Un rapport en France, un règlement en Europe • Thomson Reuters investira 100 M€ par an dans l'IA • Midjourney raconte des histoires • Le shekel numérique pourra payer des intérêts • Microsoft formera 100 000 Français à l'IA générative • Un chirurgien opère avec un casque Visio Pro • Bienvenue dans Qant, mercredi 13 mars 2024.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
Créé à la rentrée auprès de la Première ministre, le comité interministériel sur l’intelligence artificielle générative remettra son rapport aujourd’hui au Président de la République (lire Qant du 20 septembre 2023). Sous l’égide de l’économiste Philippe Aghion et la présidente de l’École normale supérieure Anne Bouverot, il prend une position très optimiste sur l’effet de l’IA sur la croissance et l’emploi.
La diffusion dans l’économie française de l’IA devrait générer 250 milliards à 400 milliards d’euros de PIB supplémentaire d’ici à 2030. Un à deux points pourcentages de croissance supplémentaires qui seraient fort bienvenus, au moment où la révision à la baisse des prévisions tend les finances publiques comme jamais.
95 % des emplois comprennent des tâches qui ne seront pas remplacées par l’IA générative, estiment les experts. Cela pourrait impliquer tout de même la disparition d’un emploi sur vingt, soit 1,5 million de postes, et la réorganisation d’un plus grand nombre encore.
Le rapport proposera des investissements publics massifs : 5 milliards d’euros par an. Ils seront destinés au développement des supercalculateurs d’IA dans le cloud, comme celui qui a été lancé par Scaleway en fin d’année dernière (lire Qant du 20 novembre 2023), ainsi qu’à la formation à l’IA et généralement à l’investissement dans le secteur.
A Vivatech l’an dernier, Emmanuel Macron avait annoncé 500 millions d’investissements (lire Qant du 20 juin 2023) dont on a eu peu de nouvelles par la suite. Le premier plan IA, doté de 1,5 milliard d’euros en 2018, a abouti à la création de quelque 600 start-up en France, mais moins d’une dizaine de celles qui se sont lancées dans l’IA générative ont trouvé des financements jusqu’à présent.
Très proche de l’industrie naissante de l’IA, le comité comprenait de grandes figures comme Yann le Cun, prix Turing, qui dirige l’IA chez Meta tout en enseignant à New York University et Joëlle Barral, senior director chez Google DeepMind, ainsi que l’ancien secrétaire d’État Cédric O, aujourd’hui investisseur chez Mistral, Arthur Mensch, cofondateur de la start-up devenue championne française de l’IA.
“Margrethe Verstager vue par Midjourney” (Qant, M. de R.)
“L'IA n'est ni bonne ni mauvaise, mais elle inaugure une ère mondiale de complexité et d'ambiguïté. En Europe, nous avons conçu une réglementation qui reflète cela. Probablement plus que toute autre législation de l'UE, celle-ci a nécessité un acte d'équilibre soigné – entre pouvoir et responsabilité, entre innovation et confiance, entre liberté et sécurité.”
L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE
(Source : Qant, M. de R. avec Midjourney)
Midjourney vient d'introduire une nouvelle fonctionnalité à son service de génération d'images par IA : la capacité de représenter de manière cohérente des personnages à travers de nouvelles images. Jusqu’à présent, seuls quelques artistes comme Thierry Murat, dans Initial A (lire Qant du 3 octobre 2023), maîtrisaient cette compétence.
Les modèles de diffusion génèrent des images pixel par pixel à partir de descriptions textuelles fournies par l'utilisateur. Cette méthode crée une image nouvelle à chaque fois, même si l’on répète le prompt ou qu’il contient des mots-clés identiques au précédent. Cela rend difficile la création d'images narratives où un même personnage apparaît dans différents contextes.
Pour surmonter ce problème, Midjourney a créé une nouvelle balise, “--cref” (pour "référence de personnage"), que les utilisateurs peuvent ajouter à leurs prompts. Cette balise vise à reproduire les traits faciaux, le type de corps et même les vêtements d'un personnage à partir d'une URL fournie par l'utilisateur.
