"Joyeux anniversaire ChatGPT !", chante Amazon

Pendant que ChatGPT fête aujourd’hui sa première année d’existence, Amazon World Services multiplie les annonces pour rivaliser avec OpenAI et Microsoft. Bienvenue dans Qant, qui étudie avec Cisco le manque de préparation des entreprises pour le déploiement de l’IA, ce jeudi 30 novembre.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

L’ÉVÉNEMENT

Amazon se réinvente dans l’IA

Lors de son événement pour les développeurs Re:Invent, Amazon World Services a multiplié les annonces d’IA générative. Tout en restant flou sur son modèle de fondation Olympus.

"Toujours plus de robots dans l'Amazon" (Qant, M. de R. avec Midjourney)"Toujours plus de robots dans l'Amazon" (Qant, M. de R. avec Midjourney)

En attendant Q* d’OpenAI, voici Q d’Amazon. Hier, Amazon World Services (AWS) a présenté sous ce nom un outil conçu pour intégrer l'intelligence artificielle générative dans le milieu professionnel. Elle soutient que ses fonctionnalités remodèleront les méthodes de travail traditionnelles, sans les détailler très précisément. Tourné vers la business intelligence, les centres d’appels et la logistique, Amazon Q rappelle fortement les annonces de Microsoft, qui a déjà déployé Copilot dans sa ligne Dynamics (lire Qant du 16 novembre). Le soutien en IA serait cependant généré au niveau de cloud et non de l’application, via la plateforme Bedrock, qui permet de faire appel à divers modèles de fondation (lire Qant du 1er octobre). AWS a également intégré un modèle de speech-to-text à Amazon Transcribe (lire Qant du 29 novembre). La précision reste faible (20 % à 50%) mais le nombre de langues de ce logiciel de transcription de réunion ou de conversations dans les centres d’appels passe à 100, contre79 précédemment.

Sauts de puce

AWS a également présenté le Trainium2, un nouveau processeur pour l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle, et le Graviton 4, basé sur l'architecture ARM. Elle renforce sa collaboration avec Nvidia en hébergeant plus de 16 000 superpuces Nvidia GH200 Grace Hopper. AWS offrira également l'accès aux unités de traitement graphique Tensor Core H200 de nouvelle génération de Nvidia.

Le partenariat entre AWS et Nvidia a pour but de développer une infrastructure de supercalcul, ainsi que des logiciels et services dédiés à l'IA générative. L'objectif est de fusionner les technologies avancées de Nvidia, y compris les superpuces Nvidia GH200 Grace Hopper, avec les instances Amazon EC2. Cette combinaison vise à améliorer les capacités de l'IA générative, notamment dans les domaines du calcul haute performance, de la conception et des simulations.

Des médicaments aux images

AWS a également formé un partenariat avec les laboratoires Amgen, qui se concentre sur le développement de solutions basées sur l'IA générative pour accélérer la découverte et la production de médicaments. Amgen constituera une nouvelle plateforme numérique de données et d'analyse, visant à améliorer l'efficacité opérationnelle et la durabilité de ses installations.

Pour sa part, LG AI Research, le centre de recherche en IA du groupe LG, a lancé une solution de légendage d'images basée sur l'IA sur AWS. Cette solution utilise Exaone, un modèle de fondation multimodal de 300 milliards de paramètres. Exaone est conçu pour générer des contenus précis et pertinents pour diverses industries, notamment la publicité, la mode et le commerce de détail. Cette technologie représente une avancée dans la capacité de l'IA à comprendre et à interpréter des images et du texte, offrant ainsi des possibilités nouvelles pour l'automatisation et la création de contenu dans ces secteurs.

Étonnamment, rien n’a été dit sur Olympus, le fantomatique modèle aux 2 000 milliards annoncé ce printemps (lire Qant du 9 novembre).

Pour en savoir plus :

L’ÉVÉNEMENT

ChatGPT fête une première année mouvementée

Un an après sa sortie pour le grand public, ChatGPT dresse un bilan positif tant par le nombre d’utilisateurs que par les multiples innovations, mais fragilisé par le mois de novembre agité d’OpenAI.

