L’actrice, le robot, le traducteur… et l’IA

Deepl atteint 2 milliards de valorisation • OpenAI s’associe avec News Corp, mais son problème dépasse les droits d’auteur • Snap porte ses lentilles AR sur Chrome • Londres propose des ETP cryptos • Un jour, les robots grefferont des têtes entières. Peut-être. • Bienvenue dans Qant, vendredi 24 mai 2024

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

VERBATIM

«xAI est une petite société, nous avons encore du retard à rattraper ».
Elon Musk, hier à Vivatech.

  • “À quelques centaines de millions près”, X.AI a quasiment conclu une levée de fonds de 6 milliards de dollars (5,5 Md€), indique le Financial Times ce matin (lire aussi Qant du 29 avril). Elle sera souscrite par le gratin du capital-risque de la Silicon Valley : Lightspeed Venture Partners, Andreessen Horowitz, Sequoia Capital and Tribe Capital, sur une valorisation post-money de 24 milliards de dollars (22 Md€). Le pitch d’Elon Musk porte sur la transparence dans les avancées vers l’intelligence artificielle générale et sur la factualité de son modèle Grok, qui lui “dit la vérité”. Tout comme Musk.
    Pour en savoir plus : Financial Times


Elon Musk joue au poker (Qant avec Midjourney)Elon Musk joue au poker (Qant avec Midjourney)

L’ÉVÉNEMENT

Deepl, une double licorne à l’assaut du BtoB

Une nouvelle levée de fonds permet à la pépite allemande de l’IA d’atteindre une valorisation de 2 milliards de dollars, alors que l’entreprise s’oriente vers le BtoB et le marché asiatique.

“La licorne Deepl affiche son ambition” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“La licorne Deepl affiche son ambition” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

La plateforme de traduction alimentée par l'intelligence artificielle Deepl a annoncé ce mercredi avoir levé 300 millions de dollars (276 millions d'euros) lors d'un tour de financement orchestré par Index Ventures. Cette levée de fonds donne à Deepl une valeur de 2 milliards de dollars (1,84 milliard d'euros), soit le double de la valorisation atteinte en janvier 2023.

Fondée en 2017 à Cologne en Allemagne, Deepl utilise un modèle d'IA générative propriétaire conçu pour offrir un niveau de sophistication, de précision et de compréhension idiomatique inédit dans la traduction commerciale. La start-up compte actuellement plus de 100 000 clients issus de divers secteurs, notamment le groupe de médias japonais Nikkei, le fournisseur de cours en ligne Coursera, la société ferroviaire allemande Deutsche Bahn et l'entreprise de logiciels Zendesk. Cependant, cette base d'utilisateurs ne représente qu'une petite partie du marché potentiel de l'entreprise, qui vise à l'élargir de manière significative.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

Droits d’auteur : le jeu risqué d’OpenAI

Le groupe News Corp, notamment propriétaire du Wall Street Journal, vient de signer un accord avec OpenAI pour donner accès à ses publications aux modèles de l’entreprise. Un nouveau coup de force dans le contexte tendu de la polémique avec Scarlett Johansson.

“Scarlett Johansson en conflit avec le robot” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Scarlett Johansson en conflit avec le robot” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

OpenAI a conclu ce jeudi un accord avec le groupe de médias News Corp permettant l'accès aux archives et articles actuels de nombreuses publications, notamment le Wall Street Journal, le New York Post, le Times de Londres et le Daily Telegraph. Cet accord pluriannuel, estimé à plus de 250 millions de dollars sur cinq ans, donne à OpenAI l'accès aux articles des titres de News Corp ainsi qu'à leurs archives, pour entraîner ses modèles IA et répondre aux questions de leurs utilisateurs. Le groupe News Corp rejoint ainsi la liste de plus en plus longue des médias ou conglomérats ayant signé de tels accords avec OpenAI, qui comprend Le Monde, The Financial Times, El Paìs, l’agence Associated Press (lire Qant du 14 mars et du 14 décembre 2023). Le New York Times se retrouve ainsi de plus en plus isolé dans son procès contre OpenAI.

