L’IA se refait une beauté, ou l'inverse

Clarins rejoint LVMH et L’Oréal dans la course aux assistants IA pour la beauté • Elon Musk lance le chantier d'un superordinateur pour l'IA • OpenAI crée un nouveau comité de sécurité pour GPT-5 • Le Starbucks aux 100 robots • Bienvenue dans Qant, mercredi 29 mai.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Là, tout n’est qu’IA et beauté, luxe, calme et volupté

Les géants français de la beauté multiplient les initiatives IA et notamment les chatbots destinés à proposer une expérience à leurs clients : focus sur LVMH, L’Oréal et le dernier venu, Clarins.

“L’IA se refait une beauté (Qant, M. de R. avec Midjourney)“L’IA se refait une beauté (Qant, M. de R. avec Midjourney)

A l'occasion du salon Vivatech qui s'est clôturé le week-end dernier, le groupe français Clarins a lancé Clara, un chatbot d'IA générative basé sur la plateforme Microsoft Azure OpenAI. Il intègre les données du site de Clarins, les questions du service client et les informations des coachs en beauté et propose des réponses personnalisées et instantanées.

Clara n'est pas sans rappeler un autre assistant beauté fondé sur l'IA, Beauty Genius, présenté par L'Oréal au CES de Las Vegas (lire Qant du 10 janvier). Mais ce dernier va plus loin que le chatbot de Clarins, puisqu'il est capable, sur la base d'une simple photo de l'utilisateur, de lui conseiller des produits en analysant sa peau.

De son côté, LVMH, très présent à VivaTech, utilise depuis six mois MaIA, un assistant génératif destiné à améliorer l'expérience client de ses marques comme Louis Vuitton et Dior. MaIA, développé à partir du "patrimoine public" de ChatGPT, aide à synthétiser des messages clients, proposer des produits adéquats et générer des images personnalisées.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Adept, Character.ai, Google, Meta, Naver, OpenAI, xAI

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • xAI entre dans le bal des superordinateurs • Elon Musk prévoit de regrouper 100 000 GPU Nvidia H100 dans un supercalculateur de xAI, devenue grâce à sa levée de fonds la deuxième start-up d’IA par sa valorisation, après OpenAI (lire Qant du 27 mai et, pour OpenAI, du 3 mai 2023). Prévue pour l'automne 2025, cette "gigafactory de calcul" serait quatre fois plus grande que les clusters d'IA actuels. Musk veut ainsi rattraper des concurrents comme Microsoft et OpenAI, qui envisagent également des superordinateurs massifs. xAI, qui s'appuie sur le cloud d’Oracle, bénéficierait d'un statut privilégié auprès de Nvidia pour obtenir leurs futurs GPU Blackwell.
    Pour en savoir plus : The Information, Business Insider

  • Un nouvel Adept pour Meta, ou qui en voudra • L’une des premières start-up à s’être consacrée aux agents d’IA, Adept, envisage une vente ou un partenariat stratégique en raison des coûts élevés et de la concurrence croissante, selon The Information. L'entreprise discute notamment avec Meta Platforms, mais une acquisition semble peu probable. Fondée il y a deux ans par d'anciens chercheurs de Google et OpenAI, Adept a présenté en janvier un modèle de fondation et elle prévoit de lancer cet été son premier agent d'IA. Valorisée plus d'un milliard de dollars (920 millions d'euros) l'année dernière, la start-up a levé 415 millions de dollars (380 millions d'euros) en deux tours auprès d'investisseurs comme General Catalyst ou Spark Capital.
    Pour en savoir plus : The Information

  • Meta et xAI veulent avoir du Character • Le créateur de chatbots Character.ai a entamé des discussions avec Meta et xAI pour un partenariat stratégique. Les pourparlers portent sur le pré-entraînement et le développement de modèles d'IA, sans intention d'acquisition. Character.ai, qui utilise des modèles de langage pour créer des chatbots à personnalités diverses, a lancé sa plateforme web de nouvelle génération en avril 2022.
    Pour en savoir plus : Financial Times, Pymnts