“Le robot fête son premier anniversaire” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Le robot fête son premier anniversaire” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Un an, seulement. Depuis son lancement le 30 novembre 2022 (lire Qant du 9 décembre 2022) ChatGPT a connu une croissance fulgurante, atteignant 100 millions d'utilisateurs hebdomadaires. En comparaison, Instagram a mis un peu plus de deux ans pour atteindre 100 millions d'utilisateurs mensuels, Facebook environ quatre ans et demi pour compter 100 millions d’utilisateurs “actifs”, Twitter plus de cinq ans pour la même statistique. Threads a atteint 100 millions d'utilisateurs en moins d'une semaine mais son usage a depuis diminué. Le moteur de recherche Bing de Microsoft, qui a intégré l'IA générative de GPT-4, a dépassé 100 millions d'utilisateurs quotidiens en mars (lire Qant du 10 mars), plus d'une décennie après son lancement en 2009.

Le chatbot n’a pas servi qu’à aider des collégiens à faire leurs devoirs. Plus de 2 millions de développeurs travaillent actuellement sur l'API d’OpenAI, pour le compte de neuf sociétés du Fortune 500 sur dix, selon les déclarations de l’entreprise elle-même à l’occasion de sa conférence pour les développeurs (lire Qant du 7 novembre). Et OpenAI surfe sur le succès de son chatbot. En octobre dernier, Sam Altman revendiquait en interne que son entreprise avait dépassé les 1,3 milliards de chiffre d'affaires. 

Itinéraire d’un surdoué

Reste à savoir comment le chatbot va sortir de la semaine chaotique qu'a connue ce mois-ci l'entreprise qui lui a donné le jour (lire Qant du 20 novembre, du 21 novembre, du 22 novembre et du 23 novembre).Pour les clients d'OpenAI, la situation n'est pas alarmante à court terme. ChatGPT est toujours fonctionnel et a même continué à présenter des nouveautés pendant la crise, le CEO prodigue est revenu à la tête de son entreprise, et la fuite des cerveaux crainte pendant quelques dizaines d'heures n'aura finalement pas lieu.

Lors de sa première conférence pour développeurs, peu de temps avant l'éphémère départ de Sam Altman, OpenAI a préparé la deuxième année de vie de ChatGPT en annonçant de nouvelles fonctionnalités. En un an, ChatGPT s’est connecté à Internet via Bing (lire Qant du 8 février), puis il a appris à analyser et commenter les images (lire Qant du 26 septembre) et désormais à échanger à l'oral (lire Qant du 22 novembre). L’évolution de ses compétences dépend évidemment des capacités multimodales du modèle de fondation. 

Après cette enfance supersonique, l’adolescence de ChatGPT reste assez floue. Les rumeurs autour de Q*, une percée potentielle vers l'intelligence artificielle générale capable de surpasser l'humain, laisse se dessiner les contours d'un ChatGPT surpuissant capable de réfléchir et surtout de s'améliorer par lui-même. Mais le stade encore très préliminaire du développement de Q-Star incite néanmoins à la prudence. Au-delà des plans sur la comète, les très réels GPTs montrent un autre futur, celui d’un ChatGPT dissous en une myriade d’agents personnalisés, qui devraient bientôt être disponibles sur un store promis par OpenAI. 

En attendant un hypothétique futur, OpenAI et Microsoft ont encore affronté les problèmes bien réels du présent. Les deux entreprises viennent d'être de nouveau poursuivies en justice pour avoir utilisé sans autorisation des œuvres d'auteurs pour entraîner leurs modèles. A la tête de la class action, l'auteur et éditeur Julian Sanction accuse OpenAI d'avoir copié des dizaines de milliers de livres pour apprendre à ses modèles à répondre aux prompts humains. A noter qu'il s'agit de la première plainte à nommer Microsoft. Joyeux anniversaire quand même.

Pour en savoir plus :

L’ESSENTIEL : Animoca Brands, ETH Zurich, Google, HSBC, Meta, Pika

ROBOTS

Bim ! Paf ! Histoire d’un robot qui marchait à l’aveuglette

Grâce à l’apprentissage par renforcement, un robot pourra apprendre à se déplacer dans un terrain inconnu en apprenant de ses problèmes de perception.

En mai 2024, une équipe de chercheurs de l'ETH Zurich, en collaboration avec l'Institut Max Planck pour les Systèmes Intelligents et l'Oxford Robotics Institute, présentera à la conférence Icra de l’IEEE une nouvelle manière d’entraîner le système de navigation d’un robot. En se basant sur le reinforcement learning comme la méthode Huge (lire Qant du 28 novembre), le robot Anymal développe des stratégies de navigation de plus en plus sophistiquées au fur et à mesure que son environnement, réel ou simulé, devient complexe.

