La France, Le Monde, l'IA... et les robots

Le Monde signe le premier partenariat d'un média français avec OpenAI • La Commission sur l'IA donne sa feuille de route au gouvernement • OpenAI fait parler (et comprendre) le robot de Figure • Le Parlement européen dit oui à l'AI Act • Google bâillonne Gemini pendant les élections • Bienvenue dans Qant, jeudi 14 mars 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

Le Monde ouvre la porte de la presse française à OpenAI

Le quotidien français et le géant de l’IA viennent d’annoncer un partenariat qui permettra à OpenAI d’utiliser les contenus du Monde pour fiabiliser ChatGPT.

Dans une déclaration cosignée par le président du directoire du journal Le Monde Louis Dreyfus et son directeur Jérôme Fenoglio, le quotidien français a annoncé ce mercredi la signature d'un accord pluriannuel avec OpenAI, le premier du genre pour un média français. L'accord est présenté par Le Monde comme un partenariat à double sens. OpenAI pourra "s'appuyer sur le corpus du journal pour établir et fiabiliser les réponses de son outil ChatGPT, moyennant une source significative de revenus supplémentaires". Le média précise que ses équipes auront de leur côté la possibilité de "s'appuyer sur les technologies d'OpenAI pour développer des projets ou des fonctionnalités utilisant l'IA." 

Le Monde précise que les références à ses articles dans les réponses de ChatGPT seront "mises en exergue, systématiquement avec un logo, un lien hypertexte et le titre du ou des articles utilisés comme référence". Les contenus fournis par les agences de presse comme l'AFP, ainsi que les photographies publiées par Le Monde sont exclus de l'accord. 

OpenAI a également annoncé un accord semblable avec l’espagnol Grupo Prisa, propriétaire de El Paìs et ancien actionnaire du Monde.

Pour en savoir plus

L’ÉVÉNEMENT

Investir 27 milliards pour en retirer dix fois plus

Les 25 propositions de la Commission sur l’intelligence artificielle coûteraient à la France 27 milliards d’euros en cinq ans. Elles pourraient lui rapporter un point de croissance, soit 250 milliards à 400 milliards d’euros de PIB supplémentaires dans cinq ans.

“La France face aux défis de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“La France face aux défis de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Le jour où le Parlement européen adoptait l’AI Act (lire ci-dessous), la commission sur l’intelligence artificielle (lire Qant du 13 mars), co-présidée par l'économiste Philippe Aghion et la présidente de l'ENS Anne Bouverot a remis à Emmanuel Macron un rapport comprenant 25 recommandations destinées à "faire de la France un acteur de la révolution technologique de l'intelligence artificielle". La commission synthétise ses 120 mesures en 25 recommandations et lignes d'action, parmi lesquelles la création d’une agence mondiale de l’IA au sommet sur la sécurité de l’IA que la France hébergera en novembre, le lancement d'un plan de sensibilisation et de formation, ou encore la réorientation structurelle de l'épargne vers l'innovation, avec à court terme la création d'un fonds "France et IA" de 10 milliards d'euros, ce qui explique la surpondération de l’investissement dans les mesures préconisées. 

Répartition de l’impact financier des recommandations. Source : Commission de l’IA.Répartition de l’impact financier des recommandations. Source : Commission de l’IA.

On ignore bien sûr quelles mesures l’État choisira de suivre. Dans un contexte de restrictions budgétaires croissantes, la commission propose 27 milliards d’euros de dépenses supplémentaires en cinq ans. Mais si l’on passe en revue chacune des recommandations, on s’aperçoit qu’il y a là de quoi transformer la société française en profondeur, bien au-delà de ressusciter la filière semi-conducteurs grenobloise. Au menu : transformer les services publics, améliorer l’offre et le quotidien des soignants, généraliser le déploiement de l’IA dans l’enseignement supérieur…

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Coinbase, Cognition AI, Figure, Google, Microsoft, OpenAI, Physical Intelligence

ROBOTS

Dialogues avec le robot

La collaboration entre Open AI et Figure Robotics porte ses fruits : Figure 01 est déjà capable d’échanger avec un humain tout en suivant ses instructions.

Figure Robotics vient de montrer son robot humanoïde, le Figure 01, en pleine conversation avec un être humain. Au cours de la conversation, le robot exécute des commandes vocales et explique son comportement. Le système du robot, qui intègre des caméras, se base sur un modèle de vision-langage (ou VLM) d'OpenAI qui permet au robot de comprendre les paroles et de convertir ces informations en actions. Brett Adcock, co-fondateur et CEO de Figure, a confirmé que la démonstration a été effectuée sans téléopération et filmée à vitesse normale.

Il s’agit des premiers fruits de la collaboration entre Figure et OpenAI, qui a conduit Figure à réunir un tour de 675 millions de dollars en série B, notamment auprès du Startup Fund d'OpenAI, portant sa valorisation totale à 2,6 milliards de dollars (Amazon, Microsoft, Nvidia et d’autres investisseurs avaient pris part à l’investissement : lire Qant du 1er mars). Le robot est déjà capable de comprendre et d'exécuter des commandes, de localiser et de remettre des objets spécifiques, et de réaliser des tâches autonomes comme ramasser des déchets et ranger de la vaisselle. 

Pour une poignée de millions.

