Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

image_author_QANT:_Révolution cognitive et Avenir du numérique
Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
11 sept. · 9 mn à lire
Partager cet article :

L’IA, l’éducation et la guerre

Le ministre ukrainien de l’Enseignement supérieur livre son expérience face à la technologie • Ilya Sutskever lève 1 Md$ en amorçage • Les banques japonaises s’appuient sur la blockchain pour les paiements internationaux • Fourier Intelligence présente le GR-II • Bienvenue dans Qant, vendredi 6 septembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

À la rentrée, l’éducation et la formation face à l’IA

Qant vous donne rendez-vous au Palais Brongniart, à Paris, le 12 septembre de 8h30 à 10h.

Dès l’apparition de ChatGPT, l’IA générative a été massivement adoptée par les collégiens, lycéens et étudiants du monde entier, qui en ont longtemps été les premiers utilisateurs. Les grandes plates-formes internationales, comme Coursera, Duolingo et Khan Academy, leur ont emboîté le pas. Après avoir été ébranlés par la pandémie, l’enseignement et la formation se trouvent ainsi confrontés à une modification, potentiellement très profonde, de l’acte d’apprendre. En outre, les IA génératives promettent d’amples gains de productivité en facilitant de nombreuses tâches et en supprimant les plus répétitives, mais leur adoption crée un besoin spécifique de formation. L’IA générative semble ainsi pouvoir marquer un tournant dans les technologies de l’éducation et de la formation (« edtech »), notamment par :

  • L’apprentissage « adaptatif » et la personnalisation avancée ;

  • L’automatisation des notes et des tâches administratives ;

  • L’augmentation de l’engagement des apprenants par l’interactivité et le retour immédiat ;

  • En conséquence, un élargissement de l’accès à la connaissance et aux compétences.

Qant, l’Observatoire du Financement de l’IA et La Place invitent leurs membres et abonnés à examiner l’émergence de l’IA dans l’edtech et son adoption en France, aussi bien dans la formation que dans l’éducation et la recherche pédagogique.

S’inscrire à l’évènement

« La pandémie puis la guerre ont précipité l’adoption de l’éducation numérique en Ukraine »

Ministre ukrainien délégué à l’Enseignement Supérieur, Mychailo Wynnyckyj présente l’approche de son pays en matière de réforme de l’éducation, mais aussi de contribution de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’effort de guerre.

Mychailo Wynnycky, ministre ukrainien délégué à l’Enseignement Supérieur

Qant. Face à l'IA, certains systèmes éducatifs peuvent se sentir au bord d’une révolution technologique. Mais vous devez, en plus, faire face à la guerre.

Mychailo Wynnyckyj. Oui. Nos établissements sont régulièrement bombardés. Nous avons été confrontés à la destruction d'écoles, de collèges, de lycées, et nous avons dû reloger des universités entières, des étudiants au corps professoral. Mais en parallèle, nous sommes en train de réformer toute l'éducation nationale, en particulier l'enseignement supérieur, dont je suis responsable. C'est un peu comme si nous tentions de transformer un avion en changeant les anciens moteurs à hélice, tout en volant à 10 000 pieds à toute vitesse, car on nous tire dessus avec des missiles.

Qant. Commençons par la recherche. Quel lien avez-vous établi avec l'effort de guerre ?

Mychailo Wynnyckyj. Je ne peux pas entrer dans les détails, pour des raisons de sécurité, mais je peux vous dire ceci : sans les universités ukrainiennes, l’Ukraine n’aurait pas d'équipement anti-radar, pas de drones à longue portée, pas de détonateurs programmables. Et certainement aucun drone maritime. Tout cela a été développé, d'une manière ou d'une autre, dans des centres de recherche universitaires ukrainiens. Tout ce que nos partenaires occidentaux nous ont envoyé est basé sur des fusées. Tout ce qui a trait à la technologie des drones, en particulier à longue portée, a été développé en Ukraine, le plus souvent par des partenariats décentralisés entre les universités et les brigades.

Et pour un coup d’essai, Ilya veut un coup de maître…

  • Safe Superintelligence (SSI) vient de lever 1 milliard de dollars (930 millions d'euros) auprès gratin de la Silicon Valley, notamment a16z et Sequoia Capital.

  • Ilya Sutskever, ancien directeur scientifique et cofondateur d'OpenAI, a quitté cette dernière en mai 2024 pour fonder SSI en juin avec l'entrepreneur Daniel Gross et l'ancien chercheur d'OpenAI Daniel Levy (lire Qant du  21 juin et du 15 mai 2024).

  • La start-up, qui se consacre à la création d’une intelligence artificielle générale (AGI) d’un niveau supérieur à l’humain, serait valorisée à 5 milliards de dollars (4,65 milliards d'euros).

  • À SURVEILLER. Alors que GPT-5 se fait attendre et que l’équipe scientifique d’origine d’OpenAI s’est dispersée, la perspective de l’AGI semble vaciller aux yeux de certains. Visiblement, pas dans la Silicon Valley.

Et par ailleurs :
Les deux avatars sur la TV colombienne Noticias Caracol

  • L’opposition vénézuélienne, via une agence d’exilés en Colombie, Connectas, propose d'utiliser sur Internet deux présentateurs générés par intelligence artificielle, "El Pana" et "La Chama", pour protéger les journalistes face à la violente répression du gouvernement contre les médias et les manifestants. En savoir plus…

  • Salesforce acquiert Tenyx, une société spécialisée dans les agents vocaux alimentés par l'IA, pour renforcer ses solutions d'IA et améliorer l'efficacité des interactions client, en intégrant ces technologies à son agent autonome, Einstein Service Agent. En savoir plus…  

  • Sakana AI, une start-up cofondée par d'anciens chercheurs de Google, a levé plus de 100 millions de dollars (90,2 millions d'euros) lors d'un tour de financement auquel Nvidia a participé, visant à développer des modèles d'IA plus petits et plus efficaces tout en démocratisant l'IA au Japon. En savoir plus…

  • La startup californienne You.com, qui propose des outils de recherche semblables à Perplexity, vient de lever 50 millions de dollars (45,1 millions d'euros) pour développer des outils d'IA pour améliorer la productivité des entreprises. En savoir plus…

Le Japon mise sur les stablecoins pour les paiements internationaux

  • Les trois principales banques japonaises (Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui) développent un système de paiements internationaux instantanés utilisant la blockchain et Swift.

  • Ce système, axé sur les transactions commerciales, permettra des paiements en moins d'une seconde grâce à des stablecoins adossés à différentes devises.

  • Des essais débuteront cet automne avec plus de 10 prêteurs au Japon et à l'étranger, en vue d'une utilisation commerciale l'année prochaine.

  • À SURVEILLER. Ce système veut devenir une norme en raison de sa rapidité et de ses faibles coûts d'investissement. A l’international, il pourra bénéficier du soutien aux stablecoins de la droite américaine, très opposée aux monnaies numériques de banque centrale.

Et par ailleurs :

  • Siemens a émis une obligation numérique de 300 millions d'euros via une blockchain, marquant sa deuxième utilisation de cette technologie pour accélérer les transactions de titres en Allemagne, avec un règlement instantané et automatisé en monnaie de banque centrale. En savoir plus…

  • La Zürcher Kantonalbank (ZKB), classée comme la deuxième banque la plus sûre au monde, a lancé un service de cryptomonnaie pour ses clients particuliers, permettant le trading de bitcoin et d’ether via ses plateformes numériques, en partenariat avec Crypto Finance pour le courtage et avec une solution de garde développée en interne. En savoir plus…

Des lunettes XR pour Samsung et Google

  • Qualcomm travaille avec Samsung et Google sur des lunettes de réalité mixte connectées à un smartphone, selon les informations de CNBC

  • Ce projet vise à combiner réalité augmentée et virtuelle pour offrir une nouvelle expérience utilisateur avec les smartphones des deux marques, à l’instar des  lunettes Ray-Ban de Meta équipées de puces Qualcomm.

