Des agents partout, du navigateur Web à la voiture

Google prépare un agent d’IA dans Chrome et Coinbase donne à ses utilisateurs les outils pour en créer • Volvo et Verses AI créent un modèle et des agents d’IA pour la conduite autonome • Hong-Kong se prépare à réguler l’IA dans la finance • Réglementer l’IA sans perdre de vue le bien public • Bienvenue dans Qant, mardi 29 octobre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Google prépare un agent d’IA pour tous…

  • Google travaille sur un système d'intelligence artificielle, nommé Project Jarvis, conçu pour exécuter des tâches automatisées dans le navigateur Chrome, selon The Information. Il pourrait être présenté dès le mois de décembre prochain, pour une première phase de tests.

  • Jarvis s'adressera principalement aux utilisateurs individuels. Il pourra effectuer des actions comme des recherches, des achats en ligne ou la réservation de vols. 

  • Basé sur une nouvelle version de Gemini, Jarvis interprétera des captures d’écran en temps réel pour interagir avec des éléments du navigateur. Les délais entre les actions sont encore de quelques secondes. 

  • À SURVEILLER : La concurrence. La semaine dernière, Anthropic a présenté des fonctionnalités similaires pour son modèle Claude 3.5 Sonnet. Il se réserve toutefois aux entreprises, alors que Google prend le risque du grand public.

… Et Coinbase propose à ses utilisateurs de créer les leurs

  • Coinbase a présenté un nouvel outil basé sur son kit de développement (SDK). Appelé Based Agent, il permet aux utilisateurs de crypto de créer un agent d’IA pour leur portefeuille crypto.

  • Une fois configuré, l’agent de l’utilisateur peut se connecter à des contrats intelligents pour réaliser des échanges, du staking et gérer d’autres opérations cryptos de manière autonome. L’agent peut aussi enregistrer un nom de base unique, facilitant l'identification sur la blockchain.

  • À SURVEILLER : L’automatisation des transactions cryptos. Presque simultanément, Tether a présenté un SDK pour développer des applications cryptographiques sur la base de modèles d’IA open source comme Llama de Meta. Le business angel James Ross, créateur de Mode Network, estime que 80 % des transactions sur les blockchains seront effectuées par des agents d’ici douze mois.

Abandonner notre avenir aux mercenaires de l'IA

Par Katharina Pistor (Columbia Law School)

Les décideurs politiques semblent plus qu'heureux de lâcher la bride aux entreprises qui commercialisent l'intelligence artificielle. Une fois de plus, les bénéfices resteront privés, mais les coûts futurs seront inévitablement supportés par le public.

Katharina Pistor (Columbia Law School)

C'est la première fois que le prix Nobel, dans le domaine des sciences naturelles, est décerné à des employés d'une multinationale. (...) Que l'Académie suédoise l'ait voulu ou non, sa décision d'inclure les chercheurs de Google contribue à légitimer la privatisation de la science, qui ne fait plus partie des biens communs de l'humanité.”

“Les gouvernements jouent le jeu de l'industrie, en cédant des années de recherche financée par des fonds publics sans garantir que le public ait son mot à dire sur l'utilisation qui en est faite. La législation californienne aurait exigé que les modèles d'IA comprennent une capacité d'arrêt complet en cas de problème, mais cette disposition a été supprimée avec le reste du projet de loi.”

