Frénésie française

Une cinquantaine de start-up françaises d’IA a levé plus de 1,2 milliard d’euros depuis janvier • NewsBreak, l’application d’actualité la plus téléchargée aux États-Unis, propage des fake news générées par IA • L’Arabie Saoudite rejoint le projet mBridge • Tether montre patte blanche en Asie du sud-est • Bienvenue dans Qant, vendredi 7 juin.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

Yann Le Cun présente l’IA de Babel

Sous la direction du prix Turing français Yann Le Cun, Meta vient de présenter NLLB-200, un modèle de traduction destiné à couvrir 200 langues. Il utilise une architecture SGMOE (Sparsely Gated Mixture of Experts) pour améliorer la traduction des langues à faibles ressources. Le modèle NLLB-200 montre une amélioration de 44 % de la qualité de traduction par rapport aux modèles précédents, selon les métriques FLORES-200 et XSTS.

Pour en savoir plus : Nature

L’ÉVÉNEMENT

IA : la furia francese

Alors qu’en France les investissements dans l’IA continuent à tout va, aux États-Unis l’amorçage fléchit depuis deux trimestres. Les inquiétudes sur les applications ne troublent pas, cependant, la marche irrésistible des modèles de fondation et des infrastructures.

Depuis début janvier, 49 start-up françaises de l’IA ont levé 1,2 milliard d’euros, d’après l’institut Pitchbook. Parmi elles, se détachent les modèles de fondation, Mistral AI et H (lire Qant du 11 décembre 2023 et du 22 mai), qui ont réuni environ la moitié de la somme. Quelque 600 millions, cependant, se sont reversés vers des start-up qui créent des applications d’IA. Parmi celles-ci, se distinguent notamment Pigment, une plateforme de planification professionnelle qui a réuni environ 120 millions pour introduire l’IA dans ses services ; Zama (environ 60 M€), un framework open source qui permet à un réseau de neurones d’effectuer des calculs d’inférence sur des données cryptées et la plateforme d’édition de photo Photoroom (40 M€, lire Qant du 29 février). 

Ce n’est là que la pointe émergée de l’iceberg : de nombreux investissements échappent aux radars. Et aux États-Unis, la tendance dans l’amorçage s’est inversée.

Aux États-Unis, les investissements en amorçage dans l’IA se contractent depuis deux trimestres. Source : PitchbookAux États-Unis, les investissements en amorçage dans l’IA se contractent depuis deux trimestres. Source : Pitchbook

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Meta, Microsoft, NewsBreak, Nothing, NOYB, Nvidia, OpenAI, Slingshot Aerospace, Tether

ROBOTS

Le robot qui marchait à quatre roues

Des chercheurs de l’ETH Zurich présentent un robot équipé de roues et de jambes, capable de se déplacer à 20 km/h de manière entièrement autonome.

Une équipe de chercheurs de l'ETH Zurich a développé un robot hybride alliant roues et jambes, capable de circuler de manière autonome sur des terrains très divers grâce à des techniques d'apprentissage par renforcement. Ce robot est conçu pour améliorer la livraison de biens en surmontant les limitations des robots uniquement à roues ou à jambes.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Un break aux fake news • L'application d'information locale NewsBreak, application d'actualités la plus téléchargée aux États-Unis, est actuellement sous le feu des critiques pour avoir publié des articles générés par intelligence artificielle contenant de fausses informations. Un article sur une fusillade fictive dans le New Jersey à Noël a notamment provoqué l'intervention de la police pour rassurer les citoyens. NewsBreak a mis quatre jours à retirer l'article, puis ajouté un avertissement sur son site indiquant que son contenu "peut ne pas toujours être exempt d'erreurs". Depuis 2021, au moins 40 articles erronés ou trompeurs ont été publiés par l'application.
    Pour en savoir plus : Reuters, Ars Technica

  • Les régulateurs américains en bataille rangée contre les Big Tech • Le département de la Justice des États-Unis et la Federal Trade Commission (FTC) viennent de s’accorder pour lancer des enquêtes pour pratiques anticoncurrentielles sur Microsoft, OpenAI et Nvidia pour leur rôle dominant dans l'intelligence artificielle. Le ministère de la Justice enquêtera sur Nvidia, tandis que la FTC se concentrera sur OpenAI et Microsoft. Cet accord intervient alors que la FTC examine également les modalités par lesquelles Microsoft a embauché les équipes de la start-up Inflection AI, tout en lui accordant un contrat de 650 millions de dollars (un peu moins de 600 millions d'euros) pour reprendre sa propriété intellectuelle et indemniser les actionnaires (lire Qant du 9 avril et du 20 mars). Le soupçon est qu’il s’agisse d’un rachat, déguisé afin de contourner la réglementation sur la concurrence.
    Pour en savoir plus : New York Times, Reuters

