L’IA croque la pomme

X.AI lève 6 milliards •Apple présentera début juin son accord avec OpenAI et ses services d’IA • Le déploiement de la recherche générative de Google souffre d’hallucinations • Vivatech triomphe • Le Monde à la portion congrue • Les républicains américains se mobilisent contre le dollar numérique • Bienvenue dans Qant, lundi 27 mai 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

X.AI réunit 6 milliards de dollars

La start-up d'IA d'Elon Musk xAI, vient d'annoncer avoir levé 6 milliards de dollars (5,5 Md€) lors de son dernier tour de financement (lire Qant du 24 mai et du 29 avril). Cette levée de fonds place la valorisation de l'entreprise à 18 milliards de dollars (16,6 Md€) avant l'investissement. Le financement a été notamment assuré par Sequoia Capital, Andreessen Horowitz et la famille royale saoudienne (Saudi Arabia's Kingdom Holding). Ce financement permettra à X.AI, qui entraîne ses modèles sur X-Twitter, de se doter des ressources nécessaires pour rattraper les leaders du marché, OpenAI, Google et Meta.

Pour en savoir plus :

L’ÉVÉNEMENT

Apple fourbit ses IA

L’accord avec OpenAI semble confirmé, mais les négociations avec Google continuent. Apple l’accompagnera début juin d’une multitude d’annonces.

“L’avenir IA de la pomme” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“L’avenir IA de la pomme” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Le retard d’Apple dans l’IA tient à un chiffre. Ses investissements l’an dernier se sont élevés à 10 milliards de dollars (9 Md€) – moins que ce que Microsoft et Meta dépensent en un trimestre. Certes, la firme à la pomme dépense deux fois plus en R&D que ce qu’elle investit en “capex”, mais le résultat d’avoir fait l’impasse sur le cloud est là. Son projet de grand modèle de langage Ajax n’a abouti qu’à quelques petits modèles optimisés pour l’iPhone (lire Qant du 26 avril et du 29 avril ainsi que, pour Ajax, du 24 octobre 2023). La voici contrainte, pour avoir un chatbot sur ton téléphone, à passer un accord avec OpenAI, et donc Microsoft pour l’hébergement. D’après Bloomberg, il sera annoncé le 10 juin. 

Pour ne pas risquer de devenir l’otage de Microsoft et OpenAI, Apple continue de négocier en parallèle avec Google, dont le modèle Gemini Nano sert de fondation aux IA du Samsung S24 (lire Qant du 15 mai et du 18 janvier). Et elle présentera le 10 juin une foule de fonctionnalités nouvelles pour iOS 18 et MacOS 15, sous le nom de code de “Projet Matière grise”.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Alphabet, Google, Kia, Le Monde, Meta, OpenAI, VivaTech

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • De la colle sur la pizza de Google • Le déploiement de la recherche générative par Google tourne à la débâcle. Honnis par les petits sites et les créateurs de contenu, qui craignent de voir leur trafic s’évaporer, les AI Overviews ont généré plusieurs hallucinations la semaine dernière, transformés en “memes” sur les réseaux sociaux. Dans le plus fameux, ils suggèrent à un utilisateur d'ajouter de la colle sur une pizza pour que le fromage tienne – une suggestion humoristique sur un forume de Reddit transformée en conseil sérieux par Gemini, qui précise qu’il faut choisir “une colle non toxique”. Google a reconnu ces hallucinations et les a attribuées à des requêtes peu fréquentes. Le groupe a rappelé que l'outil était encore expérimental (lire Qant du 15 mai) et il s’emploie, en attendant, à désactiver les recherches incriminées. De peur que Gemini ne prenne le chemin de Bard.
    Pour en savoir plus :
    The Verge

  • Le petit jackpot de l’IA que touche Le Monde pâlit face à ses rivaux • Selon les information des Échos et du Wall Street Journal, démenties par le groupe Le Monde, le quotidien français va toucher 2 à 3 millions d'euros par an de la part d'OpenAI, dans le cadre de l'accord pluriannuel signé entre les deux parties (lire Qant du 14 mars). News Corp, notamment propriétaire du Wall Street Journal et de Fox News, a conclu en revanche un contrat de 250 millions de dollars (230 millions d'euros) sur cinq ans avec OpenAI (lire Qant du 24 mai). Le groupe Axel Springer bénéficierait de 25 à 30 millions de dollars (entre 23 et 27,5 millions d’euros) sur trois ans ; le Financial Times entre 5 et 10 millions de dollars (entre 4,6 et 9,2 millions d'euros). L'AFP et l'Alliance de la presse d'information générale seraient également en négociation.
    Pour en savoir plus :
    Les Echos, Wall Street Journal

  • Les Big Tech font la cour à Hollywood • Google et OpenAI, mais aussi Meta, négocient avec plusieurs studios hollywoodiens des licences pour leurs logiciels de génération vidéo par intelligence artificielle . En effet, les studios cherchent un moyen d'utiliser l'IA pour réduire leurs coûts tout en protégeant leur propriété intellectuelle. Ils pourraient donc tirer des recettes du développement d’EMU (Meta), Sora (OpenAI) et Veo (Google), tout en économsant sur la production. Selon une étude citée par Brookings, l’IA pourrait supprimer plus de 100 000 emplois dans l’audiovisuel dans les années qui viennent (lire Qant du 16 mai et, pour EMU, du 28 septembre 2023).
    Pour en savoir plus : Bloomberg, Pymnts

  • Record d’affluence pour Vivatech, propulsé par l’IA • Le salon VivaTech, qui s'est clôturé à Paris samedi soir, a battu son record d'affluence avec 165 000 visiteurs. 13 500 start-up sont venues à la rencontre des grands groupes exposants. L'IA, présente sur tous les stands, a joué le rôle de star du salon. La France y a annoncé des investissements significatifs, notamment un fonds de 400 millions d'euros et le doublement des talents formés en IA (lire Qant du 22 mai).
    Pour en savoir plus :
    Les Echos

ROBOTS

ChatGPT dans l'habitacle

Le coréen Kia présente l’EV3, un véhicule électrique muni d’un assistant vocal basé sur ChatGPT.

Le fabricant automobile coréen Kia vient de présenter son dernier modèle de SUV électrique compact, l'EV3, équipé d'un assistant vocal basé sur ChatGPT. Kia a apporté des modifications significatives à ChatGPT pour l’adapter à une utilisation automobile. Ces personnalisations permettent à l'assistant de mieux aider les conducteurs à planifier des trajets, contrôler les fonctions du véhicule et trouver des options de divertissement comme de la musique ou des jeux. Les capacités de l'assistant vont au-delà des commandes de base. Grâce à ChatGPT, elles visent à offrir une interaction plus naturelle et conversationnelle. 

L'intégration de l'IA dans le Kia EV3 s'inscrit dans une tendance plus large de l'industrie automobile, où des fabricants comme BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen explorent également l'utilisation de l'IA générative pour améliorer l'expérience en voiture. Ces systèmes d'IA promettent de transformer les assistants vocaux de simples outils souvent frustrants en partenaires de conversation. 

L'EV3 sera lancé en Corée du Sud en juillet, suivie au deuxième semestre par l’Europe et les États-Unis.

Pour en savoir plus :

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Feu vert pour les ETF ether à New York  • La SEC vient d'approuver la création de fonds négociés en bourse (ETF) pour l'ether, moins de six mois après l'approbation des ETF bitcoin. Neuf émetteurs, dont VanEck, ARK Investments/21Shares et BlackRock, espèrent lancer ces ETF. Les émetteurs doivent encore obtenir l'approbation de la SEC pour les déclarations d'enregistrement avant de pouvoir commencer à les négocier.
    Pour en savoir plus :
    CNBC

  • Les républicains américains à l’assaut de la monnaie numérique • Après avoir voté un projet de loi de libéralisation des cryptomonnaies (lire Qant du 24 mai), la chambre des représentants des États-Unis, à majorité républicaine, vient d'adopter un projet de loi connu sous le nom de CBDC Anti-Surveillance State Act, qui vise à empêcher la création d’un dollar numérique. Le vote s'inscrit dans la ligne directrice de l'aile trumpienne du parti républicain, résolument pro-bitcoin et anti-dollar numérique, car ce dernier pourrait devenir un outil de surveillance financière et fiscale. Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat, où il a peu de chances d'être adopté avant les élections de fin d'année.
    Pour en savoir plus :
    Axios

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • Les annonces d’Apple à sa conférence pour les développeurs se précisent.

  • L’accord avec OpenAI devrait être présenté dès le 10 juin, mais le constructeur continue de négocier avec Google afin de proposer de multiples chatbots à ses utilisateurs.

  • Les IA d’Apple  permettront de proposer aux utilisateurs d’iOS 18 et MacOS15 une recherche améliorée par l’IA en local et via Safari, ainsi que des des services IA pour la  retouche photo,  la transcription de mémos vocaux, des brouillons de mails et de SMS, et même la génération d’emoji sur mesure.

L’IA croque la pomme

La conférence d’Apple pour les développeurs s’ouvrira le 10 juin prochain. Outre le partenariat avec OpenAI, les premiers éléments du rôle de l’IA dans l’univers du Mac et de l’iPhone se précisent.

“L’IA débarque dans la pomme” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“L’IA débarque dans la pomme” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Au cœur de la nouvelle stratégie d’Apple se trouve le projet Greymatter, “Matière Grise”, un ensemble d'outils IA intégrés dans des applications clés comme le navigateur Safari ou les applications Photos et Notes. Il comprend également des fonctionnalités du système d'exploitation telles que des notifications améliorées. La plupart des traitements IA seront effectués directement sur l'appareil : seules les tâches nécessitant plus de puissance seront déléguées au cloud.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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