Les déboires d’OpenAI avec le monde des créateurs et des artistes, cependant, ont été remis sur le devant de la scène ces derniers jours avec l’affaire opposant l’entreprise à la star américaine Scarlett Johansson. En début de semaine, l'actrice a accusé OpenAI d'avoir utilisé ses enregistrements publics pour créer Sky, une des voix du nouveau ChatGPT (lire Qant du 22 mai), sans son consentement. OpenAI a nié toute intention de copier sa voix et a suspendu l'utilisation de Sky pour éclaircir la situation. Depuis, la polémique ne cesse de gonfler, et elle emmène le conflit au-delà des limites du droit d’auteur.

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L’ESSENTIEL : BrainBridge, Microsoft, Nvidia, Snap, Truecaller, WisdomTree, 21Shares

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Microsoft crashe… • Une panne de l'API de Bing de Microsoft a perturbé les fonctionnalités de recherche de ChatGPT, Copilot, DuckDuckGo et d'autres plateformes. Les services ont été complètement indisponibles ou intermittents pendant plusieurs heures dans la journée de jeudi. Les moteurs de recherche comme DuckDuckGo et Ecosia, qui dépendent de l'API de Bing, ont également affiché des messages d'erreur.
    Pour en savoir plus :
    The Verge

  • Nvidia s’envole • Le succès de ses puces d'intelligence artificielle, les GPU, ne se dément pas : Nvidia a triplé ses ventes au dernier trimestre de son exercice, clos fin avril. Un chiffre d'affaires record de 26 milliards de dollars (23,4 milliards d’euros) et un bénéfice net de 14,9 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) ont dépassé les attentes des analystes. Nvidia prévoit de lancer une nouvelle génération de puces d'IA d'ici à la fin de l'année, ce qui pourrait encore augmenter ses ventes. A la cloture jeudi soir, le cours de Bourse de Nvidia était de 1038 dollars (960 euros).
    Pour en savoir plus : Wall Street Journal, Nikkei Asia

  • Les États-Unis étiqueteront les pubs politiques générées par l’IA • La directrice de la commission fédérale des télécommunications (FCC) américaine Jessica Rosenworcel vient de proposer que les publicités politiques soient contraintes de divulguer l'utilisation de l'intelligence artificielle. Cette règle s'appliquera aux publicités télévisées, radio et câblées, mais pas à celles en ligne ou sur les services de streaming. Le but est d'informer les consommateurs sur l'utilisation de technologies d'IA, notamment les "deepfakes". La proposition doit encore être adoptée par la commission.
    Pour en savoir plus :
    The Hill

  • Un répondeur IA pour Microsoft • La start-up suédoise Truecaller vient de s'associer à Microsoft pour permettre aux utilisateurs de créer une version IA de leur voix afin de répondre aux appels. Grâce à Azure AI Speech, les utilisateurs peuvent enregistrer leur voix, que l'IA apprend pour générer une version vocale similaire. Cette fonctionnalité, intégrée à l'assistant IA de Truecaller, introduit en 2022, permet de filtrer les appels entrants, de les enregistrer, et donc aussi de répondre à la place de l'utilisateur. Microsoft a indiqué ajouter des filigranes aux voix générées et exige le consentement exprès des personnes enregistrées.
    Pour en savoir plus :
    The Verge

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Des ETP cryptos à Londres dès la fin mai • WisdomTree et 21Shares vont lancer des produits négociés en bourse (ETP) adossés à des cryptomonnaies sur la bourse de Londres. Après l'approbation de la Financial Conduct Authority (FCA) britannique, ces ETP seront les premiers du genre au Royaume-Uni, offrant aux investisseurs professionnels une exposition au bitcoin et à l'ether. Les listings sont prévus pour le 28 mai. Le terme d'ETP inclut à la fois les fonds négociés en bourse (ETF) et les notes négociées en bourse ou ETN, qui seront acceptées par la bourse de Londres au second semestre de cette année (lire Qant du 12 mars).
    Pour en savoir plus :
    Reuters