  • À SURVEILLER. Le succès mondial des lunettes RayBan-Meta est en train de dessiner un nouvel avenir pour les technologies de réalité mixte, loin du métavers et du calcul spatial de l’Apple Vision, mais proche de l’IA et du quotidien. Sauf en Europe, où Meta ne vend pas ces lunettes.

Le chinois Fourier améliore son robot humanoïde d’aide à domicile

Le chinois Fourier Intelligence vient de dévoiler dans une courte vidéo des détails sur son nouveau robot humanoïde GR-II. Ce modèle, qui succède au GR-1 lancé en 2023, est présenté comme une version améliorée, capable d’exécuter une plus grande diversité de tâches et destiné à un éventail plus large de clients. Il s’appuie notamment sur des modèles d’IA transformers, comme les LLM, pour améliorer sa vision.

Basée à Shanghai et Singapour, Fourier Intelligence produit des exosquelettes depuis sa création en 2015. Elle a lancé le GR-1 en 2023, avec pour objectif annoncé de répondre au défi du vieillissement de la population en Chine. Il est censé pouvoir pallier les pénuries de main-d'œuvre, mais également assurer des soins aux personnes âgées.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Mychailo Wynnyckyj, ministre ukrainien délégué à l'Enseignement Supérieur, explique que malgré la guerre et les bombardements, l'Ukraine réorganise son système éducatif et innove grâce à une approche décentralisée, où la solidarité et la résilience, apprises dès l'école, jouent un rôle crucial dans le développement de technologies militaires essentielles comme les drones.
• Le GR-2 du chinois Fourier Intelligence intègre des modèles d’IA transformers, comme les LLM, pour améliorer la perception de son environnement.

« La solidarité et la résilience s’apprennent à l’école ! »

Ministre ukrainien délégué à l’Enseignement Supérieur, Mychailo Wynnyckyj est né au Canada. Après avoir fait ses études en Grande-Bretagne, à l’université de Cambridge, il est venu vivre en Ukraine en 2001. Sociologue, enseignant au Family Business Center (LVBS) de Kyiv, il est l’auteur de Ukraine's Maidan, Russia's war: A Chronicle and Analysis of the Revolution of Dignity  (Ibidem, 2019).

Mychailo Wynnycky, ministre ukrainien délégué à l’Enseignement Supérieur

Qant. Face à l'IA, certains systèmes éducatifs peuvent se sentir au bord d’une révolution technologique. Mais vous devez, en plus, faire face à la guerre.

Mychailo Wynnyckyj. Oui. Nos établissements sont régulièrement bombardés. Nous avons été confrontés à la destruction d'écoles, de collèges, de lycées, et nous avons dû déplacer des universités entières, des étudiants au corps professoral. Mais en parallèle, nous sommes en train de réformer toute l'éducation nationale, en particulier l'enseignement supérieur, dont je suis responsable. C'est un peu comme si nous tentions de transformer un avion en changeant les moteurs à hélice en jets, tout en volant à 10 000 pieds à vitesse maximum, car on nous tire dessus avec des missiles.

Qant. Commençons par la recherche. Quel lien avez-vous établi avec l'effort de guerre ?

Mychailo Wynnyckyj. Je ne peux pas entrer dans les détails, pour des raisons de sécurité, mais je peux vous dire ceci : sans les universités ukrainiennes, l’Ukraine n’aurait pas d'équipement anti-radar, pas de drones à longue portée, pas de détonateurs programmables. Et certainement aucun drone maritime. Tout cela a été développé, d'une manière ou d'une autre, dans des centres de recherche universitaires ukrainiens. Tout ce que nos partenaires occidentaux nous ont envoyé est basé sur des fusées. Tout ce qui a trait à la technologie des drones, en particulier à longue portée, a été développé en Ukraine.

...