Mistral vise les étoiles
Pendant que le nouveau tour de Mistral commence à "faire le buzz" en Californie, Elon Musk et Sam Altman s'écharpent pour la galerie et Qant teste les GPTs d'OpenAI. Bienvenue dans Qant, lundi 13 novembre 2023.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
DERNIÈRE MINUTE
Un vent d’indiscrétions souffle sur Mistral
La presse professionnelle californienne bruisse de rumeur sur la start-up française. La future licorne prépare un deuxième tour, qui pourrait s’élever jusqu’à 400 millions de dollars sur une valeur d’entreprise de 2,5 milliards.
Les fonds américains Andreessen Horowitz, General Catalyst, Abstract Venture et Bezos Expeditions seraient en train de rivaliser dans les négociations pour le deuxième tour de Mistral, d’après le média californien Business Insider. Loin d’être clos, le tour de Mistral semble cependant pris dans un tourbillon ascendant : le 30 octobre, The Information le donnait à 300 millions de dollars, sur une valeur pre-money supérieure à 1 milliard.
En juin dernier, quatre semaines après la création de l’entreprise, les trois fondateurs, Arthur Mensch (ex-DeepMind), Timothée Lacroix et Guillaume Lample (ex-Meta) avaient levé 100 millions de dollars sur une valeur de 260 millions, notamment auprès du californien Lightspeed Ventures, connu pour avoir été le premier investisseur dans Snap (lire Qant du 15 juin et du 29 septembre).
Mistral 7B, le modèle à 7 milliards de paramètres présenté en septembre, ne pâtit pas de la comparaison avec les bien plus puissants Llama2 (Meta) et GPT 3.5 (OpenAI), d’après plusieurs observateurs. Le prochain modèle devrait, d’après la rumeur, compter 13 milliards de paramètres et être présenté en décembre. Mais déjà, Zephyr 7B, un modèle “fine-tuned” par Hugging Face à partir de Mistral 7B, bat Llama 2 70B sur MT Bench, d’après Hugging Face.
En Chine, Kai Fu-Lee a construit une licorne d’IA en sept mois (lire Qant du 7 novembre). Les trois Frenchies ont une chance de faire mieux.
Pour en savoir plus :
L’ÉVÉNEMENT
L’IA et l’art de recréer l’humour boomer
Déconstruction et reconstruction d’une passe d’armes sur X-Twitter.
Jeudi dernier, Sam Altman a provoqué Elon Musk, en publiant sur X-Twitter des captures d’écran où il demande à GPT Builder de créer un chatbot personnalisé avec un humour de "boomer ringard". A la question, “comment faut-il l’appeler ?”, GPT-4 Turbo a répondu : “Très bien appelons le Grok”, du nom du modèle lancé par X.AI (lire Qant du 6 novembre).
La réponse d’Elon Musk ne s’est pas faite attendre. “En matière d'humour, GPT-4 est aussi drôle qu'une porte blindée dans un sous-marin. L'humour est clairement interdit chez OpenAI, tout comme les nombreux autres sujets qu'ils censurent” a rétorqué le Sud-Africain, beaucoup plus âgé et “boomer” qu’Altman, dans une réponse attribuée … à Grok.
Au-delà de la passe d’armes, nouvelle forme de marketing social, on peut douter que ces réponses attribuées aux modèles ne soient pas entièrement de leur fait. A défaut de pouvoir accéder à Grok, nous pouvons voir comment se comporte réellement GPT Builder. Nous avons tenté l’expérience, en français. Voici le GPT demandé : “ Sois un chatbot qui répond aux questions avec un humour de boomer gênant.” A nous, GPT Builder ne propose pas “Grok” mais “Boomer Humor Bot” pour notre chatbot.
N’est pas Altman qui veut.
