Bienvenue au meilleur des mondes
Ére Trump, an IX : le combat pour l’espace public prend une dimension géopolitique • Gemini descend dans l’arène pour affronter Copilot • Anduril produira des milliers de drones par an • Walmart et Symbotic veulent robotiser la distribution de proximité • Bienvenue dans Qant, lundi 20 janvier 2025.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Le présent de Pékin
À la veille de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, la Chine a montré sa puissance, par réseaux sociaux interposés. La rivalité géopolitique de “l’ère Trump”, selon le mot de Yasha Mounk et Francis Fukuyama, s’engage sous le signe de la tech.
COUP DE FORCE. Alors que la loi ne faisait que forcer les stores, d’Apple et Google notamment, à ne plus proposer son app, TikTok a décidé de fermer son service aux États-Unis au moment de son entrée en vigueur, dimanche 19 à zéro heure.
En réponse, Donald Trump à annoncer qu’il signera, dès sa prise de fonctions ce soir, un décret présidentiel (“executive order”) suspendant la loi.
Il a également communiqué son souhait que Bytedance garde 50% du capital de TikTok aux États-Unis.
TRUMPTOK. Le réseau social, dont ces dernières semaines ont montré qu’il est directement dirigé depuis Pékin, a montré sa bonne volonté en rouvrant ses services dans la journée de dimanche.
Outre-Atlantique, TikTok compte 170 millions d’utilisateurs mensuels, dont 2 millions de créateurs, qui se sont partagés l’an dernier, selon diverses sources, presque 15 milliards de dollars.
Parmi les repreneurs potentiels, on trouve depuis hier la start-up Perplexity AI, mais les concurrents les plus sérieux restent Elon Musk et un très trumpien consortium mené par deux entrepreneurs, Franck McCourt et Kevin O’Leary.
TRUMPÉRIALISME. Après le ralliement de Mark Zuckerberg, l’évolution de l’algorithme de TikTok achèvera de couler dans le même modèle idéologique les principaux réseaux sociaux américains, limitant l’opposition aux “faits alternatifs” à la réserve où se confineront les legacy media, presse, radio et télévision.
Pendant ce temps, en Europe, la Commission a étendu comme prévu son enquête contre X et l’association autrichienne NOYB (“None Of Your Business”) a porté plainte contre les chinoises TikTok, AliExpress, Shein, Temu, Wechat et Xiaomi pour usage abusif des données. Dans le passé, ses actions ont fait condamner Apple, Alphabet et Meta à des amendes importantes, de plusieurs milliards d’euros au total.
La semaine dernière, l’ancien commissaire Thierry Breton suggérait que l’on pourrait “suspendre” X en Europe, face aux actions propagandistes menées par Elon Musk en faveur des extrêmes-droites allemande et britannique.
À SURVEILLER. Le “Dictateur d’un jour”. La reculade de Trump sera noyée sous le bruit de son investiture et de la multitude de décrets présidentiels – une centaine, dit-on – qui seront signés cette nuit. Mais la puissance de Pékin dans les négociations et la valeur géopolitique des réseaux sociaux est désormais claire. Or, une multitude d’études académiques a montré les risques que pose TikTok à la sécurité nationale des États-Unis. Il est aisé de les extrapoler aux autres réseaux sociaux.
$TRUMP, Joe Biden
Le complexe techno-industriel • « Aujourd'hui, une oligarchie d'une richesse, d'un pouvoir et d'une influence extrêmes prend forme en Amérique et menace littéralement notre démocratie tout entière, nos droits et libertés fondamentaux, ainsi qu'une chance équitable pour chacun d'aller de l'avant » a lamenté Joe Biden dans son message d’adieu à la nation. En écho au président Eisenhower, il met en garde contre « le complexe techno-industriel ». En savoir plus…
Trumponomie • Fight Fight Fight, une société liée à la Trump Organization, a mis sur le marché dans la nuit de vendredi à samedi, 200 millions de jetons $TRUMP, dont la valeur a atteint les 6 milliards de dollars après un week-end de spéculation frénétique. Elle prévoit de vendre 800 millions de jetons supplémentaires dans les années à venir. En savoir plus…
L’affiche ayant servi à lancer le memecoin $TRUMP • Source : Donald Trump
L’espace public à l’ère numérique : une transformation en profondeur
L’émergence du numérique a redéfini profondément l’espace public en France. Une note du Cepremap, publiée la semaine dernière, montre que le débat à l’Assemblée nationale est de plus en plus influencé et polarisé par les réseaux sociaux.
L’Assemblée nationale vue par l’IA de Midjourney • Qant, M. de R. avec Midjourney
Ces dernières années, l’Assemblée nationale est devenue la scène d’un spectacle où les interruptions, les applaudissements et les protestations sont constants et omniprésents. Les discours les plus virulents précèdent pourtant parfois des votes consensuels : la “bordélisation” est une théâtralisation reprise sur les réseaux sociaux, sans influence sur le fond des débats.
Intitulée La Fièvre parlementaire, une note publiée la semaine dernière par l’Observatoire du Bien-être du Cepremap – un laboratoire économique créé par Daniel Cohen et désormais présidé par Benoît Coeuré – chiffre la tendance et montre comment les codes des réseaux sociaux américains et chinois dictent désormais la vie parlementaire française.
En attendant l’IA.
Source : Cepremap
Google lance Gemini contre Copilot – et, à terme, ChatGPT
Les outils d'IA de Gemini seront intégrés gratuitement à la suite de productivité Google Workspace. Une stratégie qui vise à renforcer sa compétitivité face à Microsoft et OpenAI.
Google intègre désormais gratuitement les fonctionnalités d'IA de Gemini dans Gmail, Docs, Sheets et les autres applications de Workspace, auparavant disponibles via un plan payant.
Toutefois, le prix de base des abonnements Workspace augmente de 12 dollars à 14 dollars par mois et par utilisateur, reflétant la stratégie de Google pour généraliser l'usage de l'IA face à la concurrence de Microsoft et d'autres acteurs.
En parallèle, Microsoft a annoncé intégrer désormais les fonctionnalités d’IA de Copilot dans les abonnements Microsoft 365 Personal et Family, tout en augmentant leur prix de 3 dollars par mois.
COMPÉTITIVITÉ.“Google Workspace va devenir plus compétitif par rapport à Microsoft 365. À son nouveau prix, Google apporte des performances crédibles, (...) ainsi que des fonctionnalités genAI différenciées, notamment l'innovant NotebookLM et Vids, un outil genAI de création vidéo” analyse J.P. Gownder, vice-président et analyste principal de Forrester Research.
À SURVEILLER : OpenAI à l’affût. ChatGPT évolue de plus en plus vers une plateforme de productivité. En témoignent, notamment, l’intégration aux apps de l’ordinateur et du téléphone, l’organisation par projets, le lancement cette semaine de Tasks, une fonctionnalité qui permet aux utilisateurs de programmer des rappels et des actions récurrentes. Ou encore en fin d'année dernière l'ouverture à tous les utilisateurs de la recherche sur Internet avec le chatbot (lire Qant du 16 janvier, et du 14, 17 et 20 décembre 2024).
Apple, Hinge, Nvidia, Snap
Premier couac pour Apple Intelligence • Apple a temporairement désactivé les résumés générés par son IA, Apple Intelligence, dans les applications d'actualités pour les utilisateurs de la version bêta de ses systèmes iOS, iPadOS et macOS. La BBC avait signalé des erreurs graves, comme des notifications regroupées affichant de fausses informations (lire Qant du 8 janvier) après que cette fonctionnalité a été introduite en octobre avec les derniers iPhone. En savoir plus…
Nvidia fignole ses agents IA • Nvidia a introduit trois nouveaux microservices conçus pour renforcer la sécurité des agents d'IA utilisés par les entreprises et intégrés à Nemo Guardrails, une plateforme open source de Nvidia qui offre des outils et des services de sécurité d’IA. Les nouvelles fonctionnalités incluent la prévention des contenus nuisibles ou biaisés, le maintien des conversations sur des sujets approuvés et la protection contre les tentatives de contournement des restrictions logicielles, afin de rendre l’adoption des agents d’IA plus fiable et sécurisée. En savoir plus…
Snap épinglé par la FTC • La Federal Trade Commission (FTC) américaine vient de transmettre au département de la Justice une plainte qui accuse le chatbot My AI de Snapchat de poser des risques pour les jeunes utilisateurs. Cette plainte met en cause des réponses problématiques de My AI, comme des conseils sur la dissimulation de l'odeur d'alcool et de marijuana, ou comment faire l’amour pour la première fois, signalées par le Washington Post en 2023. En savoir plus…
L’IA qui vous aide à séduire • L'application de rencontre Hinge lance une fonctionnalité d'IA, "Prompt Feedback", qui analyse les réponses aux questions de profil pour les rendre plus spécifiques et authentiques, en proposant des conseils personnalisés pour améliorer les conversations. Alimentée par GPT-4o mini, cette fonctionnalité aide les utilisateurs à éviter les clichés, alors que Match Group, maison mère de Hinge, investit massivement dans l'IA pour optimiser l'expérience des applications de rencontres. En savoir plus…
Boerse Stuttgart Digital, pionnier des cryptos réglementées
La filiale crypto de la Bourse de Stuttgart devient le premier prestataire allemand à obtenir une licence européenne sous le règlement Mica, ouvrant la voie à une expansion dans toute l’Union européenne.
Vendredi, la BaFin (Autorité fédérale de supervision financière allemande) a attribué à Boerse Stuttgart Digital la première licence de prestataire de services sur crypto-actifs (PSCA) selon le règlement Mica.
La filiale crypto de la Bourse de Stuttgart, qui propose des services de garde et de gestion d’actifs numériques pour les banques, courtiers et gestionnaires d’actifs, peut ainsi désormais opérer dans toute l’Union européenne.
À SURVEILLER : De Psan à PSCA. En France, les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) actuellement enregistrés ou agréés peuvent continuer à fournir leurs services jusqu’au 1er juillet 2026. Mais devront obtenir l’agrément Mica avant cette date.
Anduril crée une méga-usine de drones
Le roboticien militaire Anduril Industries annonce la construction d’une vaste usine de drones dans l’Ohio, capable de produire plusieurs dizaines de milliers de drones par an.
Anduril Industries, entreprise de défense basée en Californie, prévoit d’investir plus de 900 millions de dollars pour construire une usine de drones sur un site de 200 hectares à proximité de Columbus dans l’Ohio.
L’installation fabriquera les véhicules aériens autonomes Fury, Roadrunner et Barracuda, avec une capacité de production annoncée de plusieurs dizaines de milliers d’unités par an.
Le projet, nommé Arsenal 1, devrait entrer en production en juillet 2026. L’usine s’appuiera sur la software-defined manufacturing (fabrication définie par logiciel), pour adapter les modèles et volumes aux besoins.
EN FILIGRANE : Les drones de la série Barracuda sont particulièrement conçus pour être produits en masse. Ils sont vendus de 150 000 dollars, contre 1 million pour un missile de croisière – mais moins de 1 000 pour certains des drones utilisés en Ukraine. Faire baisser le coût unitaire des drones devient une question cruciale pour l’armée américaine, et non seulement elle.
À SURVEILLER : Peter Thiel. En août, Anduril a réuni 1,5 milliards de dollars en série F pour accélérer l’industrialisation de ses robots. Le tour a été codirigé par le Founders Fund de Peter Thiel, également fondateur de Palantir.
Shield, Palantir
Palantir veut renforcer son bouclier d’IA • Shield AI, une start-up californienne spécialisée dans les logiciels d'IA pour drones autonomes, serait en négociations avec Palantir dans le cadre d'une levée de fonds de 200 millions de dollars qui valoriserait l'entreprise à 5 milliards de dollars. Le tour impliquerait également Airbus, L3Harris et des investisseurs comme Andreessen Horowitz. Issu du big data, Palantir multiplie les opérations pour renforcer ses capacités en intelligence artificielle dans le secteur de la défense. En savoir plus…
Symbotic accroît sa symbiose avec Walmart
WalMart renforce son principal roboticien pour créer un réseau de centres automatisés de collecte et livraison accélérées.
Le roboticien américain Symbotic vient d'annoncer l’acquisition de l’unité Advanced Systems and Robotics de Walmart pour un montant initial de 200 millions de dollars. Cet accord pourrait inclure jusqu’à 350 millions de dollars supplémentaires en fonction des résultats obtenus. Cependant, Walmart prévoit d’investir 520 millions de dollars dans le développement de nouvelles technologies par Symbotic, avec un premier versement de 230 millions de dollars prévu à la clôture de l’opération.
Cette opération, quasiment blanche, vise à créer un système de micro-distribution capable de répondre aux besoins croissants des clients en matière de commandes en ligne et de livraisons locales, via des centres automatisés de collecte et livraison accélérées ( “APD”, pour Accelerated Pickup and Delivery). A l’américaine, Symbotic estime que cette nouvelle technologie pourrait élargir le marché potentiel de Walmart aux États-Unis de rien moins que 300 milliards de dollars.
EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :
• L’Assemblée nationale devient une scène où la colère est mise en scène pour les réseaux sociaux.
• Symbotic et Walmart investissent dans l’automatisation pour répondre à la croissance du commerce en ligne.
L’espace public à l’ère numérique : une transformation en profondeur
L’émergence du numérique a redéfini profondément l’espace public en France. Une note du Cepremap, publiée la semaine dernière, montre que le débat à l’Assemblée nationale est de plus en plus influencé et polarisé par les réseaux sociaux.
Ces dernières années, l’Assemblée nationale est devenue la scène d’un spectacle où les interruptions, les applaudissements et les protestations sont constants et omniprésents. Les discours les plus virulents précèdent pourtant parfois des votes consensuels : la “bordélisation” est une théâtralisation des débats.
Source : Cepremap
Intitulée La Fièvre parlementaire, une note publiée la semaine dernière par l’Observatoire du Bien-être du Cepremap – un laboratoire économique créé par Daniel Cohen et désormais présidé par Benoît Coeuré – chiffre la tendance et montre comment les codes des réseaux sociaux dictent désormais la vie parlementaire.
Désinstitutionalisation et réseaux sociaux
...