  • OpenAI renforce sa sécuritéOpenAI vient d'annoncer la formation d'un comité de sécurité et de sûreté pour orienter son conseil d'administration sur des décisions cruciales. À cette occasion, elle a confirmé qu’elle entraînait actuellement un nouveau modèle d'IA pour remplacer GPT-4. Ce comité surveillera donc l’alignement de GPT-5, quel que soit le nom que le marketing lui donnera. Il sera composé de dirigeants d'OpenAI comme Sam Altman et de personnalités externes comme Adam D’Angelo (CEO de Quora et Poe, soutien décisif d’Altman en novembre dernier) et Nicole Seligman (ancienne secrétaire générale de Sony). Le nouveau comité évaluera les processus et les mesures de protection de l'entreprise et soumettra ses recommandations adoptées au conseil d’administration d’OpenAI sous 90 jours, ce qui permet de placer le lancement de GPT-5 à la rentrée. Les membres précédents du comité de “super-alignement”, notamment le cofondateur Ilya Sutskever et Jan Leike, ont quitté OpenAI en violente opposition avec Sam Altman, allant parfois jusqu’à s’exempter des clauses-bâillon de leurs contrats (lire Qant du 28 mai et du 15 mai).
    Pour en savoir plus : New York Times

  • Gemini débarque sur les Chromebook • Google vient d'intégrer l'assistant Gemini et de nouvelles fonctionnalités d'IA dans les ordinateurs portables Chromebook Plus d'Acer, Asus et HP. Les fonctionnalités incluent l'outil Help Me Write d'assistance à l'écriture, la création de fonds d'écran personnalisés, et la fonctionnalité Magic Editor pour Google Photos.
    Pour en savoir plus : The Verge

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Le real numérique se fait attendre • La Banque centrale du Brésil a annoncé un retard dans le lancement du real numérique (D-Rex) pour résoudre des problèmes de confidentialité. La phase 2, prévue pour le troisième trimestre 2024, élargira les cas d'utilisation et inclura la participation de la Commission des valeurs mobilières (CVM) dans la gouvernance. Cela permettra de tester des solutions de confidentialité dans un environnement plus complexe pour assurer la conformité légale et améliorer la sécurité des transactions. La plateforme Drex utilise une version autorisée d'Hyperledger Besu, un client open-source d'Ethereum.
    Pour en savoir plus : Ledger Insights

SÉCURITÉ

  • Les banques centrales convaincues par la GenAI • Les banques centrales se tournent de plus en plus vers l'IA générative pour améliorer leur cybersécurité, selon un rapport de la BRI (Banque des règlements internationaux). Parmi les banques interrogées, 71 % utilisent déjà l'IA générative et 26 % prévoient de l'intégrer prochainement. Ces outils ont prouvé leur efficacité pour détecter les menaces cybernétiques et accélérer les temps de réponse. L'ingénierie sociale et les attaques de type zero-day restent des préoccupations majeures, mais la BRI prévoit que l'IA générative pourrait remplacer le personnel pour les tâches routinières de cybersécurité.
    Pour en savoir plus : Cointelegraph

QUANTUM

  • Des qubits sur le spin • Des chercheurs de l'université de Bâle sont parvenus à utiliser des qubits basés sur les spins des électrons et des trous. Le spin est une propriété quantique d'une particule, similaire à une petite boussole, qui peut pointer vers le haut ou vers le bas, représentant les états 0 et 1 en informatique. Un trou est l'absence d'un électron dans un matériau, agissant comme une particule positive. Les chercheurs ont réussi à contrôler ces qubits pour effectuer des calculs rapides et fiables, ouvrant la voie à des ordinateurs quantiques plus efficaces.
    Pour en savoir plus : Sci Tech Daily

ROBOTS

Des robots pour servir le café

Au siège de l’entreprise sud-coréenne Naver, une centaine de robots autonomes animent un restaurant Starbucks.

