L’IA, le droit d’auteur et le bien commun

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

« Le seul moyen efficace face à l’IA est que les fichiers comportent des signatures »

Laurent Henocque, chercheur en intelligence Artificielle à Polytech Marseille, est le président fondateur de KeeeX, une suite universelle de certification de contenus numériques. Il se penche avec Qant sur le défi de la certification des contenus numériques à l’ère de l’IA.

Laurent Henocque, chercheur en intelligence artificielle à Polytech Marseille, président fondateur de Keeex.

Qant. La bataille du droit d’auteur contre les modèles d’IA est-elle perdue ?

Laurent Henocque. Les entreprises comme OpenAI ont mis tout le monde devant le fait accompli, à la manière d’Uber ou AirBnb. Des contenus gigantesques ont été siphonnés, avec un niveau de contrôle limité. C’est un sujet qui m’intéresse à titre personnel : je suis photographe amateur, et j’ai publié de nombreuses photos sur Flickr. J’ai aujourd’hui la preuve qu’OpenAI a utilisé mes photographies, et notamment une série de photos de nuit en pause longue, réalisées à l’hiver 2009. Ces photos sont caractéristiques car elles comportent des filets de lumière. En testant Dall-e, j’ai demandé un dessin d’une voiture de sport dans le style de Laurent Henocque, et Dall-e a dessiné une voiture en filets de lumière. Comment lutter contre ça ?

Il est important qu’un photographe inscrive dans les fichiers qu’il crée une information qui donne licence des droits qu’il concède. Si vous publiez des photographies sur un site, même de façon « privée », un bug peut toujours rendre votre contenu public.  Le sujet est d’écrire dans chaque fichier les intentions de copyright qu’on a avec ce fichier, et de le verrouiller.

Après les échecs et le go, le ping-pong

Le bras robotique développé par des chercheurs du MIT a atteint le niveau de joueur amateur de tennis de table. Mais il est encore un peu tendre pour se frotter aux professionnels.

Google DeepMind a dévoilé cet été un robot capable de jouer au tennis de table, qui a atteint un niveau de performance équivalent à celui de joueurs amateurs. Le robot, un bras robotisé équipé d'une raquette imprimée en 3D, a réussi à remporter 13 des 29 matchs disputés contre des joueurs humains de niveaux variés. Le système a su vaincre tous les joueurs débutants et 55 % des adversaires amateurs, tout en perdant contre les joueurs plus avancés.

A la rentrée, l’éducation et la formation face à l’IA

Qant vous donne rendez-vous au Palais Brongniart, à Paris, le 12 septembre de 8h30 à 10h. 

Dès l’apparition de ChatGPT, l’IA générative a été massivement adoptée par les collégiens, lycéens et étudiants du monde entier, qui en ont longtemps été les premiers utilisateurs. Les grandes plates-formes internationales, comme Coursera, Duolingo et Khan Academy, leur ont emboîté le pas. Après avoir été ébranlés par la pandémie, l’enseignement et la formation se trouvent ainsi confrontés à une modification, potentiellement très profonde, de l’acte d’apprendre. En outre, les IA génératives promettent d’amples gains de productivité en facilitant de nombreuses tâches et en supprimant les plus répétitives, mais leur adoption crée un besoin spécifique de formation. L’IA générative semble ainsi pouvoir marquer un tournant dans les technologies de l’éducation et de la formation (« edtech »), notamment par :

• L’apprentissage « adaptatif » et la personnalisation avancée ;

• L’automatisation des notes et des tâches administratives ;

• L’augmentation de l’engagement des apprenants par l’interactivité et le retour immédiat ;

• En conséquence, un élargissement de l’accès à la connaissance et aux compétences.

Qant, l’Observatoire du Financement de l’IA et La Place invitent leurs membres et abonnés à examiner l’émergence de l’IA dans l’edtech et son adoption en France, aussi bien dans la formation que dans l’éducation et la recherche pédagogique.

S’inscrire à l’événement

La pépite française Sonio entre dans le giron de Samsung

• La femtech française Sonio, spécialisée dans la santé des femmes et des enfants, a été entièrement acquise par Samsung, après l'approbation du ministère français de l'Économie et des Finances.

• Fondée en 2020, Sonio propose une solution basée sur l'intelligence artificielle pour l'évaluation et la documentation des examens échographiques en obstétrique et gynécologie.

• Cette acquisition intervient après la deuxième vague d'approbation de la FDA en 2024, avec des solutions de Sonio pour le reporting et la gestion de flux de travail déjà en place dans plusieurs sites aux États-Unis.

• À SURVEILLER. Sonio poursuivra sa croissance commerciale de manière indépendante tout en développant des produits compatibles avec tous les fabricants d'appareils échographiques, ce qui pourrait transformer l'accès aux soins prénataux.

