Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
9 avr. · 8 mn à lire
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La menace Youtube

OpenAI perce sur le marché de l’IA professionnelle malgré le doute persistant sur les données d’entraînement de GPT-4, sans doute issues de Youtube • La Cnil publie des recommandations sur l’IA • Le Canada fait tapis sur l’IA • Microsoft AI s'implante à Londres • BlackRock renforce son ETF Bitcoin • Bienvenue dans Qant, mardi 9 avril 2024

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

IA : la Cnil donne ses premières recommandations

A l’issue d’une consultation publique, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés vient de publier sept fiches de recommandation.

La Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (Cnil), vient de publier ses recommandations initiales sur le développement et l'application de l'intelligence artificielle. A l'issue d'une consultation publique, elle a élaboré sept documents-guides qui précisent le cadre juridique et les bonnes pratiques pour le déploiement de systèmes d’IA. 43 entreprises et organismes divers ont participé à la consultation, d’une durée de plusieurs mois (lire Qant du 13 octobre 2023). 

Les recommandations de la Cnil abordent notamment la définition des objectifs d'un système IA, qui doit être claire et circonscrite, afin de limiter les données personnelles nécessaires. La commission réfute l'argument selon lequel le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) constituerait un frein à l'innovation en IA en Europe. Elle souligne l'importance d'une attention particulière lorsque les bases de données d'entraînement incluent des données personnelles. La Cnil insiste également sur la nécessité d'informer les utilisateurs de manière claire et compréhensible et de veiller à la légitimité des traitements effectués.

Impact et responsabilité

D'autres fiches portent sur la responsabilité des acteurs impliqués. Elles distinguent les responsables de traitement, qui définissent les modalités d'utilisation des données personnelles, des sous-traitants, dont l'intervention doit se conformer à un contrat strict respectant le RGPD. 

La Cnil rappelle également l'importance de choisir une base légale appropriée pour le traitement des données. Le consentement reste privilégié, bien qu'il puisse se révéler inadapté dans certains contextes d'IA. Dans ces cas, l'intérêt légitime pourrait constituer une alternative, sous réserve du respect de conditions spécifiques.

Enfin, la CNIL encourage fortement les développeurs de systèmes IA à effectuer une analyse d'impact préalable pour évaluer les risques potentiels sur la protection des données personnelles, particulièrement pour les systèmes considérés comme à haut risque.

Pour en savoir plus : 

L’ÉVÉNEMENT

OpenAI, colosse aux pieds d’argile

Alors qu’OpenAI vole commercialement de succès en succès, une enquête du New York Times révèle la fragilité des grands de l’IA dans l’entraînement de leurs modèles.

“Le robot s’empare de la caméra” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Le robot s’empare de la caméra” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

ChatGPT Enterprise a dépassé, le mois dernier, les 600 000 clients. Le nombre d’entreprises qui font appel aux services d’IA d’OpenAI a donc quadruplé depuis le début de l’année, sans même compter celles qui s’en prévalent via Microsoft. Un point de bascule a été atteint. 

Le prix de ChatGPT Enterprise n’est pas public, mais il ne doit pas beaucoup s’écarter de celui de Microsoft Copilot, 30 dollars par utilisateur et par mois. Et OpenAI, la semaine dernière, a encore renforcé son offre pour les entreprises, en leur permettant d’aller au-delà du fine-tuning et d'entraîner des modèles à façon. Harvey, par exemple, une legaltech soutenue notamment par Kleiner Perkins et Sequoia, a lancé mi-mars une offre d’IA à destination des avocats américains, sur la base d’un modèle d’OpenAI entièrement entraîné avec ses données. 

Cela pourrait offrir une solution, à terme, au problème toujours plus pressant des données d’entraînement. Une longue enquête du New York Times révèle qu’OpenAI a utilisé plus d’un million d’heures de dialogues sur Youtube pour entraîner GPT-4 en 2022 – avant que Google ne change les conditions d’utilisation de la plate-forme pour ses propres besoins et probablement en violation du droit d’auteur.

