Pendant que les agences de renseignement autour du globe se saisissent des pouvoirs de l'IA, une BD 100% illustrée avec Midjourney voit le jour et OpenAI explique comment il a donné la vue à GPT-4. Bienvenue dans Qant, mardi 3 octobre.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau, les journalistes de Qant, illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
Le premier roman graphique créé avec Midjourney paraît aujourd'hui : initial_A, Thierry Murat
Au printemps dernier, Thierry Murat a publié aux Éditions Delcourt son dix-huitième livre, Cerveaux augmentés (Humanité diminuée?), un dialogue illustré avec le philosophe Miguel Benasayag sur la virtualisation de l’environnement humain. Le dix-neuvième, le roman graphique initial_A paraît aujourd’hui. Mais il est autopublié: d’après l’auteur, Delcourt a annulé le livre au dernier moment, alors que celui-ci était terminé. En 2022 l’éditeur était prêt à soutenir la création du premier livre graphique grâce à l’IA. Six mois “d’oppositions en interne” ont eu raison de son audace.
Th. Murat, initial_A, p. 62-63
Thierry Murat explique avoir découvert Midjourney peu après sa sortie, en 2022. Cinq mois de travail sur la version 3 lui ont permis d’aboutir aux 150 pages d’Initial_A. Pour obtenir ses images, l’auteur rédige lui-même ses prompts, en deux parties. D’abord, la description de ce qu’il souhaite voir apparaître. Puis une deuxième partie qui décrit son style, sa particularité, sa “recette secrète” selon ses propres dires : “J’ai réalisé des dizaines et des dizaines d’images. En hybridant les styles et les influences, je suis parvenu à une recette qui me plaisait. (…) C’est un métissage de style qui donne un nouveau style” explique Thierry Murat. Au fur et à mesure du livre, le style graphique évolue donc, accompagnant le déroulement du récit. Et même du Récit.
Th. Murat, initial_A, p. 106-107
On pourrait aborder par plusieurs biais la trame de ce conte philosophique. Mais au plus simple, il narre le voyage d’une héroïne, Alice, au sein d’un monde futuriste en bout de course. Une civilisation à réinventer qui ne peut se reconstruire que par la fiction, en reprenant le Récit. Tout au long de son voyage, Alice est confrontée à la corruption de l'âme humaine par les machines et le numérique. Elle entretient des échanges constants avec une mystérieuse entité omnisciente et un robot toujours en avance.
Tout au long du livre, l’intelligence artificielle – ou présumée telle – oscille entre la divinité et le lapin de Lewis Carroll, mais toujours en avance. C’est aussi la place ambiguë que lui attribuent nos contemporains, entre un artiste prométhéen qui sait tirer du robot des images parfaitement originales et plus belles que celles qui traînent dans le crayon de bien des butlériens réactionnaires qui pensent interdire le progrès.
Puisse le Récit ne jamais s’interrompre, M. Murat.
M. de R. ; J. R.
Pour en savoir plus :
"Un robot dans le renseignement américain" (Qant, M. de R. avec Midjourney)
Sous l’influence de l’extrême droite trumpienne, les aides à l’Ukraine ont été exclues de l’accord permettant de préserver le fonctionnement des services essentiels de l’État fédéral aux États-Unis. La durable influence russe sur les mouvements populistes continue ainsi de porter ses fruits. Dans certains cercles, tout le monde lui attribue une longue série de victoires, qu’il s’agisse du Brexit ou de la victoire de Donald Trump en 2016, des MacronLeaks en 2017, des mouvements antivax pendant la pandémie… Outre la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord semblent être passés maîtres en matière de désinformation.
On ignore encore ce que les grands modèles de langage comme ChatGPT pourront apporter à ces puissances offensives. Mais du côté de la défense, chacun s’équipe. Ces derniers jours aux États-Unis, la CIA et la NSA ont coup sur coup fait des annonces sur leur volonté d’utiliser l’IA générative. La NSA a ainsi lancé un centre de sécurité dédié à l'intelligence artificielle en réponse à l'intégration croissante des capacités d'IA dans les systèmes de défense et de renseignement américains (lire Qant du 2 octobre). Annoncé par le directeur sortant de l'agence, le général Paul Nakasone, ce centre collaborera avec le secteur privé et des partenaires internationaux pour renforcer la défense des États-Unis contre les menaces, provenant notamment de la Chine et de la Russie.
La CIA prévoit pour sa part d'utiliser un modèle de langage similaire à ChatGPT pour améliorer l'accès à l'information et la rédaction de notes par les agents de renseignements (lire Qant du 28 septembre). Randy Nixon, le directeur de cette division, a mentionné que le modèle permettrait aux utilisateurs de voir la source originale des informations et d'interagir avec le système via un chat. Objectif affiché : maîtriser les avancées de la Chine en matière d'IA. Car les innovations chinoises en la matière inquiètent beaucoup outre-Atlantique.
Le développement de l'IA dans les agences américaines doit en effet d’abord se comprendre dans le contexte de la concurrence sino-américaine dans le secteur de l'IA (lire Qant du 8 septembre). Mais le renseignement hexagonal s’est lui aussi pris au jeu de l’intelligence artificielle, comme toutes les forces armées. Le ministère des Armées vient de mettre en ligne une première version d’un chatbot respectueux du secret défense. Ce ChatGPT à la française aide les agents à synthétiser des documents, à les traduire, ou à obtenir des réponses à leurs questions diverses et variées.
