La Corée du Sud renonce à son projet de monnaie numérique au profit des stablecoins • Duel cyber entre Tel-Aviv et Téhéran • Une Tesla se livre seule à un premier client • Comment l’IA réinvente le métier de freelance • Fair use et copyright : la jurisprudence américaine évolue-t-elle réellement ? • Bienvenue dans Qant, mardi 1er juillet 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Séoul construit le pont vers les stablecoins. • Qant avec GPT-4o
La Bank of Korea a interrompu la seconde phase de son projet pilote de monnaie numérique de banque centrale, initialement prévue pour le quatrième trimestre 2025, selon Bloomberg.
Cette décision intervient alors que le président Lee Jae Myung promeut une large implication du secteur privé dans l’émission de stablecoins adossés au won, par le biais notamment d’un projet de loi autorisant les entreprises disposant d’au moins 500 millions de wons de capital à en émettre (lire Qant du 26 juin).
Un projet de loi en cours d'examen vise à encadrer l’émission de stablecoins, avec des exigences de licence, une gestion des réserves et des mécanismes de protection des utilisateurs.
EN FILIGRANE. La dérive d’une CBDC. L’an dernier encore, la Corée resserrait la règlementation sur les stablecoins en les soumettant à une forme de contrôle des changes (lire Qant du 10 octobre 2024). Le projet « Han River », qui impliquait sept banques, devait inclure des fonctionnalités comme les paiements marchands et les transferts entre particuliers, semble avoir été freiné par des coûts élevés et une absence de stratégie claire. Mais surtout, par le changement de président : Lee Jae-myung, élu le 4 juin dernier, est connu pour ses positions en faveur des cryptos.
À SURVEILLER : Contrer les stablecoins dollar. Huit grandes banques commerciales sud-coréennes ont déjà lancé une initiative commune pour développer un stablecoin indexé sur le won. Au premier trimestre, les échanges en stablecoins indexés sur le dollar, auraient dépassé 57 000 milliards de wons (35,8 Md€). Il leur faudra donc remonter la pente, alors que le nouveau gouvernement prévoit de libéraliser les ETF cryptos et l’investissement institutionnel en cryptoactifs.
La manticore iranienne attaque Israël. • Qant avec GPT-4o
Le groupe Educated Manticore, affilié au corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran, a lancé plusieurs attaques de type spear-phishing visant des journalistes, experts en cybersécurité et professeurs d’universités israéliennes, selon Checkpoint Research.
Les attaquants usurpent l’identité de collaborateurs d’entreprises technologiques. Ils contactent leurs cibles via emails ou messages WhatsApp pour établir un premier lien de confiance.
Les victimes sont ensuite redirigées vers des pages frauduleuses imitant Google ou Google Meet, conçues pour collecter identifiants et codes de double authentification.
Le kit de phishing utilisé, bâti sur React, permet la capture en temps réel des frappes clavier et le contournement des mécanismes de sécurité de Google grâce à des connexions WebSocket.
L’infrastructure de l’opération, active depuis janvier 2025, comprend plus de 130 domaines enregistrés, avec des noms trompeurs et hébergés principalement via NameCheap.
À SURVEILLER : De Stuxnet à l’IA. Le duel entre Tel-Aviv et Téhéran a toujours eu une dimension cyber souterraine : elle a émergé avec Stuxnet, un ver informatique découvert en 2010 qui avait saboté les centrifugeuses du centre de Natanz. Alors que l’offensive israélienne a quitté le seul cyberespace, la campagne iranienne, elle, a été amplifiée par l’usage d’outils d’intelligence artificielle, qui se révèlent particulièrement efficaces pour le phishing.
Une Tesla Model Y a été acheminée sans conducteur depuis la gigafactory d’Austin jusqu’à un immeuble résidentiel de la ville, sur des routes urbaines et des autoroutes, selon Tesla.
