Mistral presque gagnant

A16Z souffle et Mistral s’envole • La COP se tourne contre l’IA • Le robot Ekobot veut remplacer les herbicides • Rain Neuromorphics exacerbe les conflits d’intérêts de Sam Altman • Les 1000 qubits se rapprochent (un peu) • Bienvenue dans Qant, qui évalue les LLMs avec Yann Le Cun, ce mardi 5 décembre 2023

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

Un vent d’argent venu d’ouest

Le deuxième tour de Mistral se profile. De 450 millions d’euros sur une valeur d’entreprise d’environ 1,8 milliard d’euros, il sera assez important pour garantir l’avenir de la start-up française des modèles de fondation.

"Le robot roule sur l'or à Paris)"Le robot roule sur l'or à Paris)

Les rumeurs de ces dernières semaines (lire Qant du 13 novembre) paraissent se confirmer. Selon Bloomberg, la startup française Mistral AI est sur le point de finaliser une levée de fonds d'environ 450 millions d'euros, avec une valorisation estimée à près de 2 milliards d'euros. L’opération, qui comprend plus de 325 millions d'euros en actions, est menée par Andreessen Horowitz, qui envisage d'investir 200 millions d'euros. Nvidia et Salesforce contribueront à hauteur de 120 millions d'euros sous forme de dette convertible. Cependant, certains détails de l'accord restent en suspens, ce qui pourrait faire évoluer le deal entier.

Les cofondateurs de Mistral AI ont convenu de vendre plus d'un million d'euros chacun en actions dans le cadre de cet accord, révèlent des documents examinés par Bloomberg. D'autres acteurs clés de Mistral, dont Cédric O, ancien ministre français et conseiller principal de l'entreprise, sont également prêts à céder une partie de leurs actions, avec des ventes avoisinant le million d'euros. Mistral, qui se positionne comme un acteur majeur de l'IA en Europe, a été fondée par d'anciens chercheurs de DeepMind et de Meta, qui ont déjà travaillé sur des grands modèles de langage.

La startup avait déjà levé 100 millions de dollars lors d'un premier tour de table en juin (lire Qant du 15 juin). Sans qu’on puisse la comparer aux grandes start-up californiennes, comme OpenAI, Anthropic, Inflection ou Character.ai, un tel montant la placerait en position favorable face à des rivaux comme l’israélienne AI21, qui a levé 155 millions de dollars en série C (lire Qant du 4 septembre) ou la canadienne Cohere, qui a levé 250 millions de dollars sur la même valorisation, de 2 milliards (lire Qant du 5 mai).

Pour en savoir plus :

L’ÉVÉNEMENT

Haro sur l’IA à la COP28

Alors qu’une nouvelle étude souligne le caractère énergivore des modèles d’intelligence artificielle, GreenPeace appelle à la mise en place de garde-fous face aux risques climatiques de l’IA.

“Le robot s’occupe de la Terre” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Le robot s’occupe de la Terre” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Créer une image avec l’IA peut consommer autant d’électricité que recharger son smartphone. Par la grâce de la COP 28, ce résultat télégénique d’une étude récente de Hugging Face et de l'université Carnegie Mellon s’apprête à faire le tour des plateaux. Les chercheurs ont également mesuré le carbone produit par différents travaux d'IA, constatant que la création d'images était en tête de liste. 

La génération de texte est nettement moins gourmande, mais la demande énergétique massive des systèmes d'IA pose un risque environnemental certain. Les centres de données qui alimentent ces technologies consomment une quantité d'énergie de plus en plus importante, car les modèles d'IA nécessitent des ressources de calcul substantielles.

L’addition salée de l’utilisation des modèles

L’entraînement de grands modèles de langage (LLM) est très énergivore, mais la part principale de leur empreinte carbone provient de leur utilisation, des calculs d’inférence. Générer 1 000 images avec un modèle d'IA puissant, tel que Stable Diffusion XL, produit autant de gaz carbonique que conduire 6,5 kilomètres dans une voiture à essence moyenne.

L'étude a également comparé les émissions de carbone de modèles d'IA plus récents (et plus grands) avec des modèles plus anciens. Les nouveaux systèmes d'IA émettent beaucoup plus de carbone que ceux d'il y a deux ou cinq ans.

À son tour, GreenPeace a souligné, dans un communiqué publié à l'occasion de la COP 28, la nécessité de mettre en place des garde-fous pour les risques climatiques de l'IA. L'organisation environnementale appelle à une prise de conscience et à une action collective pour atténuer l'impact environnemental de l'IA, soulignant l'importance de développer des technologies plus durables et écoresponsables.

Pour en savoir plus: 

L’ESSENTIEL : ByteDance, Ekobot, Meta, OpenAI, le Trésor britannique

ROBOTS

Un robot pour désherber son champ et réduire les herbicides

Le robot autonome Ekobot Weai d’Ekobot AB identifie et élimine les mauvaises herbes, en couvrant jusqu’à 10 hectares par jour.