Orienter l’IA vers le bien commun

L'intelligence artificielle a le potentiel de remodeler nos économies, nos marchés du travail, nos sociétés et nos politiques. Cependant, malgré les prévisions optimistes, l'histoire montre que les avancées technologiques conduisent rarement à des améliorations immédiates du niveau de vie et entraînent souvent de profonds bouleversements.

Diane Coyle, professeure de politique publique à l'université de Cambridge, spécialiste de l’économie numérique“Le monde est au milieu de deux révolutions technologiques : la transition vers une économie nette zéro et l'essor rapide de l'IA et d'autres technologies numériques. Ensemble, ces révolutions sont sur le point de remodeler nos économies et de changer notre façon de travailler, les biens et services que nous produisons et consommons, ainsi que la structure et la dynamique des marchés financiers. Mais la question demeure : ces changements radicaux se traduiront-ils par une accélération de la croissance économique ?”

“Bien que nous ne puissions pas inverser ou ralentir le développement de l'IA, les dirigeants et les décideurs politiques doivent veiller à ce que ces technologies puissantes servent le bien commun, qu'elles conduisent ou non à une croissance économique mesurable.”

Et par ailleurs : 

• La start-up chinoise MiniMax, soutenue par Alibaba et Tencent, vient d'annoncer le lancement d'un outil text-to-video du même nom. Il semble notamment capable de reproduire avec précision les mouvements des mains. En savoir plus…

• Des chercheurs de l'université de Toronto ont utilisé un programme d'IA pour analyser plus de 36 000 combinaisons d'oxydes métalliques afin d'identifier un alliage efficace pour la production d'hydrogène vert. L'IA a permis de trouver en quelques jours un candidat optimal, économisant des années de recherche expérimentale. En savoir plus…

• Canva a augmenté considérablement les prix de son abonnement Canva Teams, avec des hausses pouvant dépasser 300 %. L’'entreprise se justifie par l'ajout de nouvelles fonctionnalités d'IA générative. En savoir plus…

Un bac à sable pour la tokenisation interbancaire à Hong Kong

• HSBC, Standard Chartered, Hang Seng Bank et Bank of China Hong Kong participent à un bac à sable pour tester l'utilisation d'une monnaie numérique dans le règlement de dépôts tokenisés à Hong Kong.

• HSBC a réalisé trois tests préliminaires, notamment pour l'achat d'obligations numériques et le règlement de factures électroniques. Hang Seng Bank a collaboré sur certains de ces tests.

• Standard Chartered prévoit trois essais supplémentaires, dont l'utilisation de dépôts tokenisés pour l'émission d'obligations, en partenariat avec Ant International pour la gestion de liquidités en temps réel.

• À SURVEILLER. Le développement de ces projets pourrait transformer le système de règlement interbancaire, en intégrant des transactions 24/7 et en renforçant l'efficacité des opérations financières internationales.

Et par ailleurs : 

• La blockchain TON, associée à Telegram, a dépassé 1 milliard de transactions, dont la moitié au cours des trois derniers mois, grâce à une augmentation significative de l'activité des utilisateurs, notamment due à l'airdrop du memecoin Dogs. En savoir plus…

Un nouveau casque pour Meta

• Un nouveau casque Meta, probablement le Quest 3S, vient d'obtenir la certification de la FCC, l'agence américaine responsable de l'utilisation des fréquences sans fil. 

• Le Quest 3S serait une version plus abordable du Quest 3, avec le même processeur Snapdragon XR2 Gen 2 et des capacités de réalité mixte en couleur, mais avec des lentilles Fresnel plus anciennes. Il prend en charge le Wi-Fi 6E, offrant une bande passante accrue et moins d'interférences, idéal pour le streaming PC sans fil dans la même pièce que le routeur.

• À SURVEILLER. Avec un prix estimé entre 300 et 400 dollars, la présentation du Quest 3S, attendue lors de la conférence Connect de Meta les 25 et 26 septembre, pourrait marquer un tournant dans l'accessibilité des casques VR.

  EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS

• Laurent Henocque insiste sur l'importance de la certification et de la vérifiabilité des contenus numériques pour lutter efficacement contre les altérations, les fake news et les abus de l'IA, en soulignant que seule une signature numérique engageant l'auteur peut garantir l'intégrité des documents.

• L'IA, bien qu'incertaine dans ses effets, est perçue comme une technologie potentiellement transformative, comparable à la machine à vapeur ou à l'imprimerie, et doit être orientée pour servir le bien commun, explique Diane Coyle.

• Google DeepMind a développé un robot joueur de tennis de table, capable de battre des joueurs débutants et amateurs, mais encore limité face à des adversaires plus avancés, bien qu'il puisse améliorer ses performances grâce à l'apprentissage et l'adaptation durant les matchs.

« Le seul moyen efficace face à l’IA est que les fichiers comportent des signatures »

...