Pour en savoir plus :


  • OpenAI mise sur PI • Physical Intelligence (ou PI), une start-up californienne spécialisée dans le développement d'intelligence artificielle pour la robotique, vient d'annoncer son lancement, soutenue par OpenAI, Sequoia Capital ou encore Thrive Capital. La start-up affirme développer ses propres algorithmes d'apprentissage et modèles de fondation. Elle explique vouloir créer un modèle d'IA universel à destination d'applications robotiques diverses. Une annonce qui intervient dans un contexte de convergence de l'IA et de la robotique, illustrée cette semaine par une étude de l'université de Berkeley faisant se déplacer le robot Digit d'Agility Robotics (lire Qant du 12 mars).
    Pour en savoir plus: Bloomberg

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Un Devin pour coder • La start-up londonienne Cognition AI vient de lancer Devin, un outil capable de générer de manière autonome du code pour des projets d'ingénierie complets. D'après l'entreprise, Devin va au-delà de l'assistance fournie par des outils comme GitHub Copilot, en exécutant entièrement les tâches qui lui sont assignées. Ce nouvel outil, actuellement en prévisualisation privée, promet d'automatiser les projets d'ingénierie, permettant aux équipes de se concentrer sur des tâches plus créatives. Cognition a récemment sécurisé un financement de 21 millions de dollars lors d'une levée de fonds de série A menée par Founders Fund, le fonds d'investissement de Peter Thiel.
    Pour en savoir plus: Bloomberg

  • Gemini vote blanc • Google vient de limiter les capacités de ses modèles Gemini à répondre aux questions liées aux élections de 2024 en Inde et aux États-Unis, respectivement en avril et novembre prochain. La décision vise à prévenir la désinformation générée par l'IA. Gemini, face à des questions politiques, suggère désormais d'utiliser la recherche Google. Le groupe prévoit d'étendre cette restriction à tous les pays qui organiseront des élections cette année.
    Pour en savoir plus: The Guardian

  • Le grand oui du Parlement européen à l’AI Act • Le Parlement européen a approuvé ce mercredi l'AI Act par une majorité écrasante, avec 523 votes pour, 46 contre et 49 abstentions. Le texte entrera en vigueur en 2026, avec quelques exceptions comme les interdictions d'usages qui seront applicables 6 mois après la date d'entrée en vigueur. Les systèmes d'IA seront classés en quatre catégories principales selon le risque potentiel qu'ils représentent pour la société, avec des règles strictes pour ceux considérés à haut risque avant leur introduction sur le marché européen (lire Qant du 8 février).
    Pour en savoir plus: Euronews

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Un bac à stablecoins à Hong-Kong • L'Autorité Monétaire de Hong Kong (HKMA) vient de lancer un bac à sable pour les stablecoins, qui complète les consultations sur les réglementations présentées en décembre dernier. Cette initiative vise à élaborer des exigences réglementaires adaptées et basées sur le risque, qui favoriseront le développement responsable des stablecoins. Les participants doivent montrer un intérêt véritable pour émettre des stablecoins basés sur le dollar hongkongais. Ils devront respecter les réglementations envisagées, notamment d’être basés à Hong Kong, avec un capital minimum de 25 millions de dollars hongkongais, soit un peu moins de 3 millions d’euros. Ce qui est le cas de Tether, dont le siège social est aux Îles Vierges mais la société opérationnelle est basée à Hong-Kong.
    Pour en savoir plus: Ledger Insights

  • Coinbase veut profiter du rebond des cryptos • Coinbase s'apprête à lever 1 milliard de dollars via une offre de dette convertible. Cette opération, qui inclut des options d'achat plafonnées pour réduire la dilution lors de la conversion en actions, veut permettre à Coinbase de capter les avantages d'un marché haussier (avec notamment une appréciation de l’ordre de 67% du Bitcoin depuis le début de l’année) sans diluer les intérêts des actionnaires existants. Les fonds devraient servir à refinancer la dette et potentiellement à acquérir d'autres entreprises.
    Pour en savoir plus: Bloomberg

SÉCURITÉ

  • Utiliser l’IA face à la menace • Microsoft lancera le 1er avril prochain "Copilot for Security", un service d'IA sous forme d'abonnement, visant à automatiser et améliorer la gestion de la sécurité. Basé sur GPT-4 et un modèle spécifique à Microsoft, ce service offre une IA générative intégrée à des produits comme Sentinel et Defender XDR, ainsi qu'en portail autonome compatible avec des produits tiers. "Copilot for Security" vise à accélérer les enquêtes sur les menaces, l'analyse de malware et la réponse aux incidents, promettant une productivité accrue et une défense à la vitesse de la machine. Le service sera facturé selon un modèle "pay-as-you-go" à 4 $/heure, utilisant une nouvelle unité de facturation appelée Security Compute Unit.
    Pour en savoir plus: The Register

  • Inception modifie la réalité dans le casque de Meta • Des chercheurs de l'université de Chicago ont révélé une faille de sécurité dans le système Quest VR de Meta, permettant une attaque dite "Inception" qui pourrait permettre de dérober des informations sensibles et d'accéder aux actions de l'utilisateur sur son casque. Bien que l'attaque nécessite un accès au réseau Wi-Fi de l'utilisateur et qu’elle n'ait pas encore été observée en dehors de l'étude, elle soulève d'importantes préoccupations en matière de phishing et d'escroqueries. Meta a réagi en affirmant travailler avec des chercheurs académiques pour résoudre la faille. Le nom de l'attaque fait référence au film Inception de Christopher Nolan, dans lequel la technologie permet d'accéder aux rêves d'autrui et de les modifier.
    Pour en savoir plus: MIT Technology Review

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • La commission pour l’intelligence artificielle propose une vision optimiste et volontariste de la politique d’IA que la France pourrait suivre. Revue de détail.

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés