avenir sur la blockchain

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Hong Kong veut devenir le hub crypto de l’Asie

Monnaie numérique de gros, stablecoins, tokénisation : les initiatives liées à la blockchain se multiplient à Hong Kong, portées par des autorités réglementaires audacieuses. C’est que la quatrième place financière mondiale doit faire face à une concurrence croissante.

“Des stablecoins dans les rues de Hong Kong” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Hong Kong, quatrième place financière mondiale, multiplie les initiatives, des monnaies numériques aux stablecoins. Sa plate-forme de monnaie numérique interbancaire, mBridge, devrait être ouverte cette année. Ce “produit minimum viable” (MVP) sera mis en production l’an prochain.

Pour le grand public, le dollar hongkongais numérique (e-HKD) est également sur les rails. Le BCG, qui vient de mener un pilote pour le e-HKD, estime que les monnaies numériques, les dépôts tokenisés et les stablecoins contribueront à augmenter le PIB de Hong Kong de 0,5 % : 160 milliards de dollars hongkongais (environ 19 milliards d'euros), d'ici à 2032. Cela n’a pas échappé aux autorités hongkongaises, qui travaillent à marches forcées sur l’infrastructure et la règlementation nécessaires à l'adoption à grande échelle de la tokenisation et de la monnaie numérique.

Or, le cours du dollar hongkongais est fixé à celui du dollar américain depuis les années 1980. Le e-HKD rivalisera donc, dès son lancement, avec Tether – dont les opérations sont basées à Hong Kong – pour la place de premier stablecoin dollar au monde. Et rien n’empêchera ensuite Hong Kong de lancer un stablecoin basé sur le renminbi offshore (CHN), devenu sa spécialité depuis son rattachement à la Chine continentale.

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Le dollar numérique de Hong Kong sera un stablecoin. Ou deux.

Hong Kong se prête bien à des projets financiers pilotes, grâce à ses autorités monétaires et réglementaires réputées et à son environnement institutionnel ouvert, axé sur le marché et connecté à l'échelle mondiale. L'un de ces projets pourrait consister en la création d'un stablecoin indexé sur le renminbi offshore, destiné à être utilisé dans le sud de la baie de Chine.

Par Andrew Sheng et Xiao Geng (université de Hong Kong)

“Andrew Sheng vu par Midjourney” (Qant, M. de R.)

“Pour que le marché des stablecoins réussisse, quatre conditions doivent être remplies. Premièrement, tous les stablecoins doivent être liés à une monnaie étatique largement acceptée. Deuxièmement, ils doivent opérer dans un cadre réglementaire accepté mondialement. Troisièmement, les émetteurs doivent être capables d'innover dans des domaines tels que la distribution, le soutien du marché et l'infrastructure. Et, enfin, les stablecoins doivent être largement appliqués dans le domaine de la finance décentralisée”.

“Les stablecoins adossés au dollar américain dominent le marché, en raison de la dominance mondiale persistante du dollar américain comme moyen de paiement, réserve de valeur et unité de compte, ainsi que de la liquidité et de la facilité d’accès du marché des actifs en dollars américains.”

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L’ESSENTIEL :

ROBOTS

Au printemps, le robot soigne ses tulipes

Le Selector180, développé par la start-up néerlandaise H2L Robotics, identifie les pulpes de tulipe malades grâce à l’apprentissage par renforcement.

Les Pays-Bas ont assisté ce printemps à l'introduction des premiers robots agricoles autonomes qui identifient et éliminent les bulbes malades avant la célèbre floraison printanière des tulipes, un événement d'importance culturelle et économique majeure pour le pays. Les Selector 180, développés par la start-up néerlandaise H2L Robotics, combinent l'usage du GPS, des caméras embarquées et de l'intelligence artificielle pour parcourir les champs de tulipes et détecter les signes de maladies sur les bulbes de manière à prévenir la propagation des maladies. Ils remarquent notamment les rayures rouges sur les feuilles, signes de maladie.

Le Selector180 s'appuie sur l'apprentissage par renforcement, qui permet au robot de s'adapter et de réagir de manière autonome à son environnement. Ce processus a été amélioré grâce aux contributions d'agriculteurs, souvent des professionnels d'âge avancé avec des décennies d'expérience, qui ont formé le modèle d'intelligence artificielle en identifiant visuellement les bulbes malades. Les robots veulent compenser la diminution du nombre d'experts humains capables de réaliser cette tâche spécifique. D’un coût d’environ 185 000 euros l'unité, ils offrent une solution durable et travaillent de longues heures sans interruption, couvrant potentiellement plus de terrain qu'un être humain et avec une précision comparable.

Pour en savoir plus : Popular Science

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

• L’IA pour livrer les médicaments • Amazon Pharmacy, filiale pharmaceutique d'Amazon, lance un service de livraison de médicaments le jour même à New York et Los Angeles, utilisant l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour optimiser le processus. Cette initiative vise à concurrencer les grandes chaînes de pharmacies comme Walgreens et CVS Health, qui proposent déjà une livraison nationale le jour même. Amazon prévoit d'étendre ce service à plus de 12 villes d'ici fin 2024. Des modes de livraison variés, adaptés à chaque ville, incluront des vans électriques et, dans certains cas, des drones ou des vans électriques Rivian.
  Pour en savoir plus: Forbes

• Des puces pour attirer les talents – et des millions • La guerre pour les talents d’IA atteint de nouveaux sommets dans la Silicon Valley. Mark Zuckerberg s’y est mis, ciblant des chercheurs de Google DeepMind avec des emails personnels. Selon le média The Information, il leur a proposé des postes sans entretien préalable, après que Meta ait assoupli sa politique salariale pour pouvoir attirer ces experts. Dans un tweet récent, le chercheur de DeepMind Michal Valko, recruté par Meta, témoigne indirectement de l’engagement de très hauts dirigeants, de “Mark” à Yann Le Cun. En janvier, Mark Zuckerberg avait annoncé que Meta prévoyait de posséder plus de 340 000 processeurs Nvidia H100 d'ici à la fin de l’année. Un investissement d’un milliard de dollars environ, à utiliser pour l'entraînement et le déploiement des modèles d'IA de Meta. A condition de recruter ceux qui savent s’en servir.
  Pour en savoir plus: The Information, Michal Valko

• Tether, de la blockchain aux modèles de langage • Tether vient de créer une unité dédiée à l'intelligence artificielle pour développer des LLM multimodaux open source. Le leader mondial des stablecoins lance un appel à candidatures pour des postes clés, dont un responsable de la recherche en IA et un ingénieur IA. L’expansion des activités de Tether dans le secteur de l'IA a commencé en septembre dernier par la création d’une joint venture avec Northern Data, un fournisseur de services cloud coté à la Bourse de Francfort. Dès sa création, Damoon Designated Activity a investi quelque 400 millions d’euros dans des puces GPU de Nvidia.
  Pour en savoir plus: Coindesk

• L’IA d’Apple tient sa date • Apple tiendra sa conférence annuelle des développeurs, le WWDC (Worldwide Developers Conference) du 10 au 14 juin prochain, avec une attention particulière portée à l'intelligence artificielle. La firme, qui est en train de développer ses propres modèles d'IA et d'explorer des partenariats de contenu pour l'entraînement, négocie également des collaborations avec Google, OpenAI, Anthropic et Baidu en Chine pour offrir des fonctionnalités d'IA basées sur le cloud, tout en maintenant ses propres fonctionnalités génératives sur les appareils (lire Qant du 19 mars et du 25 mars). Des rumeurs suggèrent également qu'Apple pourrait ouvrir son écosystème aux développeurs d'IA pour une intégration profonde dans ses appareils.
  Pour en savoir plus: The Verge

• L’IA pour faire la chasse aux sans-abri en Californie • La ville californienne de San José, à la pointe sud de la Silicon Valley, utilise l'intelligence artificielle pour identifier les tentes et les véhicules habités par des sans-abri. Des caméras montées sur un véhicule municipal parcourent les rues, alimentant des logiciels de vision par ordinateur. Lancé en juillet dernier, ce projet pilote est une première aux États-Unis. La ville explique qu’elle respecte la confidentialité des données et la vie privée des individus filmés mais elle compte utiliser cette technologie pour une gestion plus efficace des plaintes liées aux sans-abri.
  Pour en savoir plus: The Guardian, Bloomberg