Hong Kong, Nabla, OpenAI

  • Le robot qui hallucinait à l’oreille du docteur • Une équipe de chercheurs américains a découvert que Whisper, l’outil de transcription d’OpenAI utilisé dans de nombreux hôpitaux, peut parfois inventer des phrases entières lorsque des silences surviennent dans les enregistrements. Il génère alors des phrases incohérentes, voire inappropriées. Déjà utilisé pour transcrire environ 7 millions de consultations médicales, Whisper est notamment exploité par la start-up française Nabla. En savoir plus… 

  • L’IA entre dans la finance hongkongaise • Le Financial Services and Treasury Bureau (FSTB), une branche de l’administration locale de Hong Kong, vient d’annoncer une politique "à double voie" pour intégrer l'intelligence artificielle dans le secteur financier, notamment dans le service client, la recherche et l’analyse de données, l’élaboration de stratégies d’investissement, la gestion du risque et la prévention des fraudes. Le FSTB collaborera avec le gendarme financier, la Securities and Futures Commission (SFC), pour garantir une adoption responsable de l'IA, avec des directives spécifiques attendues en novembre. En savoir plus…

Conduite autonome : des agents pour prévoir l’imprévisible

Verses AI et Volvo Cars présentent un écosystème d’agents pour anticiper les trajectoires et gérer les zones d’ombre en conduite autonome.

Présentation de Genius Beta • Source : Verses AI

Cet été, la canadienne Verses AI a mis à la disposition des développeurs partenaires, sous le nom de "Genius Beta", les outils pour développer des agents d’IA sur la base de ses “world models”, des modèles probabilistes structurés qui se veulent une architecture nouvelle d’intelligence artificielle. En partenariat avec Volvo Cars, son laboratoire de recherche, basé à Los Angeles, vient de présenter un projet qui améliore les capacités des véhicules autonomes à anticiper l’apparition de piétons, cyclistes et véhicules masqués par des objets fixes dans l’environnement. Le projet s’appuie sur l’expertise de Volvo en matière de sécurité et sur la technologie de Verses pour développer des modèles capables de traiter l’incertitude liée aux éléments partiellement ou totalement invisibles dans le champ de vision du véhicule.

L’US Army veut des soldats multimodaux

  • L'armée américaine a lancé un appel aux industriels pour développer des interfaces homme-machine multimodales, destinées à contrôler des systèmes de réalité mixte et des robots autonomes

  • Ce projet vise à réduire la charge cognitive des soldats tout en améliorant leur conscience situationnelle grâce à des technologies comme les interfaces vocales, la reconnaissance gestuelle et les dispositifs de retour de force. 

  • Les solutions proposées doivent intégrer des technologies avancées, comme le suivi oculaire et les interfaces cerveau-ordinateur (BCI), tout en respectant des exigences strictes de performance et de sécurité. 

  • À SURVEILLER : La robotisation du combat. Ce projet pourrait accélérer l'intégration de robots autonomes dans les opérations militaires, réduisant ainsi les risques pour les soldats sur le terrain.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• L'avenir de la technologie est externalisé aux entreprises privées, tandis que les risques sont assumés par le public.

• Anticiper l’invisible : un nouvelle approche d’IA fondée sur des agents aide les véhicules autonomes à deviner ce qui se cache derrière les obstacles.

Abandonner notre avenir aux mercenaires de l'IA

Par Katharina Pistor, professeure de droit comparé à la Columbia Law School.

Les décideurs politiques semblent plus qu'heureux de lâcher la bride aux entreprises qui commercialisent l'intelligence artificielle. Une fois de plus, les bénéfices resteront privés, mais les coûts futurs seront inévitablement supportés par le public.

Katharina Pistor (Columbia)

Le mois dernier, le gouverneur de Californie Gavin Newsom a opposé son veto à un projet de loi sur la sécurité de l'intelligence artificielle (lire Qant du 1er octobre) et l'Académie royale des sciences de Suède a décerné le prix Nobel de chimie à David Baker, professeur à l'université de Washington, ainsi qu'à Demis Hassabis et John M. Jumper, employés de DeepMind, filiale de Google, et de son entreprise dérivée Isomorphic Labs. Ces deux événements peuvent sembler avoir peu de choses en commun, mais, pris ensemble, ils suggèrent que l'externalisation de l'avenir de l'humanité à des sociétés privées cherchant à maximiser leurs profits est quelque chose dont il faudrait se réjouir.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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