  • À Washington, la Chambre veut libéraliser les cryptos • La Chambre des représentants américaine, à majorité républicaine, a adopté mercredi le Financial Innovation and Technology for the 21st Century Act (FIT 21). Le projet de loi permet aux cryptomonnaies suffisamment décentralisées d'être échangées aux États-Unis et restreint les responsabilités de la SEC. 71 démocrates ont voté pour, mais l'administration Biden a exprimé son opposition et il semble très peu probable que la loi passe le Sénat avant les élections. Le président de la SEC, Gary Gensler, a averti que cette loi pourrait créer des failles dans la régulation financière.
    Pour en savoir plus :
    Axios

AR-VR-MR-XR

  • Des lentilles Snap sur Chrome • Snap vient de lancer une extension pour Google Chrome permettant d'utiliser ses lentilles de réalité augmentée (ou "lenses”) sur une webcam. Nommée "Snapchat Camera for Chrome", cette extension permet d'appliquer des effets de réalité augmentée lors des appels vidéo, des livestreams et des enregistrements vidéo, à condition de se connecter avec un compte Snapchat.
    Pour en savoir plus :
    Engadget

QUANTUM

  • Une menace quantique sur les monnaies numériques • Le Forum économique mondial (WEF) s'est inquiété cette semaine de la vulnérabilité des monnaies numériques de banque centrale aux attaques de décryptage par les ordinateurs quantiques. Le WEF souligne la nécessité pour les banques centrales d'intégrer les capacités cryptographiques pour se défendre contre ces cyberattaques potentielles. Les menaces identifiées incluent l'interception des transactions, l'usurpation d'identité et le décryptage futur des données volées. Le WEF recommande de construire les CBDC avec des protections résistantes aux attaques quantiques dès le départ.
    Pour en savoir plus :
    Coindesk

ROBOTS

Quand les robots perdent la tête, puis la retrouvent

Le biologiste Hashem Al-Ghaili et sa start-up BrainBridge annoncent pouvoir faire transplanter une tête par des bras robotiques par des robots dans une décennie. Sans convaincre grand monde.

La start-up américaine BrainBridge, dirigée par le biologiste moléculaire yéménite Hashem Al-Ghaili, annonce un projet ambitieux : réaliser des greffes de faces et de têtes, par le biais de bras robotiques, d'ici moins de dix ans. Une idée qui semble tout droit sortie d'un film de science-fiction et qui suscite autant de scepticisme que de curiosité. BrainBridge affirme avoir développé un système robotisé capable de greffer une tête sur le corps d'un donneur en état de mort cérébrale, tout en préservant les fonctions cognitives et les souvenirs de l'individu transplanté. L'objectif affiché est d'offrir des solutions aux patients atteints de maladies incurables comme la paralysie, certains cancers, et des maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson.

Un système théorique basé sur des algorithmes d'IA

Le système de BrainBridge utilise des robots chirurgicaux et des algorithmes d'intelligence artificielle pour guider la procédure de transplantation. Grâce à une imagerie moléculaire en temps réel, le système promet une reconnexion précise de la moelle épinière, des nerfs et des vaisseaux sanguins. Cependant, les détails techniques et les preuves concrètes de l'efficacité de cette technologie restent flous.

Il faut rester prudent face à ces annonces spectaculaires. La réparation de la moelle épinière, par exemple, est un défi que la médecine moderne n'a pas encore réussi à surmonter de manière satisfaisante. De plus, les tentatives de greffe de tête n'ont jamais abouti à des résultats probants.

Pour en savoir plus :

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • Deepl, premier champion européen de l’intelligence artificielle

  • Un nouvel accord média pour OpenAI, dans un contexte de tension avec Scarlett Johansson

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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