• L’IA pour obtenir des financements en Roumanie • L'Agence pour le Financement des Investissements Ruraux (Afir), en Roumanie, utilise l'intelligence artificielle pour aider les agriculteurs à demander des fonds européens. L’Afir délègue la collecte de documents à UiPath, multinationale d'origine roumaine spécialisée dans l'automatisation robotisée des processus (RPA). Cette initiative a permis de traiter des demandes de financement de plus de 5,32 milliards d'euros, économisant au personnel de l'Afir presque 800 jours de recherche documentaire.
  Pour en savoir plus: Reuters, Pymnts

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

• D’ici à deux ans, Swift connectera les monnaies numériques • Le réseau mondial de messagerie bancaire Swift a mené la deuxième phase de ses essais simulés avec 38 institutions, dont plus de 7 banques centrales, pour explorer l'interopérabilité des monnaies numériques à travers différentes juridictions. Ces essais ont couvert quatre cas d'utilisation autour des “paiements atomiques”, effectués simultanément à la livraison : les paiements commerciaux, le paiement contre règlement en devises étrangères, le règlement-livraison pour les titres et les mécanismes de liquidité. Swift prévoit de lancer une nouvelle plateforme dans les 12 à 24 prochains mois.
  Pour en savoir plus: Reuters

• Les ETN Bitcoin seront échangés à Londres dès mai prochain • La Bourse de Londres prévoit de coter des instruments proches des ETF Bitcoin, des notes négociables en bourse (ETN) basées sur des crypto-actifs, d'ici à la fin mai. Les propositions pour les ETN basées sur le bitcoin et l'ether seront acceptées à partir du 8 avril, avec une date limite de soumission fixée au 15 avril pour une cotation le 28 mai. Cela est rendu possible par une mise à jour de la position de l'Autorité de Conduite Financière (FCA) du Royaume-Uni sur ces titres (lire Qant du 12 mars). L'interdiction de vente au détail de ces produits reste en vigueur, mais l’ouverture aux investisseurs professionnels marque une évolution significative dans la réglementation britannique des cryptomonnaies. Contrairement aux ETF, qui détiennent des actifs réels, les ETN sont des produits de dette qui reflètent la performance d'un indice sans posséder physiquement les actifs sous-jacents.
  Pour en savoir plus: Blockworks

QUANTUM

• Le quantique pour découvrir de nouveaux matériaux • Une équipe de chercheurs du Laboratoire de recherche navale des États-Unis vient de mettre au point un nouvel algorithme, nommé Cascaded Variational Quantum Eigensolver (CVQE), destiné à accélérer l’étude des propriétés physiques des systèmes électroniques. Cet outil permet de réduire considérablement le temps de calcul nécessaire, passant de plusieurs mois à quelques heures. Contrairement à son prédécesseur, le Variational Quantum Eigensolver (VQE), le CVQE exige une unique série d'opérations sur ordinateur quantique pour collecter des données ; le reste du traitement est effectué sur un ordinateur classique. Cette innovation pourrait notamment jouer un rôle clé en chimie des matériaux, déjà fortement accélérée par l’intelligence artificielle, avec des modèles comme Gnome (lire Qant du 1er décembre 2023).
  Pour en savoir plus: Phys.org

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

• Alors que l’Europe et la Chine se préparent à déployer leurs monnaies numériques, Hong Kong prépare à marches forcées son avenir de place financière numérique.

• A son lancement, le dollar honkongais numérique deviendra, de facto, le plus grand stablecoin dollar aux côtés de Tether, également basé à Hong Kong. La place deviendra alors un laboratoire sur la manière d’articuler des stablecoins à une monnaie numérique d’Etat. Surtout si elle lance, en outre, un stablecoin basé sur le renminbi offshore.

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