Humour douteux
Demandons au Boomer Humor Bot de faire preuve d’humour en nous disant ce qu’il pense des réseaux sociaux comme X. Voici sa réponse :
“Les réseaux sociaux, hein ? Eh bien, c'est un peu comme les réunions de famille. On y retrouve des gens qu'on adore, d'autres qu'on supporte à peine, et quelques-uns dont on se demande comment ils font partie de la famille ! (...) Parfois, ça peut être un peu trop, comme quand tonton raconte la même histoire pour la centième fois. Et bien sûr, il y a toujours quelqu'un pour parler de politique, ce qui peut chauffer les esprits comme lors d'un dîner de famille un peu trop arrosé.
Au bout du compte, c'est un moyen fantastique de rester connecté. On peut voir les photos du nouveau chiot de la cousine, rire des blagues de l'oncle farceur, et se tenir au courant des dernières nouvelles de tout le monde. Donc, comme dans toute réunion de famille, il y a du bon, du moins bon, et beaucoup de discussions animées. Mais on ne peut pas s'empêcher d'y retourner, juste pour voir ce que tout le monde fait !”
Chacun jugera.
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A Hollywood, la grève laissera des traces sur l’IA
Après celle des scénaristes début octobre, la grève des acteurs d’Hollywood vient de prendre fin. Avec un rôle central pour l’IA dans l’accord obtenu entre les différents partis.
Après quatre mois de grève entraînant des pertes estimées à plus de 6 milliards de dollars, les acteurs d'Hollywood ont conclu un accord de principe avec les grands studios en fin de semaine dernière (lire Qant du 10 novembre). D’une durée de trois ans, l’accord est évalué à plus d'un milliard de dollars. Il comprend des augmentations de salaire et un nouveau bonus versé pour le streaming, mais il offre surtout des protections aux acteurs contre l'utilisation non autorisée d'images générées par intelligence artificielle, car les acteurs craignaient d'être remplacés par des "doubles numériques". Les studios de cinéma devront désormais obtenir l'autorisation des acteurs pour utiliser leurs images dans des contenus générés par intelligence artificielle et les rémunérer chaque fois que leurs doubles numériques apparaissent à l'écran. L’accord contient également des protections concernant l'utilisation de l'IA générative pour créer des acteurs synthétiques. Les studios doivent désormais divulguer aux scénaristes si des matériaux ont été générés par l'IA.
Pour en savoir plus :
L’ESSENTIEL : Blackrock, Circle, Dextrous, Robotics, Meta,Microsoft, OpenAI, Picsart
ROBOTS
Le crabe aux baguettes d’or
Un robot de Dextrous Robotics utilise des baguettes géantes comme pince pour porter des objets lourds, hors de portée pour les robots actuels.
L'entreprise américaine Dextrous Robotics vient de présenter un système robotique de manipulation d'objets dans les entrepôts, avec des pinces géantes semblables à des baguettes. Cette technologie permet au robot de déplacer environ 150 boîtes par heure dans un environnement simulé, mais d’après Dextrous il a le potentiel de gérer jusqu'à 900 boîtes par heure.
Le principal défi pour Dextrous n'est pas seulement de déplacer rapidement de lourdes boîtes, mais aussi de les saisir de manière efficace, une tâche compliquée par la diversité des objets. Contrairement aux systèmes d’aspiration utilisés par d'autres entreprises, les "baguettes" de Dextrous offrent une prise plus sûre et polyvalente, capable de manipuler des boîtes jusqu'à 65 kg.
Dextrous travaille maintenant à rendre le système entièrement autonome, y compris le déplacement du robot.
Pour en savoir plus : IEEE
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Collaborer pour fournir de meilleures données aux modèles : Dans la lignée de son partenariat avec le gouvernement islandais (lire Qant du 19 avril), OpenAI vient d'annoncer une initiative nommée "Data Partnerships", visant à collaborer avec des organisations tierces pour créer de nouveaux jeux de données, publics et privés, pour la formation de modèles d'IA. L'objectif est d'améliorer la compréhension des modèles sur divers sujets, industries, cultures et langues. Cette démarche vise à collecter des ensembles de données à grande échelle qui reflètent la société humaine et qui ne sont pas facilement accessibles en ligne. Elle se concentre notamment sur des données exprimant l'intention humaine, comme l'écriture de textes longs ou les conversations, dans différentes langues et formats.