Google et Meta ne sont cependant pas en reste, en matière de pratiques douteuses.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

Le monde du travail montre un curieux enthousiasme pour l’IA

Alors que l’IA menace de plus en plus l’emploi, son accueil en entreprise reste chaleureux : 68 % des salariés considèrent que l’IA va avoir un impact favorable sur leurs conditions de travail, d’après une enquête d’Adecco.

“Les robots s’invitent dans l’entreprise” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Les robots s’invitent dans l’entreprise” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Le groupe franco-suisse Adecco, leader de l’intérim en France, vient de publier une enquête réalisée auprès de 30 000 employés de 2 000 grandes entreprises partout dans le monde, à propos de l’impact de l’IA générative sur leur travail (lire Qant du 8 avril). 

L’IA devrait réduire les effectifs dans plus de 40% des entreprises au cours des cinq prochaines années. Pourtant, deux tiers des sondés considèrent que l’intelligence artificielle aura un impact positif sur leur travail, alors que seulement 7% craignent que l’IA générative ne leur fasse perdre le leur. 

Alors que 70% des employés utilisent déjà l’IA générative, la majorité des entreprises considère pourtant ne pas avoir suffisamment progressé dans son adoption. De fait, 46% des travailleurs interrogés indiquent ne pas avoir été conseillés par leur employeur sur l’utilisation de l’IA au travail.

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L’ESSENTIEL : Baidu, BlackRock, Google, Microsoft, OpenAI, Opera, Spotify, UBTech, YouTube

ROBOTS

À son tour, Baidu fait parler les robots

UBTech et Baidu viennent d’annoncer un partenariat pour enrichir le robot humanoïde Walker S avec un LLM.

Le fabricant chinois de robots UBTech vient d'annoncer un partenariat avec Baidu pour doter son androïde Walker S de capacités de compréhension du langage naturel et de raisonnement en temps réel. Le Walker S est désormais en mesure de communiquer avec Ernie, le grand modèle de langage de Baidu. 

Les Temps Modernes

Les vidéos partagées par UBTech montrent comment le Walker S peut comprendre le langage courant et accomplir des tâches comme trier des objets ou plier des vêtements de manière autonome. Le robot a été déployé récemment dans le centre de production automobile avancé de NIO (lire Qant du 5 mars), ce qui permet à UB Tech de le présenter comme le premier robot humanoïde bipède à travailler à la chaîne pour produire des voitures électriques.

Plusieurs constructeurs expérimentent déjà l’utilisation de robots humanoïdes dans leurs usines. Outre Tesla, qui développe l’androïde Proximus, Mercedez-Benz a annoncé l'intégration prochaine des robots Apollo et BMW a annoncé celle de Figure 01 dans son usine américaine (lire Qant du 19 mars et du 22 janvier). Figure AI a doté son robot de la faculté de converser avec un interlocuteur humain grâce à ChatGPT (lire Qant du 14 mars).

Pour en savoir plus :

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Le Canada accélère sur l’IA • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau vient d'annoncer un investissement de 2,4 milliards de dollars canadiens (1,6 milliard d'euros) dans le domaine de l'intelligence artificielle, dont la majeure partie sera consacrée à un fonds visant à fournir des capacités de calcul et une infrastructure technique. Un nouveau Fonds d'Accès aux Calculs en IA est à l’étude et des fonds seront alloués à un institut de sécurité en IA et à un bureau du commissaire à l'IA et aux données.
    Pour en savoir plus:
    Wall Street Journal