La vidéo publiée par Tesla sur X montre un trajet de 30 minutes, sans opérateur de sécurité ni conducteur de secours, du parking de l’usine jusqu’au trottoir du client.
Elon Musk a déclaré qu’il s’agissait du « premier trajet totalement autonome » d’un véhicule sur autoroute publique sans intervention humaine, bien que Waymo ait déjà réalisé des trajets similaires dès 2024.
Tesla n’a pas précisé quelle version logicielle ou matérielle a été utilisée, ni quand elle pourrait être disponible pour le grand public.
À SURVEILLER : Un robotaxi pour Tobrouk. Le lancement récent du service robotaxi de Tesla à Austin (lire Qant du 24 juin) a été entaché de dysfonctionnements, avec des freinages intempestifs et des erreurs de navigation, et fait actuellement l’objet d’une enquête des autorités de circulation. L’autolivraison d’hier arrive à point nommé pour conforter le projet de robotaxi Tesla, dont les résultats, pratiques et sécuritaires, doivent conforter les promesses d’Elon Musk, qui fondent les multiples de l’entreprise alors que la marque fait face à un recul de ses ventes et une vive concurrence internationale.
Un million de robots et une IA • Amazon a présenté hier un nouveau modèle d’IA robotique tout en annonçant avoir déployé un million de robots dans ses entrepôts : 75 % de ses livraisons sont désormais assistées par un robot. 700 000 employés ont été formés à leur utilisation, alors que le nombre moyen d’humains par entrepôt décroît petit à petit : de quelque 800 en 2015 en moyenne à moins de 700 dix ans plus tard. Baptisé DeepFleet, le modèle d’IA optimise les déplacements des robots dans les centres de traitement des commandes. Une équipe consacrée à l’IA agentique travaille à rendre les robots plus autonomes et capables d’interagir en langage naturel. Amazon utilise par ailleurs l’IA générative pour enrichir le GPS de ses livreurs, et un modèle dédié pour anticiper les évolutions de la demande et donc les produits entreposés. En savoir plus…
Un freelance à l’ère de l’IA. • Qant avec GPT-4o
La collaboration humain-IA inspire deux fois plus de confiance que les résultats produits par l’IA seule, 66 % des clients faisant confiance à des freelances utilisant l’IA contre 26 % pour l’IA sans supervision humaine, d’après une étude de l’Upwork Research Institute, issu de la plateforme américaine de recrutement de travailleurs indépendants.
L’IA génère une transformation multidimensionnelle du travail, avec plus de 130 catégories analysées et des milliards de dollars de revenus de freelances examinés sur six mois.
Sur Upwork, les revenus issus de missions liées à l’IA ont augmenté de 25 % sur un an, avec une prime horaire de plus de 40 % par rapport aux autres missions, notamment pour les experts en machine learning et les designers intégrant des outils génératifs.
L’IA remplace certains travaux répétitifs et peu complexes, comme la rédaction de contenus ou l’extraction de données, mais les freelances s’adaptent en montant en compétences pour accéder à des postes plus stratégiques.
À SURVEILLER : Le rôle du généraliste. De nouvelles opportunités apparaissent pour des profils généralistes maîtrisant à la fois le codage, la conception et les outils d’IA, notamment dans des domaines comme le développement web, la cybersécurité ou la gestion de projets. Ce profil de professionnel polyvalent, capable de combiner compétences humaines et maîtrise de l’IA, pourrait devenir central dans un marché du travail en rapide mutation.
La plainte contre Meta a été rejetée pour faiblesse juridique, le juge estimant que les arguments avancés ne montraient pas une atteinte suffisante aux droits d’auteur des écrivains. Dans l’affaire Anthropic, le tribunal a considéré que transformer des livres en données d’entraînement était légal, mais a dénoncé le recours à des copies piratées, qui pourrait entraîner des dommages financiers majeurs.
Isabelle Szczpanski, d’Electron Libre, analyse en profondeur ces deux jugements.
