Vers une crise de confiance dans l'IA

Confrontée aux fakes et aux lanceurs d'alerte, l'opinion fait de moins en moins confiance à l'IA • Singapour pourrait investir dans les puces d'OpenAI • Deutsche Börse se met aux cryptos • Les robots d'Uber Eats livrent leurs premiers repas dans Tokyo • Bienvenue dans Qant, jeudi 7 mars 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

IA : la question de confiance

La confiance du grand public dans l’IA est en chute libre. Et la prolifération de fakes ne redressera pas la situation.

Trois images générées avec l’IA pour un objectif de désinformations (source : Center for Countering Digital Hate)Trois images générées avec l’IA pour un objectif de désinformations (source : Center for Countering Digital Hate)

Un lanceur d’alerte chez Microsoft dénonce la légèreté de l’alignement des modèles, notamment générateurs d’images. Parallèlement, le cabinet Edelman fait état d’une baisse importante de la confiance du public envers l'innovation en général, et l'intelligence artificielle en particulier. Et la chute de la cote de l’IA qui ne va pas s'arranger, alors que les fakes se multiplient. Il est temps de poser la question de la confiance.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Accenture, Google, Haiper, IO Research, Microsoft, OpenAI, Perplexity AI, Uber, Udacity

ROBOTS

Sushi autonome

À Tokyo, les livraisons par robots autonomes d’Uber Eats ont commencé pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. Les livreurs s’inquiètent et un mouvement social se dessine.

Le service de livraison alimentaire Uber Eats a lancé hier des livraisons par robots autonomes dans un quartier de Tokyo. Pour l'instant, le service est limité à quelques restaurants dans le district de Nihonbashi. Les utilisateurs doivent attendre à l'extérieur de leur domicile  pour recevoir leur commande. Mais à l'avenir les robots devraient livrer directement à la porte des clients, même dans des appartements situés dans des immeubles de grande hauteur.

Bots des villes…

Le dispositif, annoncé le mois dernier (lire Qant du 22 février) a été mis en place avec la perspective de déployer le service plus largement à travers le Japon. Pour faire face à la pénurie croissante de main-d'œuvre, les lois sur la circulation ont été modifiées l'année dernière pour autoriser l'utilisation de robots de livraison sur les voies publiques.

Les robots d'Uber Eats, développés en collaboration avec Mitsubishi Electric et la start-up américaine Cartken, sont conçus pour naviguer de manière autonome sur les trottoirs, évitant les piétons et autres obstacles grâce à des capteurs. Capables de se déplacer jusqu'à 5,4 kilomètres à l'heure, ces robots sont équipés de lumières clignotantes. Comme pour les robotaxis, un opérateur humain les surveille à distance, prêt à intervenir en cas de problème.

… et bots des champs

La robotisation pourrait également bénéficier aux zones rurales du Japon, où la population est majoritairement âgée et les chauffeurs se font rares. 

La mise en œuvre des robots de livraison intervient dans un contexte où Uber et les entreprises similaires sont confrontées à un mouvement social qui se structure. Uber, en particulier, a été critiqué pour avoir contourné les règles relatives au salaire minimum et aux congés payés en considérant ses travailleurs non pas comme des employés, mais comme des contractants indépendants.

Uber Eats a tenté de rassurer ses livreurs actuels en soulignant que le travail humain resterait disponible sur la plateforme, même dans cinq à dix ans.

Pour en savoir plus :

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Singapour écoute les sirènes d’OpenAI • Lancé à la recherche de plusieurs milliers de milliards de dollars pour créer un nouvel écosystème dans les puces pour l’intelligence artificielle, Sam Altman doit trouver de nouveaux interlocuteurs – ni Microsoft ni les VCs qui l’ont accompagné jusqu’à présent n’ont les poches assez profondes. Après le japonais Masayoshi Son, président de Softbank, et le cheikh Tahnoun ben Zayed Al Nahyane, fils du créateur des Émirats Arabes Unis et frère du prince héritier d’Abou Dhabi, il a ouvert des pourparlers avec fonds souverain de Singapour Temasek Holdings, selon les informations du Financial Times. Temasek gère un portefeuille de presque 300 milliards de dollars, qui comprend des investissements dans des entreprises de la tech comme Roblox, Tencent et Alibaba, mais aussi dans deux concepteurs de puces d’IA, d-Matrix en Californie et Rebellions en Corée.
    Pour en savoir plus:
    Financial Times, Reuters

  • Elon Musk et OpenAI lavent leur linge sale en public • Dans un communiqué publié ce mercredi, OpenAI conteste les accusations portées par Elon Musk selon lesquelles la société aurait été détournée de son but originel (lire Qant du 4 mars). Elle affirme au contraire que Musk souhaitait prendre le "contrôle absolu d'OpenAI, envisageant même une fusion avec Tesla. OpenAI défend sa transition d'une structure à but non lucratif vers une entité lucrative pour mieux poursuivre sa mission. Elle réfute l'idée d'avoir abandonné son objectif initial au profit d'une collaboration lucrative avec Microsoft, comme l'affirme Musk, et présent une discussion par email de 2016 montrant que Musk approuvait la sortie de l’open source. Juridiquement, OpenAI demandera le rejet pur et simple de la plainte pour rupture de contrat déposée par Musk. D’ici là, les deux parties feront de leur mieux pour occuper la scène médiatique.
    Pour en savoir plus:
    The Verge