Au cœur de la tour Naver 1784, une centaine de robots autonomes, appelés Rookie, servent des commandes dans un café Starbucks. Située à Seongnam, en Corée du Sud, la tour abrite le siège de l'entreprise technologique sud-coréenne Naver notamment connue pour son moteur de recherche du même nom. Ce bâtiment de 36 étages intègre en effet des innovations en robotique, en intelligence artificielle et en services cloud. Il constitue la plus grande plateforme de test robotique au monde.

La tour des robots

Les robots Rookie sont des robots autonomes dont l’intelligence est entièrement basée dans le cloud. Ils opèrent grâce à une plateforme appelée AI, Robot and Cloud (ARC), un système d'intelligence multi-robot basé sur Naver Cloud et un réseau 5G. Cette configuration permet à Rookie de naviguer de manière autonome à travers les étages du bâtiment, transportant des aliments, des boissons et d'autres articles à divers emplacements.

Équipés de roues et d'un compartiment de stockage, les robots Rookie sont conçus pour transporter divers objets. Ils utilisent leur "ARC eye" pour une navigation intérieure précise, même là où le GPS échoue, et leur "ARC brain" pour gérer la planification et le traitement des mouvements et des tâches. Rookie est également compatible avec le Roboport de Naver, premier ascenseur au monde conçu spécifiquement pour le transport de robots autonomes.

Un robot ambidextre

En complément des robots Rookie, Naver utilise Ambidex, un robot à deux bras conçu pour des interactions sûres et précises avec les clients, notamment au restaurant Starbucks de la tour. Grâce à une structure à câbles, Ambidex peut manipuler des charges lourdes avec rapidité et précision.

Naver se concentre sur trois domaines principaux de recherche robotique : la popularisation des robots de service, l'interaction naturelle entre les humains et les robots, et l'intelligence artificielle pour les robots. Le système ARC permet une coexistence harmonieuse entre les robots et les humains grâce à des données de haute précision et des algorithmes innovants. Les robots peuvent devenir intelligents simultanément grâce à un réseau à très faible latence les connectant au système ARC.

Le recours au cloud computing pour contrôler simultanément plusieurs robots réduit les coûts de production et de maintenance. En effet, des ordinateurs cloud à haute performance peuvent gérer plusieurs robots en même temps, optimisant ainsi l'efficacité et les ressources.

Pour en savoir plus :

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • Clarins lance Clara, un chatbot basé sur Microsoft Azure OpenAI conçu pour personnaliser la relation client. 

  • Les géants français de la beauté rivalisent depuis l’année dernière d’innovation d’IA, mais les outils restent perfectibles. 

  • Après L’Oréal au CES, c’est à Vivatech que l’IA s’est mise au service de la beauté.

L’IA se refait une beauté

Les géants français de la beauté multiplient les initiatives IA et notamment les chatbots destinés à proposer une expérience à leurs clients : focus sur LVMH, L’Oréal et le dernier venu, Clarins.

“L’IA se refait une beauté (Qant, M. de R. avec Midjourney)“L’IA se refait une beauté (Qant, M. de R. avec Midjourney)

A l'occasion du salon Vivatech qui s'est clos le week-end dernier, le groupe français de beauté Clarins a lancé Clara, un chatbot d'IA générative destiné à améliorer les interactions digitales avec ses clients. La marque explique que Clara est basé sur la plateforme Microsoft Azure OpenAI, et intègre les données du site de Clarins, les questions du service client et les informations des coachs beauté pour offrir des réponses personnalisées et instantanées, grâce à des interactions en langage naturel. Disponible en anglais sur le site américain de la marque, Clara vise à être déployé mondialement après la phase de test et d’optimisation. La rédaction de Qant a testé Clara.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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