Meta gagne par forfait. • Qant avec GPT-4o
“Le juge Chhabria explique que, dans la plupart des cas, les développeurs d’IA générative devront obtenir des autorisations et rémunérer les ayant-droit pour pouvoir entraîner leurs outils (...) Pour les prochains auteurs qui envisageraient des poursuites, il s’agira de démontrer l’effet négatif de l’entraînement d’IA avec des œuvres protégées sur le marché des œuvres similaires. C’est d’ailleurs ce qu’avait engagé à faire la décision Thomson Reuters v Ross. Pourquoi les avocats des auteurs qui ont porté plainte contre Meta n’ont pas suffisamment prêté attention à cette décision datant de février est un mystère…”
"Kadrey v Meta : victoire en demi-teinte de Meta"
“Il résulte de cette décision que, sauf appel probable des auteurs, l’exception pour fair use s’applique à l’entraînement de Claude avec des œuvres protégées acquises de manière légale. Il ne fait pas de doute que la question de la conciliation entre le jugement du juge Alsup et celui adopté dans le Delaware en février fera couler beaucoup d’encre. Comment en effet un répertoire aussi peu original que celui de Thomson Reuters – l’organisation de décisions de justice et leur résumé – peut-il être en dehors du champ de l’exception de fair use, alors que des livres orignaux y figureraient ? (...) il faudra attendre que l’un de ces procès atterrisse devant la Cour suprême.”
"IA & copyright : Anthropic bénéficie du fair use”
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L’IA médecin simule l’humain • Microsoft vient de présenter MAI-DxO, un système d’intelligence artificielle capable de surpasser des médecins dans le diagnostic de cas médicaux complexes, avec un taux de réussite supérieur à 80 % sur plus de 300 études de cas du New England Journal of Medicine, contre 20 % pour des médecins testés sans assistance. Ce système associe un orchestrateur diagnostique à divers modèles existants, dont le modèle o3 d’OpenAI, pour simuler une équipe de médecins identifiant les examens nécessaires et établissant un diagnostic. Microsoft précise que cette technologie, plus efficiente en matière de prescription de tests, n’est pas encore prête pour un usage clinique. En savoir plus…
TomTom intègre l’IA mais perd son chemin • L'entreprise néerlandaise TomTom annonce la suppression de 300 postes, soit environ 10 % de ses effectifs, dans le cadre d’une réorganisation visant à intégrer l’intelligence artificielle et à réduire ses pertes financières. Le fabricant de système GPS précise que les suppressions concernent des fonctions liées à la couche applicative, aux ventes et au support. TomTom, qui emploie environ 3 600 personnes, prévoit une baisse de son chiffre d’affaires de 574 millions d’euros en 2024 à une fourchette comprise entre 505 et 565 millions d’euros en 2025. En savoir plus…
Meta gagne par forfait. • Qant avec GPT-4o
Décidément la semaine dernière n’a pas été bonne pour les ayants-droit. Le 23, un juge de San Francisco a admis comme valide l’exception pour « fair use » dans l’affaire Bartz, opposant des auteurs de livres à la société d’IA générative Anthropic. C’est une déception pour le monde de la création, et ce même si le juge prévient qu’Anthropic va devoir payer une lourde réparation pour avoir utilisé des œuvres piratées pour construire la librairie qui a permis d’entraîner son LLM Claude (lire ci-dessous).
Le 24, un autre couperet est tombé : le juge Vince Chhabria, également issu de la District Court de San Francisco, a décidé de donner raison à Meta dans une affaire similaire, dans laquelle plusieurs auteurs de livres estimaient que Meta avait violé leur copyright en entraînant LLaMa avec leurs œuvres, sans autorisation. Chose étonnante, le juge Chhabria semble adopter sa décision à contrecœur, et prévient les développeurs d’IA que c’est du fait des mauvais arguments des auteurs qu’il a donné raison à Meta, mais qu’à l’avenir, il est probable qu’ils perdent la plupart de leurs procès.
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