Pour en savoir plus: Tech CrunchPicsart, la retouche photo par IA : Picsart, une startup de retouche photo soutenue par SoftBank, vient de lancer Picsart Ignite, une nouvelle suite d'outils alimentée par l'IA pour les entreprises et les particuliers. Cette suite inclut des fonctionnalités pour générer des vidéos, des images, des GIFs, des logos, des fonds d'écran, des codes QR et des autocollants, ainsi que des outils comme "AI Expand" pour ajouter des détails aux images et "AI Object Remove in Video" pour éliminer les objets indésirables des vidéos.
Pour en savoir plus: Tech CrunchLes employés de Microsoft (brièvement) privés de ChatGPT : Microsoft a temporairement interdit à ses employés d'utiliser ChatGPT en fin de semaine dernière, en raison de préoccupations liées à la sécurité et à la confidentialité des données. L'accès a été rétabli peu après, l'entreprise expliquant que le blocage était une erreur survenue lors d'un test de systèmes pour les grands modèles de langage. Des rumeurs affirmant qu'OpenAI avait banni Microsoft 365 en représailles ont ensuite été rapidement démenties par Sam Altman sur X-Twitter.
Pour en savoir plus: CNBC, Sam Altman
BLOCKCHAINS
L’USDC et l’EURC font peau neuve : Circle vient de lancer la version 2.2 de ses stablecoins USDC et EURC, qui offre sécurité accrue, des coûts de transaction réduits une meilleure prise en charge de l'abstraction de compte (qui permet de payer les frais de transaction, le “gas” en d’autres cryptomonnaies que l’éther). Cette mise à jour comprend six nouvelles modifications des contrats intelligents. Entièrement rétrocompatible, elle sera déployée progressivement à partir du 9 novembre. Le processus prendra plusieurs mois.
Pour en savoir plus: The BlockUn ETF éther, un ETF bitcoin, mais un ETF : BlackRock semble avoir pris les premières mesures pour lancer un ETF basé sur l'éther, en enregistrant dans le Delaware un iShares Ethereum Trust. Cette initiative a provoqué une hausse de 7% du prix de l'éther dans les heures qui ont suivi. Il a dépassé les 2 000 dollars pour la première fois depuis avril. Ben que le régulateur américain n'ait toujours pas approuvé un ETF, qu’il soit basé sur l’éther ou le bitcoin, le marché attend visiblement un signe que les cryptos entrent dans le jeu de la finance traditionnelle.
Pour en savoir plus: CNBC
AR-VR-XR
Les nouvelles tribulations de Meta en Chine : Quatorze ans après la première interdiction de ses réseaux sociaux, Meta se prépare à revenir en Chine. Elle a conclu un accord préliminaire avec Tencent pour construire un nouveau casque de réalité virtuelle à bas coût destiné au marché chinois, avec des lentilles moins chères que celles du Quest 3. Selon les termes rapportés par le Wall Street Journal, Tencent sera le vendeur exclusif des casques de Meta en Chine à partir de fin 2024, mais le casque sera également proposé sur d'autres marchés.
Pour en savoir plus: Reuters, Wall Street Journal
EXPERT: Banc d’essai
La philosophie de QantGPT
GPT Builder, présenté par OpenAI la semaine dernière, propose de créer son ChatGPT personnalisé. Qant s’est prêté au jeu, en créant QantGPT suivant son processus journalistique.
Lors de son premier Developer Day (lire Qant du 7 novembre), OpenAI a introduit des versions personnalisables de ChatGPT, appelées GPTs: des assistants virtuels créés par les utilisateurs en fonction de leurs besoins spécifiques, sans nécessiter de compétences en programmation. Les utilisateurs de ChatGPT Plus et Enterprise peuvent déjà essayer certains GPTs, et un GPT Store sera bientôt lancé pour partager et monétiser ces créations. D’après OpenAI, les GPTs peuvent être utilisés dans le processus interne de l’entreprise, pour une tâche spécifique. Voyons dès lors ce que pourrait faire un GPT propre à Qant, qui a développé ses prompts depuis plus d’un an.
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