“Echange de mails entre Ilya Sutskever et Elon Musk concernant la diminution de l’ouverture d’OpenAI” (Source : OpenAI)“Echange de mails entre Ilya Sutskever et Elon Musk concernant la diminution de l’ouverture d’OpenAI” (Source : OpenAI)

  • Haiper se lance dans la hype • Deux anciens chercheurs de DeepMind, Yishu Miao et Ziyu Wang, viennent d'annoncer le lancement de Haiper, un outil de génération de vidéos alimenté par un modèle développé par la start-up, dans la foulée d'une levée de fonds de démarrage de 13,8 millions de dollars mené par Octopus Venture. Comparable à Sora, Haiper permet aux utilisateurs de générer des vidéos courtes à partir d'invites textuels sur son site web. Actuellement centré sur les fonctionnalités gratuites pour construire une communauté, Haiper explore également des cas d'usage commerciaux avec des entreprises.
    Pour en savoir plus:
    Techcrunch, Silicon Angle

  • Accenture met de l’audace dans ses formations • Accenture vient d'annoncer l'acquisition de Udacity, une startup californienne de formation en ligne, et le lancement d'un service de formation technologique, LearnVantage, destiné aux entreprises et aux organisations gouvernementales, dans lequel elle investira 1 milliard de dollars sur trois ans. Udacity, qui s’est fait connaître pour ses cours en intelligence artificielle et science des données, rejoindra l'unité d'Accenture responsable de LearnVantage, étendant l’offre de formations à l'IA, la science des données et la cybersécurité. En collaboration avec Amazon Web Services, Microsoft et Google Cloud, Accenture vise également à fournir du contenu de formation en IA générative.
    Pour en savoir plus:
    Silicon Angle

  • Des PC IA pour la fin du mois • Microsoft prévoit de présenter le 21 mars prochain, avec le lancement du Surface Pro 10 et du Surface Laptop 6. Équipés de processeurs Intel Core Ultra ou Qualcomm Snapdragon X Elite avec des unités de traitement neuronal pour améliorer les capacités d’IA, ces appareils proposeront des fonctionnalités IA avancées sous Windows 11, dont Copilot "on-device" ou encore des traductions et sous-titres en temps réel. La fonctionnalité AI Explorer permettra la recherche dans les documents, pages web, images et chats en langage naturel, et proposera des tâches basées sur le contexte. Si les PC en eux-mêmes seront présentés à la fin du mois, les nouvelles fonctionnalités IA devraient être intégrées dans la mise à jour 24H2 de Windows 11 cet automne.
    Pour en savoir plus:
    Windows Central, Engadget

  • Une licorne perplexe • D’après le Wall Street Journal, hier, Perplexity AI est sur le point de boucler un tour de financement qui lui conférera le statut de licorne avec une valorisation estimée à environ 1 milliard de dollars. Perplexity, qui développe des produits d’assistants personnels IA, a récemment annoncé une collaboration avec SK Telecom pour permettre à l’opérateur d’accéder à ses modèles propriétaires (lire Qant du 28 février). La start-up doublerait ainsi la valorisation de 520 millions de dollars atteinte il y a deux mois, en clôturant une série B de 73,6 millions de dollars menée par Institutional Venture Partners (lire Qant du 26 octobre 2023).
    Pour en savoir plus:
    Wall Street Journal, Crunchbase News

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • La bourse allemande se lance dans le trading crypto • Deutsche Börse vient de lancer une plateforme de trading de cryptomonnaies pour les clients institutionnels, Deutsche Börse Digital Exchange (DBDX), en collaboration pour les services de garde avec Crypto Finance. Cette initiative offre un écosystème réglementé et sécurisé pour le trading, la liquidation et la garde des actifs cryptographiques. Le trading initial sur DBDX se fera sur une base de demande de devis, suivi d'un système de trading multilatéral. L’annonce de la bourse allemande rappelle les initiatives prises par la Suisse en matière d’obligations numériques (lire Qant du 27 février, du 12 février et du 27 novembre 2023).
    Pour en savoir plus:
    Cointelegraph

  • Répartir les GPU grâce à la blockchain • IO Research, startup new-yorkaise axée sur l'intelligence artificielle et la blockchain, vient de réunir 30 millions de dollars lors d'un tour de financement de série A, avec la participation de Hack VC, Solana Labs et de la plateforme d'échange de cryptomonnaies OKX. Leur produit phare, io.net, est un réseau basé sur la blockchain qui permet aux utilisateurs possédant des capacités inutilisées de processeurs graphiques (GPU) de fournir de la puissance de calcul à des entreprises d'IA nécessitant d'importantes ressources. Les fonds serviront à l'expansion de l'équipe d'IO Research, à répondre à la demande de services et à développer davantage IO.net.
    Pour en savoir plus:
    Reuters

QUANTUM

  • Un concours pour les cas d’usage du quantique • Google vient de lancer un concours mondial pour encourager l'utilisation du calcul quantique dans la résolution de défis réels. Il sera doté d'une récompense de 5 millions de dollars pendant trois ans. La compétition s'aligne sur les objectifs de Google Quantum AI de développer un ordinateur quantique à grande échelle et sans erreur, ainsi que des applications quantiques utiles. Le Geneva Science and Diplomacy Anticipator (Gesda) et l’ONG Xprize se sont associées à l’initiative.
    Pour en savoir plus:
    Pymnts

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • La multiplication des fakes érode la confiance dans l’IA, ses entreprises et ceux qui sont censés les réguler.

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés