Trump, l’IA et le bitcoin : mobiliser l’Europe

Tether quitte l'Europe et prend pied au cœur de l'administration Trump • Imagry teste des bus autonomes sans carte • Spotify intègre Gemini • La réalité virtuelle peut avoir un goût • L'Australie s'inspire de l'Europe sur l’IA • Trump et Musk : un nouveau rapport de forces tech et monétaire • Bienvenue dans Qant, jeudi 28 novembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chassée d’Europe, Tether voit s’ouvrir Wall Street et Washington

  • Cantor Fitzegrald a acquis une participation de 5 % dans l’émetteur de stablecoins Tether, valorisée à 600 millions de dollars (environ 570 M€), en application d’un accord signé l’an dernier révèle le Wall Street Journal.

  • Le CEO de cette banque d’investissement de Wall Street, Howard Lutnick, a été choisi par Donald Trump comme son futur secrétaire d’État au Commerce, une position similaire à celle d’un ministre de l’Économie.

  • Spécialisée dans le courtage de bons du Trésor américains, Cantor Fitzgerald assure la garde des titres qui garantissent plus de 80 % des jetons émis par Tether (soit plus de 100 milliards de dollars sur une circulation d’environ 130 milliards).

  • Parallèlement, Tether diversifie ses activités avec un investissement dans le négoce de matières premières et le lancement de la plateforme de tokenisation Hadron. Mais elle vient d’annoncer l’arrêt de l’émission de son stablecoin adossé à l’euro, EURT, en raison des régulations européennes jugées trop contraignantes.

  • Les détenteurs d’EURT ont jusqu’au 25 novembre 2025 pour convertir leurs jetons, qui représentent un faible volume d’échanges (2 millions de dollars par jour).

  • À SURVEILLER : La divergence atlantique. Longtemps sous le feu des autorités américaines pour des suspicions de blanchiment d’argent et de violations réglementaires, Tether pourrait retrouver pignon sur Wall Street sous l’administration Trump. Au contraire, les exigences du règlement européen Mica la repoussent hors du Vieux Continent et structurent le futur marché des stablecoins euros.

« Donald Trump pourrait miser sur le bitcoin pour soutenir le dollar »

Mardi 26 novembre au palais Brongniart, Qant interviewait en public Mathilde Carle et Hubert de Vauplane, deux avocats, associés du cabinet Kramer Levin, spécialisés dans l’IA et les cryptos, attentifs observateurs de la tech et des États-Unis.

De gauche à droite : Jean Rognetta, Mathilde Carle et Hubert de Vauplane • Photo : Qant

Qant. Que peut-on prévoir aujourd’hui de l’administration Trump dans les secteurs de l’intelligence artificielle et des cryptos ?  

Mathilde Carle. L’IA est aujourd'hui à un moment clé. Nous sommes encore aux prémices de sa diffusion : le moment serait donc bien choisi pour orienter juridiquement son développement à partir de son berceau, les États-Unis. Le président Trump, durant son premier mandat, avait pris plusieurs décrets, des "executive orders", sur le sujet de l'IA. Ces textes, de 2019 et 2020, sont extrêmement mesurés. Ils incitaient à maintenir la vigueur de la recherche en IA à travers cinq piliers : favoriser l'innovation américaine, définir des standards techniques, former la population, favoriser la confiance des Américains dans la technologie, et protéger les États-Unis face à leurs adversaires. Le décret de Joe Biden, qui défend une IA responsable, s’est inscrit en prolongement. Aujourd'hui, on sait peu de choses du programme de l'IA de Donald Trump, mais on s'oriente d’après ses premières annonces vers quelque chose d'assez différent. 

Hubert de Vauplane.  Avec une majorité républicaine claire, on devrait voir plusieurs textes sortir pendant les deux prochaines années. Du côté des cryptos, il est important d’analyser la création d'une réserve nationale de bitcoins sous la présidence Trump. C’est une idée relativement ancienne. La Pennsylvanie, par exemple, a ouvert à son fonds stratégique la possibilité d'investir 10% des actifs en bitcoins.

“Un changement de paradigme dans la manière de penser les cryptoactifs et les bitcoins”, Hubert de Vauplane • D.R.

Une navette autonome pour moins de 3 000 euros (et un bus)

Imagry, une start-up israélo-américaine, développe une technologie qui permet de rendre les bus autonomes grâce à une reconnaissance en temps réel.

Fondée en 2015, Imagry s'appuie sur un réseau neuronal et un système de vision artificielle pour analyser l'environnement en temps réel. Contrairement aux approches traditionnelles de conduite autonome, qui utilisent des cartes numériques détaillées, sa technologie génère une cartographie 3D instantanée à partir de caméras embarquées couvrant 360° et jusqu'à 300 mètres de portée. Cela permet aux bus de détecter et de réagir face à des éléments comme les piétons, les véhicules et les feux de signalisation, sans dépendre de données préalables. Et à leurs opérateurs, de faire des économies.