  • L’entraînement des modèles de Meta inquiète les Autrichiens • NOYB (None of your business), une ONG autrichienne, vient de demander aux régulateurs européens de bloquer le projet de Meta d'utiliser des données personnelles pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle sans consentement préalable. NOYB a déposé 11 plaintes, soulignant que les modifications de la politique de confidentialité de Meta, qui entreront en vigueur le 26 juin, permettront d'utiliser des publications personnelles, des images privées et des données de suivi en ligne. Meta affirme que son approche est conforme au RGPD et similaire à celles d'autres entreprises technologiques en Europe.
    Pour en savoir plus : Reuters

  • Un AI-Phone, sinon rien • Nothing, un fabricant britannique de smartphones, devrait lancer en juillet prochain un téléphone entièrement centré sur l'intelligence artificielle. Le constructeur a présenté des prototypes qui incluent un assistant vocal personnalisé intégré au système d'exploitation et un écran d'accueil dynamique adaptatif. Selon son fondateur, Carl Pei, l'IA transformera l'utilisation des smartphones car elle permettra de passer d'un modèle centré sur les applications à un système qui anticipe les besoins de l'utilisateur.
    Pour en savoir plus : The Verge

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Riyad rejoint mBridge, qui continue de progresser • Le projet mBridge de monnaie numérique transfrontalière a atteint le stade de produit minimum viable (MVP). Cette initiative réunit le Hub Innovation de la Banque des règlements internationaux (BRI) et les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande, des Émirats Arabes Unis, et désormais de l'Arabie saoudite, qui vient de rejoindre le projet. mBridge utilise des monnaies numériques tokenisées pour chaque devise, de manière à rendre les règlements transfrontaliers plus rapides et potentiellement moins coûteux. mBridge fonctionne sur un réseau compatible avec Ethereum, développé par l'Institut de recherche sur la monnaie numérique de Chine. Le projet vise à améliorer l'interopérabilité avec d'autres plateformes et à attirer la participation du secteur privé.
    Pour en savoir plus : Ledger Insights

  • Tether reprend pied dans la finance régulée (un peu) • Tether vient d'annoncer un investissement de 18,75 millions de dollars (17,2 millions d'euros) dans la taïwanaise XRex. Dotée d’un statut de VASP (comparable à celui du Psan français), cette entreprise se spécialise dans les services financiers innovants à destination des PME et des particuliers : achat et vente de crypto-actifs, wallets, services de garde, etc. Sa filiale singapourienne a obtenu le mois dernier le statut de MPI (Major Payment Institution) de la part des autorités monétaires de la presqu’île. De concert avec Tether, elle espère ainsi rayonner dans les paiements transfrontaliers B2B en Asie du sud-est. Tether pour sa part, dont la filiale opérationnelle est basée à Hong Kong, reprend ainsi pied dans la finance réglementée, alors que le leader des stablecoins est fortement sous pression en Europe et aux États-Unis (lire Qant du 6 juin et du 29 mars).
    Pour en savoir plus : XRex, Cointelegraph

SÉCURITÉ

  • L’IA américaine détectera les satellites suspects • Le ministère de la Défense américain, préoccupé par les risques croissants d'armes spatiales, a conclu un contrat avec l'entreprise californienne Slingshot Aerospace pour un système d'intelligence artificielle nommé Agatha. Ce système vise à identifier les satellites ayant des comportements inhabituels, potentiellement indicateurs de menaces, dans les constellations de satellites en orbite basse. Slingshot Aerospace a démontré qu'Agatha peut détecter des anomalies en utilisant des données simulées et réelles.
    Pour en savoir plus : Defense One

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • En France les investissements dans l’IA battent des records. Aux États-Unis, un cercle vertueux s’est installé entre les modèles de fondation et les fournisseurs d’infrastructures. Mais le sort des start-up qui créent des applications semble plus précaire.

  • Un robot tout-terrain, avec des roues, des jambes et une IA, peut se déplacer à 20 km/h de manière entièrement autonome.

IA : la furia francese

Alors qu’en France les investissements dans l’IA continuent à tout va, aux États-Unis l’amorçage fléchit depuis deux trimestres. Les inquiétudes sur les applications ne troublent pas, cependant, la marche irrésistible des modèles de fondation et des infrastructures.

“Les fiertés françaises de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Les fiertés françaises de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Depuis début janvier, 49 start-up françaises de l’IA ont levé 1,2 milliard d’euros, d’après l’institut Pitchbook. Parmi elles, se détachent les modèles de fondation, Mistral AI et H (lire Qant du 11 décembre 2023 et du 22 mai), qui ont réuni environ la moitié de la somme. Quelque 600 millions, cependant, se sont reversés vers des start-up qui créent des applications d’IA. Parmi celle-ci, se distinguent notamment Pigment, une plateforme de planification professionnelle qui a réuni environ 120 millions pour introduire l’IA dans ses services ; Zama (environ 60 M€), un framework open source qui permet à un réseau de neurones d’effectuer des calculs d’inférence sur des données cryptées, et la plateforme d’édition de photo Photoroom (40 M€, lire Qant du 29 février).

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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