  • Avec l’IA, Spotify joue au DJ • Spotify vient de lancer une fonctionnalité de playlists personnalisées grâce à l'IA, qui permet aux utilisateurs de créer des listes de lecture en répondant à des suggestions écrites. Cette nouvelle fonctionnalité, actuellement en version bêta au Royaume-Uni et en Australie pour les utilisateurs payants sur Android et iOS, offre une variété de prompts, allant des genres musicaux à des scénarios plus insolites comme "des chansons pour séduire mon chat". Spotify a indiqué utiliser des modèles de langage non précisés et des algorithmes de personnalisation pour affiner les playlists en fonction des préférences de l'utilisateur. En novembre dernier, Spotify avait annoncé utiliser les outils d'IA de Google Cloud pour améliorer la découverte de contenu et les recommandations personnalisées pour ses podcasts et livres audio (lire Qant du 17 novembre 2023).
    Pour en savoir plus: Techcrunch

  • L’Opera des LLMs • Le navigateur Opera permet désormais aux utilisateurs de télécharger et d'utiliser localement des grands modèles de langage. Cette fonctionnalité, déployée pour les utilisateurs d'Opera One, leur permet de choisir parmi plus de 150 modèles issus de plus de 50 familles différentes, notamment Llama de Meta ou Gemma de Google. Opera a lancé cette fonctionnalité dans le cadre de son programme AI Feature Drops pour offrir un accès précoce à certaines fonctionnalités basées sur l'IA.
    Pour en savoir plus:
    Techcrunch

  • Microsoft infléchit son IA vers Londres • Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind puis d’Inflection AI, revient à Londres. Il prendra la tête du nouveau pôle d'intelligence artificielle que Microsoft vient d’y créer, qui se concentrera sur la recherche et le développement en IA. Microsoft AI se concentrera notamment sur le développement de Copilot. L’ancien CEO d'Inflection a été recruté le mois dernier, ainsi que toute son équipe. Afin d'indemniser les actionnaires, Microsoft a également conclu un accord de licence avec la start-up, réduite à une coquille vide. L’éditeur récupère ainsi l’usage du modèle de fondation et du chatbot Pi, mais surtout des 22000 GPU acquises par Inflection, qui avait levé 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) pour se doter de son propre datacenter d’IA (lire Qant du 30 juin 2023).
    Pour en savoir plus:
    Reuters

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • BlackRock muscle son fonds Bitcoin • BlackRock a ajouté Goldman Sachs, Citigroup, UBS, Citadel Securities et ABN AMRO en tant que participants autorisés pour le iShares Bitcoin Trust, le fonds Bitcoin de BlackRock. L'iShares Bitcoin Trust en compte désormais neuf, avec Jane Street Capital, JPMorgan, Macquarie et Virtu Americas. Les participants autorisés créent de la liquidité en ajustant l'offre de parts en cas de pénurie ou d'excédent.
    Pour en savoir plus:
    Coindesk

  • Roupie numérique : l’Inde s’ouvre au-delà des banques • La banque centrale indienne (RBI, pour Reserve Bank of India) vient d'ouvrir le pilote de la roupie numérique aux opérateurs de paiement non bancaires. Lancé en décembre 2022, ce test a enregistré depuis 22 millions de transactions, avec un pic à 1 million par jour. 400 000 marchands et 4,6 millions de consommateurs y participent. La monnaie numérique permet notamment des paiements programmables : un agriculteur a ainsi reçu une somme qu’il ne peut dépenser qu’en fournitures agricoles. L’utilisation hors réseau, point épineux s’il en est (lire Qant du 9 février), n’a pas encore été ouverte dans le pilote, pas plus que les paiements transfrontaliers, pour lesquels l’Inde a ouvert des pourparlers avec Swift et Hong-Kong.
    Pour en savoir plus:
    Ledger Insights

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • OpenAI aurait utilisé Youtube pour entraîner GPT-4 en 2022, violant ainsi le droit d’auteur des créateurs ou du moins les conditions d’utilisation, modifiées successivement en faveur de Google. 

  • Malgré la menace qu’elle fait peser sur les emplois, l’IA générative est plutôt bien accueillie dans les entreprises. Mais le besoin de formation se fait pressant.

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