La méthode présentée par les chercheurs inclut aussi bien la “proprioception”, la perception du robot de la place qu’il occupe dans l’espace, que “l’extéroception”, la perception des obstacles. Quand un capteur devient défaillant – une hypothèse courante sur un champ de bataille, par exemple, ou dans des conditions extrêmes –, le robot apprend à les considérer comme des obstacles et les circonvenir. 

Pour en savoir plus : 

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Pika shoote… : Pika, une startup spécialisée dans l'édition vidéo basée sur l'intelligence artificielle, vient d'annoncer avoir levé 55 millions de dollars dans un tour de série A mené par Lightspeed Ventures (le même lead que Mistral AI, par exemple), en comptant également l’amorçage par des business angels. Fondée par deux anciens doctorants en informatique à Stanford, Demi Guo et Chenlin Meng, Pika se concentre sur la création d'outils d'édition vidéo destinés au grand public plutôt qu'aux professionnels.
    Pour en savoir plus: Forbes

  • Et Google entame une Symphony : La britannique Symphony, une plateforme pour les marchés financiers, vient de créer une joint venture avec Google pour améliorer son offre d'analyse vocale destinée aux banques et aux sociétés d'investissement, en réponse à un durcissement de la réglementation sur la conformité des communications. Cette collaboration utilisera la plateforme d'intelligence artificielle générative de Google Cloud, Vertex AI, pour renforcer le produit Cloud9 de Symphony avec des capacités avancées de reconnaissance vocale et de traitement du langage naturel, facilitant ainsi la transcription précise des communications pour des fins de conformité et la détection de discussions suspectes.
    Pour en savoir plus: Reuters

  • Meta prépare les présidentielles américaines : Meta vient de mettre à jour ses règles sur la publicité politique pour exiger que les annonceurs divulguent l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la création ou la modification d'images et de vidéos dans certains cas de publicités politiques. De plus, la société bloquera les nouvelles publicités politiques et électorales lors de la dernière semaine des élections américaines, conformément à ses pratiques des années précédentes. En début de mois, Meta avait déjà annoncé ne pas rendre disponibles ses outils publicitaires basés sur l'IA aux marketeurs politiques (lire Qant du 8 novembre).
    Pour en savoir plus: CNBC

BLOCKCHAINS

  • Animoca Brands hausse le Ton : Animoca Brands va investir dans le protocole blockchain Ton et devenir son plus grand validateur, avec l'objectif de développer des jeux GameFi sur cette plateforme. La société prévoit de soutenir Ton Play, un projet d'infrastructure de jeu basé sur Ton, et de porter si possible une sélection de ses titres de jeux et applications sur l'application de messagerie Telegram, qui compte 800 millions d'utilisateurs.
    Pour en savoir plus: Coin Telegraph

  • Le yuan numérique séduit les banques : Deux banques hongkongaises, HSBC et Hang Seng, ainsi que la taïwanaise Fubon Bank, permettent désormais à leurs clients de transférer et de retirer des yuans numériques. Elles explorent des applications de l’e-CNY dans des domaines tels que les paiements transfrontaliers et la finance de la chaîne d'approvisionnement.Elles rejoignent ainsi la britannique Standard Chartered, première banque non chinoise à échanger des e-CNY (lire Qant du 29 novembre).
    Pour en savoir plus: Securites Daily, Coin Telegraph

AR-VR-XR

  • Meta se serre la sangle : Meta a suspendu les expéditions de sa sangle Elite avec batterie pour le Quest 3 en raison de nombreux rapports d'utilisateurs signalant un défaut de chargement qui rend la batterie inutilisable. La société fabrique actuellement de nouvelles sangles sans ce défaut, lié au firmware de l'appareil, et remplace les unités affectées au cas par cas.
    Pour en savoir plus: RoadtoVR, Engadget

EXPERT : Marché

IA dans l’entreprise : un problème d’organisation

Une enquête du groupe américain Cisco sur 8000 entreprises révèle un déséquilibre entre ce que les entreprises souhaitent faire avec l’IA et les moyens qu’elles se donnent aujourd’hui pour y parvenir. Il ne s’agit pas d’adopter simplement de nouvelles technologies, mais de mettre en œuvre des changements profonds dans l’organisation et la culture de l’entreprise.

“Robots et humains évoluant en entreprise” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Robots et humains évoluant en entreprise” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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