Les utilisateurs peuvent également ajuster la fidélité de la nouvelle image au personnage original en ajoutant une balise de température, “--cw”, suivie d'un nombre de 1 à 100. Une valeur “cw” plus basse permet plus de variabilité, tandis qu'un nombre plus élevé garantit une plus grande fidélité au personnage de référence. A partir de l’image ci-dessus, on obtient alors :
“A young CEO of a start-up in his New York City office --cref https://s.mj.run/HCFQiATsL-g --cw 100”(Qant, M. de R. avec Midjourney)
Midjourney a gardé la plupart des caractéristiques de notre personnage, comme l’apparence et la couleur de ses cheveux et de sa barbe, ou bien la couleur de son t-shirt. Mais les deux visages ne sont pas parfaitement identiques.
Encore un effort.
Pour en savoir plus :
Midjourney-Stabiliy : la guerre des images • Midjourney a interdit à tous les employés de Stability AI d'utiliser son service après que des comptes liés à l'entreprise créatrice de Stable Diffusion se soient livrés à des activités s'apparentant à celles d'un botnet. Des employés de Stability AI avaient tenté de télécharger des données de Midjourney, entraînant une panne de près de 24 heures. Le CEO de Stability AI, Emad Mostaque, a indiqué avoir mené une enquête interne. Il a affirmé que, si l'incident était bien lié à un employé de Stability, l'entreprise n'en était pas à l'origine. Le service de Midjourney se base probablement sur Stable Diffusion et un autre LLM pour la réécriture des prompts (lire Qant du 23 novembre 2023) mais l’entreprise ne l’a jamais reconnu publiquement.
Pour en savoir plus: The Verge
Le shekel numérique pourra payer des intérêts • La Banque d'Israël vient de présenter le plan de développement d'un shekel numérique, qui aura la particularité de pouvoir porter intérêt. La monnaie numérique serait mise en œuvre selon un modèle en deux étapes. La première offrira des paiements instantanés 24/7, le support de multipaiements et une utilisation hors ligne. Dans un deuxième temps, la monnaie aura la possibilité de générer des intérêts : “Quand le taux dépend du type d’utilisateur ou de la taille de son compte, un registre centralisé peut être avantageux”, note le rapport. Bien qu'Israël envisage l'émission d'un shekel numérique depuis 2021, aucun test pilote concret n'a été réalisé jusqu'à présent.
Pour en savoir plus: Cointelegraph
10 milliards pour l’ETF Bitcoin de BlackRock • Le fonds négocié en bourse (ETF) de BlackRock sur le bitcoin, iShares Bitcoin Trust (IBIT), a collecté 10 milliards de dollars moins de deux mois après son lancement le 11 janvier (lire Qant du 11 janvier). C’est là la croissance la plus rapide pour un tel fonds depuis l’apparition de cette classe d’actifs. Cette performance s’accompagne de la hausse du bitcoin, qui a dépassé les 70 000 dollars, portant la valeur totale des actifs d'IBIT à environ 12,7 milliards de dollars.
Pour en savoir plus: Financial Times, The Block
Ce que le Nigéria veut de Binance: 36 Md$ • Les détails du différend qui oppose le Nigéria à la plateforme d’échange de cryptomonnaies Binance commencent à émerger. 26 milliards de dollars de fonds nigérians échangés sur Binance sont désormais introuvables et les autorités nigérianes ont imposé 10 milliards de dollars de pénalités à Binance pour avoir permis le traitement de ces fonds non traçables. Deux cadres supérieurs de Binance venus négocier avec les autorités nigérianes ont été arrêtés à leur descente d’avion : Tigran Gambaryan, citoyen américain en charge de la conformité sur la criminalité financière et Nadeem Anjarwalla, directeur régional pour l'Afrique et de nationalité britannique et kényane (lire Qant du 1er mars).
Pour en savoir plus: Wall Street Journal, Coindesk
Thomson Reuters met le paquet sur l’IA • Le groupe Thomson Reuters prévoit d'investir plus de 100 millions de dollars américains annuellement dans le développement de sa propre technologie IA. Il entend ainsi renforcer ses services professionnels et ses offres d'informations basés sur l'IA, notamment dans les secteurs du droit et de l’audit. Il piochera pour ce faire dans ses réserves considérables, 8 milliards de dollars américains, issues notamment de la vente de sa participation dans le London Stock Exchange Group.
Pour en savoir plus: Financial Times, Pymnts
Abu Dhabi mise des milliards sur l’IA • Abu Dhabi lance une entreprise d'investissement technologique, MGX, spécialisée dans les domaines de l'intelligence artificielle et des semi-conducteurs. Fondée en partenariat avec le fonds souverain saoudien Mubadala Investment et la société d'IA G42, MGX sera dirigée par le CEO de Mubadala Ahmed Yahia Al Idrissi. L’émirat d'Abu Dhabi fournira le capital initial pour les premiers investissements de MGX, qui se concentrera sur l'infrastructure d'IA, les semi-conducteurs, ainsi que les technologies et applications essentielles à l'IA. A terme, MGX compte dépasser les 100 milliards de dollars d'actifs sous gestion.
Pour en savoir plus: Bloomberg, Business Times
250 M$ pour que Applied Intuition emmène l’IA dans la voiture • L’éditeur californien de logiciels pour véhicules Applied Intuition vient de lever 250 millions de dollars (230 M€ environ) lors d'un tour de financement de série E mené par Lux Capital et Elad Gil, qui lui permet d'atteindre une valorisation de 6 milliards de dollars. Applied Intuition fournit des outils logiciels pour créer des simulations de véhicules, permettant aux constructeurs de générer des millions de kilomètres de routes virtuelles et d'accélérer le développement de véhicules autonomes. Applied Intuition prévoit d'utiliser les fonds de ce dernier tour notamment pour des investissements significatifs dans l'intelligence artificielle générative et pour l'embauche d'ingénieurs en apprentissage automatique.
Pour en savoir plus: Silicon Angle
Microsoft veut former 100 000 Français à l’IA • Microsoft France a lancé hier mardi l'initiative "À vous l'IA". L'objectif annoncé est de sensibiliser et former 100 000 Français à l'IA générative d'ici la fin de l'année. Le programme propose un accès à diverses formations gratuites, allant des notions de base à des sujets plus avancés comme l'éthique de l'IA, en collaboration avec des partenaires comme la plateforme de formation en ligne Kokoroe ou LinkedIn Learning. Microsoft prévoit également d'organiser des sessions d'idéation et des hackathons pour PME, start-up et associations, afin d'explorer des cas d'usage de l'IA dans leurs activités. Il y a un mois, Microsoft avait déjà annoncé son intention de former 2 millions de personnes en Inde à l'IA d'ici 2025 (lire Qant du 8 février).
Pour en savoir plus: Siècle Digital
Cohere prend un air de Command-R • La start-up canadienne Cohere, spécialisée dans l’IA à destination des entreprises, vient de lancer Command-R, un nouveau modèle de langage. Ce modèle se distingue par des performances améliorées sur des tâches clés comme la génération augmentée par la récupération (RAG) et l'utilisation d'outils comme la recherche d'informations, l'analyse de données ou l'intégration de contenus externes. Command-R offre des fenêtres de contexte plus longues jusqu'à 128 000 jetons, soit autant que GPT-4 Turbo, avec une tarification plus abordable.
Pour en savoir plus: Venturebeat
Vision Pro de chirurgien • Le casque Apple Vision Pro a été utilisé pour la première fois lors d'une opération chirurgicale au Cromwell Hospital de Londres, à l'occasion d'une opération de la colonne vertébrale. Suvi Verho, assistant chirurgical, a remplacé le HoloLens 2 par l'Apple Vision Pro pour préparer et suivre l'intervention et pour choisir les bons outils. Cette première intervient alors qu'Apple vient de communiquer sur les utilisations futures du Vision Pro par les professionnels de santé, avec par l'exemple l'application myMako qui permet aux chirurgiens de visualiser des plans chirurgicaux complexes grâce à leur casque.
Pour en savoir plus: Daily Mail
“L'utilisation de l’application myMako par un chirurgien” (Source : Apple)
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La vice-présidente exécutive de la Commission Européenne Margrethe Verstager défend le modèle de l'AI Act européen comme exemple de régulation de l'intelligence artificielle.
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