La société suédoise Ekobot AB vient de présenter Ekobot Weai, un robot autonome conçu pour désherber les champs. Ce robot de 600 kg, alimenté par batterie, est capable de fonctionner 10 à 12 heures par jour. Équipé de doigts métalliques et guidé par un système de vision par intelligence artificielle, l’Ekobot Weai est spécialement conçu pour identifier et éliminer les mauvaises herbes dans les champs de légumes tels que les oignons, les betteraves et les carottes.

Ce robot, qui peut couvrir environ 10 hectares par jour, navigue à l'aide d'un GPS. Il est doté de capteurs de sécurité pour éviter les collisions accidentelles. L'intégration de la technologie 5G, en collaboration avec la société de télécommunications suédoise Telia, permet à Ekobot de communiquer à distance avec un serveur central, partageant ainsi des données d'apprentissage précieuses.

L'utilisation d'Ekobot Weai pourrait permettre de réduire l'usage des herbicides jusqu'à 70% dans les cultures d'oignons, selon les essais menés. Actuellement disponible en Suède et aux Pays-Bas, Ekobot est en voie d'expansion vers le Danemark, la Norvège et prévoit une présence dans neuf pays de l'Union Européenne, au Royaume-Uni et aux États-Unis d'ici 2030.

Pour en savoir plus : Ars Technica

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • L’IA qui traduit plus vite que son ombre : Meta AI vient de présenter Seamless, un outil d'IA de traduction qui permet une conversation multilingue en temps réel. Il intègre deux modèles principaux : SeamlessExpressive, qui permet de traduire en conservant les nuances vocales, et SeamlessStreaming, qui utilise la technique Emma (Efficient Monothonic Multihead Attention) une méthode avancée en traitement du langage naturel, pour traduire des paroles en temps réel sans attendre la fin des phrases.
    Pour en savoir plus: MarkTech Post

  • Les conflits d’intérêts de Sam Altman : OpenAI aurait signé une lettre d'intention pour acheter pour 51 millions de dollars de puces à la startup Rain Neuromorphics. Les unités de traitement neuromorphique (NPU) de Rain sont conçues pour imiter les caractéristiques du cerveau humain. Cependant, l'accord soulève des questions sur les conflits d'intérêts potentiels du CEO d’OpenAI Sam Altman, qui a également investi personnellement dans Rain. La semaine dernière, le fonds saoudien Prosperity7 Ventures a été contraint de vendre sa participation dans Rain pour des raisons de sécurité nationale (lire Qant du 4 décembre).
    Pour en savoir plus: The Information

  • ByteDance se voit créateur de chatbots : ByteDance, la société chinoise propriétaire de TikTok, développe une plateforme ouverte permettant aux utilisateurs de créer leurs propres compagnons IA, entrant ainsi sur le marché de l'IA générative, selon un mémo interne. La plateforme devrait être lancée en version bêta publique d'ici la fin du mois.
    Pour en savoir plus: South China Morning Post, The Decoder

  • L’IA joue à l’oenologue : Des chercheurs de l'université technique du Danemark, de l'université de Copenhague et de Caltech ont développé un outil d'intelligence artificielle capable de détecter les fraudes dans le vin en traçant son origine. Ils ont utilisé l'apprentissage automatique en combinaison avec la chromatographie en phase gazeuse, une technique de laboratoire qui sépare et identifie les composés d'un mélange, pour analyser les vins. Cette méthode permet à l'algorithme de distinguer les vins selon leur région et domaine de production avec une précision de 99% pour identifier le château, bien que sa capacité à différencier les millésimes soit moins précise.
    Pour en savoir plus: The Guardian

BLOCKCHAINS

  • La livre numérique et l’exclusion financière : Le Comité du Trésor de la Chambre des communes du Royaume-Uni a demandé à la Banque d'Angleterre et au Trésor de mener des études supplémentaires sur la viabilité et les risques d'une livre numérique, en raison des coûts importants déjà engagés. Le comité exprime des préoccupations sur l'investissement nécessaire pour un lancement officiel et doute que les avantages l'emportent sur les risques, tout en insistant pour que la livre numérique n'accentue pas l'exclusion financière déjà présente au Royaume-Uni.
    Pour en savoir plus: Coin Telegraph

QUANTUM

  • Le Condor d’IBM prend son envol : IBM vient d'annoncer la création d'un processeur quantique de plus de 1 000 qubits et prévoit d'atteindre des qubits corrigés d'erreurs d'ici la fin de la décennie. La nouvelle puce Condor représente le plus grand processeur quantique basé sur des transmons, une variante du qubit de charge conçue pour être moins sensible aux interférences électriques. Cette avancée marque la fin de la première phase expérimentale de sept ans dans le développement de l'informatique quantique chez IBM.
    Pour en savoir plus: Financial Times

EXPERT

Gaia, des hypothèses pour détecter l’AGI

Une équipe de chercheurs, parmi lesquels le prix Turing Meta Yann Le Cun, propose un nouvel étalon pour tester les capacités des assistants IA dans des situations concrètes. Une manière de faire reculer l’enthousiasme sur l’intelligence artificielle générale (AGI).

“Le chercheur analyse les performances du robot” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Le chercheur analyse les performances du robot” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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