Données : l’Australie se rebiffe

  • Une enquête du Sénat australien critique Amazon, Google et Meta pour leur utilisation opaque des données australiennes dans l'entraînement de leurs modèles d’intelligence artificielle. Les entreprises ont été accusées de ne pas répondre clairement aux questions concernant l'exploitation des données privées. 

  • Le rapport appelle à une législation spécifique sur l'intelligence artificielle, visant à imposer des exigences de transparence et de responsabilité pour les modèles jugés à "haut risque". 

  • Les créateurs seront protégés par des mécanismes de rémunération lorsque leurs œuvres sont utilisées pour générer du contenu via l'IA. 

  • À SURVEILLER : Les oppositions. Cette proposition du gouvernement travailliste a été critiquée, à droite, car elle pourrait  limiter les opportunités offertes par l'IA en matière de création d’emplois et de productivité. A gauche, les Verts estiment que le rapport reste insuffisant face aux cadres réglementaires d'autres pays comme le Royaume-Uni et l'Union européenne.

Carnegie Mellon, Google, Runway

  • Spotify intègre Gemini • Google vient de lancer une fonctionnalité qui permet à l'assistant IA Gemini de contrôler Spotify sur les appareils Android. Une fois les comptes Google et Spotify liés, les utilisateurs peuvent rechercher et jouer des morceaux, albums, ou playlists via des commandes vocales ou textuelles en langage naturel. Spotify devient ainsi la deuxième application tierce à intégrer Gemini, après WhatsApp. En savoir plus… 

  • Runway joue au peintre • Runway vient de lancer Frames, un nouveau modèle d’intelligence artificielle dédié à la génération d’images. Frames se distingue par un contrôle stylistique accru et une fidélité visuelle améliorée, garantissant une cohérence esthétique, même lorsqu’il est utilisé pour créer des vidéos dans un univers visuel donné. Actuellement déployé progressivement dans Gen-3 Alpha et via l’API Runway, Frames permet de produire des images très réalistes ou stylisées, adaptées à divers contextes. En savoir plus… 

  • Les Nobel et l’IA pluridisciplinaire • Une étude de l'université Carnegie Mellon et de la société de conseil Calculation Consulting analyse les contributions interdisciplinaires en intelligence artificielle. Les récents prix Nobel en physique et chimie, qui ont récompensé des avancées en réseaux neuronaux et en repliement des protéines, soulignent le rôle des approches combinant physique, chimie et mathématiques. Les auteurs appellent à renforcer la collaboration interdisciplinaire pour progresser vers l’intelligence artificielle générale et résoudre des défis complexes comme le changement climatique. En savoir plus…

Une sucette pour la réalité virtuelle

  • Des chercheurs de la City University of Hong Kong ont conçu un dispositif en forme de sucette pour intégrer le sens du goût aux environnements de réalité virtuelle.

  • L’appareil utilise des produits chimiques alimentaires stimulés par des courants électriques pour produire neuf saveurs différentes, ajustables en intensité. Ce système vise des applications variées, comme le shopping à distance, les interfaces homme-machine et le divertissement. 

  • La technologie repose sur des poches de gel alimentaire activées par des micro-courants, libérant des saveurs telles que sucre, sel, thé vert ou durian lorsqu’elles entrent en contact avec la salive. 

  • À SURVEILLER. L’impact potentiel de cette innovation sur les usages immersifs en VR, et son développement pour des secteurs comme la santé ou la restauration sensorielle.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• IA, bitcoin : mobiliser l’Europe pour faire face à l’administration Trump
• Imagry teste une technologie de conduite autonome en temps réel pour les bus urbains.

« Une sorte d’étalon-bitcoin après l’étalon-or »

Mardi 26 novembre au palais Brongniart, Qant interviewait en public Mathilde Carle et Hubert de Vauplane, deux avocats spécialisés dans l’IA et les cryptos, attentifs observateurs de la tech et des États-Unis.

On peut anticiper des mesures de déréglementation interne de la tech”, Mathilde Carle • D.R.

Qant. Que peut-on prévoir aujourd’hui de l’administration Trump dans les secteurs de l’intelligence artificielle et des cryptos ?  

Mathilde Carle. L’IA est aujourd'hui à un moment clé. Nous sommes encore aux prémices de sa diffusion : le moment serait donc bien choisi pour orienter juridiquement son développement à partir de son berceau, les États-Unis. Le président Trump, durant son premier mandat, avait pris plusieurs décrets, des "executive orders", sur le sujet de l'IA. Ces textes, de 2019 et 2020, sont extrêmement mesurés. Ils incitaient à maintenir la vigueur de la recherche en IA à travers cinq piliers : favoriser l'innovation américaine, définir des standards techniques, former la population, favoriser la confiance des Américains dans la technologie, et protéger les États-Unis face à leurs adversaires. Le décret de Joe Biden, qui défend une IA responsable, s’est inscrit en prolongement. Aujourd'hui, on sait peu de choses du programme de l'IA de Donald Trump, mais on s'oriente d’après ses premières annonces vers quelque chose d'assez différent. 

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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