En outre, si la DGSI travaille avec l’américain Palantir depuis les attentats de 2015, des pépites françaises émergent dans le secteur du renseignement, comme Chapsvision, qui vient de lever 90 millions supplémentaires (lire Qant du 2 octobre). La start-up est engagée dans un brs de fer avec Athea (née de l’alliance d’Atos et de Thalès) pour gérer à l’avenir le traitement des données de l’agence de renseignement française.
Après tout, quoi de mieux que ChatGPT pour créer des légendes ...
M. de R. ; J. R.
Pour en savoir plus :
La start-up Tsubame Industries, basée à Tokyo, vient de développer un robot de 4,5 mètres de haut ressemblant au "Mobile Suit Gundam", issu de la série d'animation japonaise du même nom. Vendu au prix de 3 millions de dollars, "Archax" pèse 3,5 tonnes et possède des moniteurs dans le cockpit qui reçoivent des images de caméras extérieures, permettant au pilote de manœuvrer les bras et les mains avec des joysticks. Il sera présenté au Japan Mobility Show ce mois-ci et dispose de deux modes : un mode robot debout et un mode véhicule pouvant aller jusqu'à 10 km/h. La start-up souhaite produire et vendre cinq de ces machines, espérant qu'elles puissent être utilisées pour le secours en cas de catastrophe ou dans l'industrie spatiale.
Ou pour la joie des enfants.
Pour en savoir plus : Reuters
Un Pixel boosté à l’IA : Bien que l'événement de lancement des nouveaux téléphones Pixel de Google ne soit prévu que demain 4 octobre, de nombreuses informations sur le téléphone ont déjà fuité. Une publicité pour le Pixel 8 de Google a notamment été divulguée sur X (ex-Twitter), mettant en avant les fonctionnalités d'intelligence artificielle du téléphone, dont "Best Take" qui permet d'échanger des visages dans une image à partir d'autres photos.
Pour en savoir plus: The Verge
Tom Hanks a une dent contre l’IA … : Dans un post Instagram, l'acteur Tom Hanks a alerté ses fans qu'une publicité pour un plan de soins dentaires utilisant son image a été créée avec de l'intelligence artificielle sans son consentement. L'acteur a déjà exprimé ses préoccupations concernant l'utilisation de l'IA dans le cinéma et la télévision, bien qu'il ait approuvé des versions numériquement modifiées de lui-même dans des films précédents (lire Qant du 22 juin).
Pour en savoir plus: The Guardian
… tout comme la fille de Robin Williams : Zelda Williams, la fille de l'acteur Robin Williams, a critiqué l'utilisation de l'IA pour recréer la voix de son père, la qualifiant de "personnellement perturbante" dans une story Instagram. Elle mentionne que ces recréations sont au mieux une "pâle imitation" et au pire un "monstre frankensteinien", tout en soulignant les problèmes éthiques liés à l'utilisation de l'IA pour remplacer ou recréer des acteurs sans leur consentement.
Pour en savoir plus: Business Insider
L’énergie nucléaire pour nourrir l’IA : Microsoft envisage d'utiliser l'énergie nucléaire pour répondre aux besoins énergétiques croissants des systèmes d'intelligence artificielle. Ainsi s’expliquerait son intérêt pour Helion Energy, une start-up qui prévoit de produire de l'énergie nucléaire par fusion d'ici à 2028.
Pour en savoir plus: Bloomberg
L’amour au premier modèle : L'application de rencontres SciMatch prétend utiliser l'IA pour aider les utilisateurs à trouver l'amour en se basant uniquement sur une photo de leur visage. Plutôt que de remplir un profil complet, l'application demande simplement aux utilisateurs de télécharger un selfie. L'application utilise ensuite un algorithme d'IA pour examiner les traits de personnalité identifiables sur le visage et recommande des partenaires potentiels en fonction de ces traits. Lancée par les sœurs Yanina et Viktoryia Strylets, l'application prétend être précise à 87%. Ni plus ni moins.
Pour en savoir plus: Wall Street Journal
Coinbase cherche refuge à l’international : Poursuivie par la SEC à New York, Coinbase vient d’obtenir une licence de prestataire de paiements auprès de l'Autorité monétaire de Singapour, lui permettant d'étendre ses services de tokens de paiement numérique. Par ailleurs, l'entreprise s'est inscrite auprès de la banque centrale espagnole la semaine dernière (lire Qant du 20 septembre). Et elle a reçu l'approbation réglementaire de l'autorité financière des Bermudes.
Pour en savoir plus: Coin Desk
L’AR pour meubler sa maison : La startup israélienne SparX a développé une application de réalité augmentée permettant aux futurs locataires ou acheteurs d'imaginer un espace de vie entièrement meublé en utilisant simplement un smartphone ou une tablette à l'intérieur de la propriété. La plateforme SparX utilise un algorithme propriétaire pour superposer des meubles dans un espace vide.
Pour en savoir plus: No Camels
"Le robot découvre les images" (Qant, M. de R. avec Midjourney)
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